Jeanne d'Arc (1412 - 1431)

Une héroïne universelle

1429 ! La France est endeuillée par la guerre que l'on appellera plus tard « guerre de Cent Ans » et sa monarchie est au bord du précipice.

Alors se produit l'incroyable : dans une trajectoire aussi brève que fulgurante, une jeune fille illettrée de 17 ans rend confiance au roi, à ses sujets et à ses chefs de guerre. Elle infléchit le cours de l'Histoire.

Aujourd'hui encore, la ferveur qui entoure Jeanne d'Arc, bien au-delà des frontières de la France, s'explique par cette capacité de la foi à déplacer des montagnes...

Jeanne d'Arc à cheval (miniature issue de La vie des femmes célèbres, d'Antoine Dufour, environ 1505, musée Dobrée, Nantes)

Jules Michelet conteur sans égal

Jeanne Darc (Jules Michelet)Héroïne universelle, tant religieuse que patriotique, républicaine, populaire, voire anticléricale, Jeanne d'Arc doit une grande part de sa popularité au récit de l'historien Jules Michelet. « Quelle légende plus belle que cette incontestable histoire ? » écrit-il dans l'épilogue.
Ce beau récit d'une centaine de pages, publié en 1841, a participé à la redécouverte du Moyen Âge. Nous l'offrons aux Amis d'Herodote.net dans une version numérique enrichie de nombreux hors-textes, illustrations en couleur, liens et cartes. Dans une postface au texte de l'historien romantique, nous présentons également la postérité de Jeanne d'Arc depuis six siècles. Un régal pour les yeux et l'esprit, pour tous les âges et tous les publics, y compris les plus exigeants :

Un peuple en attente d'un miracle

Le roi d'Angleterre Henri V a débarqué sur le Continent avec son armée en profitant de la folie du roi Charles VI et des querelles entre les membres de son Conseil. Il a obtenu par le traité de Troyes de 1420 que l'héritier du roi de France soit déshérité au profit de sa propre descendance.

Après la mort des deux souverains, tout l'ouest et le nord de la France, y compris Paris, se rallient à Henri VI, l'enfant-roi installé par les Anglais sur le trône de France. La plus riche partie de l'ancien royaume passe sous l'autorité d'un régent anglais, le duc de Bedford.

Le dauphin Charles, fils du malheureux Charles VI, doute de sa propre légitimité. Il est aussi tenaillé par le remords d'avoir fait assassiner dix ans plus tôt son cousin le duc de Bourgogne Jean sans Peur. De nature dépressive, il est sur le point de renoncer à ses droits sur le royaume...

Les troupes anglaises et leurs alliés bourguignons d'un côté, les mercenaires écossais et gascons de l'autre mettent le pays en coupe réglée. Dans son désespoir, le peuple des campagnes appelle de ses voeux un miracle. C'est alors que sort de l'anonymat une jeune fille qui se dit destinée à chasser les Anglais du royaume.

La France de Charles VII et Jeanne d'Arc

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La France de Charles VII et Jeanne d'Arc (1429)À la mort de Charles VI le Fou, en 1422, la France est une mosaïque de territoires. Les uns sont soumis aux Anglais, les autres aux Bourguignons, les derniers enfin au Dauphin, futur Charles VII. Quant aux provinces périphériques, aujourd'hui françaises, elles sont encore terres d'Empire (Lorraine, Provence...).
On peut noter à l'est de la Lorraine l'enclave de Vaucouleurs et Domrémy, dont le seigneur fait allégeance au Dauphin. De cette terre lointaine va surgir Jeanne d'Arc...

Un miracle faute de mieux

Jeanne d'Arc à l'étendard (enluminure du XIXe siècle, à la manière du XVe siècle, collection Spetz, Archives nationales)Quand Jeanne Darc se présente à Chinon devant le dauphin Charles, que l'on appelle par dérision le « petit roi de Bourges », personne ne semble prêt à parier sur cette paysanne, née dix sept ans plus tôt à Domrémy, sur les bords de la Meuse (dans le département actuel des Vosges), dans le ménage d'un laboureur aisé.

Personne sauf sans doute la belle-mère du dauphin, Yolande d'Aragon, femme d'un remarquable sens politique. 

Elle a compris le bénéfice politique qu'il y avait à tirer de cette jeune fille intelligente, pleine d'esprit et convaincue qu'elle était mandée par Dieu pour restaurer les droits dynastiques du dauphin.

Les rudes capitaines qui entourent ce dernier se prennent eux aussi d'intérêt pour la nouvelle venue.

La Hire, Poton de Xaintrailles ou encore Dunois le Bâtard d'Orléans (fils illégitime de Louis d'Orléans) ne manquent pas de valeur guerrière.

