15-20 octobre 1805

Batailles de Michelsberg et Ulm

Le 15 octobre 1805, les armées de Napoléon Ier prennent d'assaut le village bavarois de Michelsberg, à l'ouest de Munich, non loin des sources du Danube. Ce village domine la ville d'Ulm, où les 40 000 soldats autrichiens du général Mack ont été contraints de se retrancher. Aussi sa prise entraîne-t-elle  cinq jours plus tard, le 20 octobre 1805, la prise d'Ulm et la capitulation de l'armée autrichienne.

Toute en manœuvres et en marches rapides, avec un minimum de pertes, la victoire d'Ulm est typique du génie napoléonien. Destiné à informer l'opinion française de cette victoire, le Bulletin de la Grande Armée cite une formule qui circule dans la troupe : « L’Empereur a trouvé une nouvelle méthode de faire la guerre, il ne se sert que de nos jambes et pas de nos baïonnettes ». De fait, le soldat français « vainc avec ses jambes » !

Fabienne Manière

Reddition de la ville d'Ulm le 20 octobre 1805 (peinture de Charles Thévenin, détail, musée de Versailles)

Échec du projet de débarquement en Angleterre

Quelques mois plus tôt, irritée par les empiètements pacifiques de la France en Allemagne avec le recès impérial de 1803, en Suisse avec l'Acte de médiation et en Italie avec la formation d'un royaume d'Italie, l'Angleterre de William Pitt le Jeune a suscité une nouvelle coalition européenne - la troisième depuis 1792 - avec la Russie, l'Autriche, Naples et la Suède. À défaut de disposer elle-même de troupes nombreuses, elle a mis à la disposition de la coalition ses ressources financières, la « cavalerie de Saint-Georges » (surnom humoristique de l'or anglais).

Dans un premier temps, Napoléon décide donc de concentrer d'abord ses efforts sur son plus coriace ennemi, l'Angleterre, âme de la coalition. Dès l'été 1804, il rassemble à Boulogne-sur-mer pas moins de 164 000 hommes  en vue d'un débarquement en Angleterre. 1294 bâtiments sont construits en quelques mois sur cent cinquante chantiers navals étirés de Bruges à Boulogne pour transporter cette armée dite « des Côtes-de-l'Océan ».

Habile meneur d'hommes, l'Empereur remet le 16 août 1804, à Boulogne, devant pas moins de cent mille hommes, deux mille décorations de la Légion d’Honneur nouvellement créée ainsi que les Aigles, enseignes destinées à accompagner les soldats sur le champ de bataille.

Il suffirait que la Manche soit débarrassée de toute présence ennemie pendant une seule journée pour effectuer la traversée. Mais Napoléon n’aura jamais cette faveur car la flotte franco-espagnole de l'amiral Villeneuve, bloquée à Cadix, au sud de l'Espagne, par la flotte anglaise, n'est pas à même de couvrir la traversée.

Une campagne éclair

En août 1805, las d'attendre, l'Empereur renonce à son projet de débarquement en Angleterre et décide de se retourner contre les principaux coalisés continentaux, l'Autriche et la Russie. C'est à ce moment-là que son armée est pour la première fois qualifiée de « Grande Armée ». L'expression fera fortune.

Napoléon répartit ses troupes entre sept corps d'armée, sous le commandement d'Augereau, Bernadotte, Lannes, Ney, Davout, Soult et Marmont (les « sept torrents ») . La réserve de cavalerie est confiée au fougueux Murat et la Garde impériale placée sous le commandement de Bessières.

À marches forcées, les soldats foncent sur la Bavière. 

Les Autrichiens de Mack et de l'archiduc Ferdinand entrent sans attendre à Munich et se proposent d'attaquer les Français sur la Forêt Noire, non loin du Rhin. Supérieures en nombre, leurs armées sont à même de bousculer les Français. Mais Napoléon les contourne par d'habiles manœuvres de diversion.

L'espion de l'Empereur

Comme deux précautions valent mieux qu'une, Napoléon tire parti de son espion, le contrebandier alsacien Charles Schulmeister, pour tromper les Autrichiens sur ses intentions.

Se faisant passer pour le descendant d'une famille aristocratique hongroise émigrée en France mais contrainte de fuir le pays, Schulmeister a rencontré à Vienne le feld-maréchal Mack, commandant des troupes autrichiennes, qui l'a pris en amitié et en a fait son conseiller personnel en matière d'espionnage car le jugeant bien informé sur la situation des armées de Napoléon ! Mack le décrit comme « l'un de [leurs] agents d'espionnage les plus dignes de confiance. Il [lui a] maintes fois rapporté des informations exactes sur les Français ».

De fait, pour renforcer sa crédibilité, Schulmeister fournit au feld-maréchal de vrais-faux documents de l'état-major français et même de faux articles de journaux et lettres qui prétendent que les Français sont las de la guerre et au bord de la révolte. Il l'assure que Napoléon est pour cette raison sur le point de ramener ses troupes en France. Mack tombe dans le piège et décide de poursuivre les troupes françaises qui font mine de battre en retraite.

À Ulm, Schulmeister incite Mack à rester dans la place forte pour attendre l'armée russe. Fatale décision ! Trois armées françaises, que Mack croyaient sur le point de faire retraite, encerclent bientôt la ville. L'empereur des Français coupe aux Autrichiens la route de Vienne, leur capitale. Les ayant entraînés sur le terrain de son choix, il les oblige à l'attaque... et les bat à Michelsberg avant de recevoir la capitulation d'Ulm.

Fin de la troisième coalition

Le lendemain de cette victoire, la flotte française est anéantie par l'amiral Nelson à Trafalgar. Quelques semaines plus tard, après être entré à Vienne en vainqueur, Napoléon Ier vainc les Austro-Russes à Austerlitz...Victoire et défaite se rejoignent.

La troisième coalition est liquidée en quelques mois. Elle se clôt par la paix de Presbourg avec l'Autriche.

Publié ou mis à jour le : 2021-10-12 15:36:01
Benito (22-10-2020 11:28:32)

Lart de la guerre selon SUN TZU. La pratique de la désinformation stratégique dans les camps ennemis est l'apanage des vainqueurs.

Pierre (15-10-2014 14:50:40)

Petite rectification : La ville d'Ulm se trouve en limite de la Bavière et du Bade-Wurtemberg, à égale distance entre Munich et Stuttgart et à égale distance entre Munich et les sources du Danube... Lire la suite

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