12 avril 1096

La croisade populaire de Pierre l'Ermite

Le pape Urbain II ayant appelé les chrétiens à délivrer Jérusalem, les paysans se mobilisent les premiers, par milliers, sans autres armes que leur foi.

La plupart suivent un apôtre d'Amiens charismatique et quelque peu fanatique, Pierre l'Ermite, qui dit avoir reçu du Christ mission de reconquérir les Lieux Saints lors d'un précédent pèlerinage en Terre Sainte, en 1093. Dautres pèlerins suivent un chevalier de Langres, Gautier-sans-Avoir, figure noble et désintéressée. 

André Larané

Pierre L'Ermite prêchant la première croisade (manuscrit du XIIIe siècle, bibliothèque de l'Arsenal, Paris)

Échec de la croisade populaire

Tous ces pèlerins se rassemblent à Cologne et c'est de là qu'ils partent, le 12 avril 1096, sans attendre les chevaliers qui ont entrepris de se rassembler d'abord au Puy, selon les instructions du pape. 

Comme la plupart de leurs contemporains, ils n'ont guère conscience du temps historique. Ils se figurent le Christ comme à peine antérieur à eux et sont enclins à reconnaître ses meurtriers dans les juifs de rencontre. C'est ainsi que certains égarés, sous la conduite de chefs peu recommandables, Volkmar, Gottschalk ou encore Emich, le « massacreur de juifs », se livrent à des massacres de juifs en Rhénanie, malgré la défense des évêques. Ils commettent des pillages jusqu'en Hongrie, où une partie d'entre eux sont massacrés par les seigneurs locaux. C'est le début de l'antijudaïsme en Occident après plusieurs siècles de coexistence relativement pacifique entre juifs et chrétiens.

Quant aux troupes de Pierre l'Ermite, elles arrivent plus ou moins sans encombre à Constantinople le 1er août 1096, bien avant que les guerriers aient eux-mêmes quitté leur lieu de rassemblement.

Pierre l'Ermite, Joseph Léon de Lestang-Parade, vers 1838, Salle des croisades, Château de Versailles. Agrandissement : Pierre l'Ermite, Jan Matejko, 1858.Le basileus Alexis Comnène recommande à Pierre l'Ermite d'attendre la croisade seigneuriale et installe les pèlerins de l'autre côté du Bosphore, sur la rive asiatique, pour prévenir les débordements. Mais, désobéissant à leurs chefs, les croisés se remettent en route. Ils s'aventurent jusqu'à Nicée, provoquent les Turcs et se font massacrer.  Pierre obtient de l'empereur qu'il envoie des troupes à leur secours. Les survivants arrivent à regagner Constantinople et se joindront avec Pierre l'Ermite à l'armée de Godefroy de Bouillon.

À la différence des autres chefs de la croisade, qui ont renié leur allégeance à l'empereur byzantin et se sont privés de son appui, Pierre l'Ermite reste fidèle à celui-ci. Sa popularité auprès des chrétiens d'Orient lui vaut d'être choisi comme ambassadeur auprès du général turc Karbuqa quand celui-ci assiège Antioche en juin 1098.

Les guerriers, quant à eux, prennent le temps de se préparer. Ils attendent le 15 août 1096 pour se mettre en route. Près de trois ans s'écouleront avant qu'ils atteignent leur but, la libération de Jérusalem et du tombeau du Christ.

Les croisades en Terre Sainte

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Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II invite les guerriers d'Occident à délivrer le Saint-Sépulcre et secourir les chrétiens d'Orient.

En deux siècles, les croisades vont mettre en branle plusieurs centaines de milliers de personnes...

Publié ou mis à jour le : 2024-04-09 14:51:23

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