Mais ils se disent que Jeanne pourrait apporter à eux-mêmes et à leurs troupes ce qui leur manque le plus après une série d'humiliantes défaites : la confiance en soi.

La jeune paysanne est pénétrée par la conviction qu'elle est destinée par Dieu à sauver le royaume et chasser les Anglais. Elle rend dans un premier temps confiance au dauphin et le convainc de la laisser rejoindre l'armée qui s'apprête à délivrer Orléans, assiégée par les Anglais.

Armée de son étendard, elle entraîne les troupes à l'assaut des bastilles qui cernent la ville. Après ce succès percutant, elle apprend qu'une armée anglaise vient de Paris pour porter secours à la garnison de Beaugency, dans la plaine de la Beauce.  Avec le concours du duc Jean d'Alençon et de l'ancien connétable Arthur de Richemont, elle s'octroie une nouvelle victoire en rase campagne le 18 juin 1429 près du village de Patay. Tandis que l'armée du Dauphin n'a à déplorer qu'une poignée de morts, les Anglais en comptent 2 à 3000 ainsi que 400 prisonniers, parmi lesquels les généraux Talbot et Scales. Le troisième général, sir John Fastolf, qui a pris la fuite, est radié de l'ordre de la Jarretière.

Là-dessus, avec un rare sens politique, Jeanne s'oppose aux conseillers de Charles qui voudraient poursuivre leur avantage et convainc le souverain de se faire sacrer sans attendre à Reims pour consolider sa légitimité. Mission accomplie : le « petit roi de Bourges » devient par la vertu de l'huile sainte Charles VII, héritier légitime de la dynastie capétienne.

Jeanne pressent alors que son rôle est terminé. Georges de La Trémouille (ou La Trémoille), conseiller du roi, homme corrompu et fourbe, multiplie les obstacles sur sa route et commence à la trahir. Jeanne ne se résigne pas à abandonner la partie.

Mais après l'échec piteux d'une tentative de reconquête de Paris, le 8 septembre 1429, le roi commence à se détourner d'elle. 

En témoignage de reconnaissance, il l'anoblit ainsi que sa famille le 24 décembre 1429 (son nom, Darc, devient dès lors d'Arc). Il confie la prévôté de Vaucouleurs à son frère Pierre, qui a combattu à ses côtés, et dispense cette châtellenie de l'impôt.

S'étant acquitté de sa dette, Charles VII cesse d'écouter Jeanne et décide de reprendre sa liberté d'action. Il est vrai que la Pucelle n'entend plus de voix et, si cela était, sans doute  ces voix recommanderaient-elles une réconciliation entre le souverain et son turbulent vassal le duc de Bourgogne Philippe le Bon. C'est à cette réconciliation que s'attelle non sans difficulté Charles VII. Elle prendra forme avec le traité d'Arras en 1435.

En attendant, rassemblant une troupe de bric et de broc, Jeanne se lance dans des initiatives solitaires et désordonnées. En tentant de secourir les habitants de Compiègne, qui refusent de retomber aux mains des Bourguignons, elle est capturée par ceux-ci le 23 mai 1430. 

Les Anglais exercent une très forte pression sur son ravisseur Jean de Luxembourg pour lui racheter sa captive. Ils tiennent absolument à ce qu'elle soit condamnée comme sorcière par un tribunal d'Église afin que soit décrédibilisé le sacre de Reims... 

Le procès, chef d'oeuvre d'iniquité et d'injustice, aboutit à ce que l'héroïne est brûlée vive à Rouen, le 30 mai 1431, mais sans que cela n'altère sa popularité auprès du peuple ni n'arrête la marche victorieuse de Charles VII.

De la réhabilitation à la sainteté

Un quart de siècle après sa mort, en 1456, Jeanne d'Arc est réhabilitée au terme d'un procès en nullité ordonné par le pape Calixte III. Elle ne va jamais cesser d'être populaire au sein du peuple et au-delà des frontières.

Au XIXe siècle, le livre de Jules Michelet et, plus encore, la publication des compte-rendus de son procès mettent en lumière son exceptionnelle grandeur d'âme. Elle est béatifiée par l'Église le 18 avril 1909 et dix ans plus tard, le 16 mai 1920, est canonisée. La sainte est fêtée depuis lors le 30 mai, anniversaire de son supplice.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-05-01 15:05:47
Jean-Louis (16-01-2024 11:03:28)

bonjour à toutes et tous, je n'arrive pas à croire qu'une adolescente puisse rencontrer un roi de France ni qu'elle aille se battre, une épée est extrêmement lourde, sans compter le poids de tou... Lire la suite

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