2 avril 1810

Marie-Louise et Napoléon unis devant Dieu

Le lundi 2 avril 1810, l'empereur Napoléon Ier (40 ans) épouse l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise (18 ans). Elle n'est autre que la fille de l'empereur d'Autriche François 1er et la petite-nièce de la reine Marie-Antoinette, guillotinée par les révolutionnaires français.

L'union scandalise les nostalgiques de la Révolution, y compris beaucoup de fidèles de l'empereur. Elle n'a rien, il est vrai, d'un mariage d'amour. Mais Napoléon y voit une ardente nécessité. En premier lieu pour obtenir l'héritier que Joséphine, la première impératrice, a été inapte à lui donner. En second lieu, pour unir sa dynastie naissante aux familles régnantes d'Europe. Marie-Louise ne descend-elle pas de Louis XIV comme de Charles Quint ?

L'empereur fait valoir que les arrangements dynastiques importent peu pourvu que les Français et les peuples assujettis bénéficient du Code Civil, principal héritage de la Révolution.

Fabienne Manière

Quitter Joséphine, vraiment ?

En 1806, Napoléon avait noué une liaison avec Éléonore Denuelle de la Plaigne, lectrice de sa soeur Caroline... et maîtresse du mari de celle-ci, Joachim Murat. Elle avait donné naissance à un garçon, Léon, le 13 décembre 1806, dont tout donnait à penser qu'il avait été engendré par l'Empereur des Français.

Mais celui-ci ne songe pas encore à sa succession. Il se rassure en songeant à ses nombreux neveux. D'autres, comme Talleyrand et Fouché, songent à lui substituer le populaire Murat en cas de catastrophe...

L'urgence se fait jour après les premiers déboires en Espagne et une tentative d'assassinat par le jeune patriote allemand Frédéric Staps (17 ans), lors d'une parade à Schönnbrunn, en Autriche, le 12 octobre 1809. Napoléon prend conscience des dangers qui l'entourent, pas seulement sur les champs de bataille.

Dans le même temps, Marie Walewska, la maîtresse polonaise de Napoléon, tombe à son tour enceinte de ses oeuvres. L'enfant, Alexandre, futur comte Walewski, naîtra le 4 mai 1810 !

Définitivement rassuré sur sa fertilité, Napoléon Ier se résout le 15 décembre 1809 à divorcer de sa première épouse, Joséphine de Beauharnais. « Le poignard de Staps avait manqué Napoléon. Il tuait Joséphine » (Jean Tulard).

Mariée une première fois au comte de Beauharnais, cette jeune et belle créole née à la Martinique avait épousé Bonaparte du temps qu'il était simple général de la Révolution.

Plus âgée que son époux de six ans et déjà mère de deux enfants, Hortense et Eugène, elle a servi son mari avec finesse et efficacité mais n'a pas eu la chance de lui donner un héritier. Au nom d'un reste de tendresse et en remerciement des services rendus, Napoléon Ier ne se montre pas ingrat. Il lui accorde une généreuse pension et une agréable retraite au château de Malmaison, à l'ouest de Paris. Il lui laisse aussi le titre d'impératrice.

Un ventre, et vite !

Sitôt le divorce prononcé, l'empereur prospecte les cours européennes. Il approche le jeune tsar Alexandre 1er mais son improbable allié hésite à lui accorder sa plus jeune soeur, Anne - d'autant que celle-ci est encore impubère ! C'est alors que le prince de Metternich, ministre des Affaires étrangères d'Autriche, suggère à Napoléon l'archiduchesse Marie-Louise !

L'empereur accepte sans trop hésiter l'offre de l'Autriche qu'il a contrainte à la paix après la difficile victoire de Wagram. « J'épouse un ventre ! », dit-il pour s'excuser.

La petite archiduchesse quitte Vienne le 13 mai, après un mariage conclu par procuration.

« Épousez une Allemande... »

En amoureux transi, l'empereur ne se contient pas et va à la rencontre du carrosse à Compiègne, le 27 mars. Le soir même, sans attendre le mariage officiel, il initie sa jeune épouse à ses devoirs conjugaux (son empressement rappelle celui du roi Henri IV à l'égard de Marie de Médicis).

Le lendemain, béat, Napoléon glisse à son aide de camp Savary : « Mon cher, épousez une Allemande, ce sont les meilleures femmes du monde, douces, bonnes, naïves et fraîches comme des roses ! » Malgré un vieillissement précoce, il ne se départira plus de sa tendresse pour sa « bonne Louise » !

Le mariage civil se déroule le 1er avril à Saint-Cloud. Le lendemain, enfin, le cardinal Fesch, oncle de l'empereur, célèbre le mariage religieux dans le salon carré du Louvre... en l'absence de nombreux cardinaux, mécontents du mauvais traitement qu'endure entre-temps le pape.

Le cortège passe sous l'arc de triomphe de l'Étoile, qui n'est en fait qu'une maquette en toile du futur monument. Marie-Louise porte le somptueux manteau qui recouvrait les épaules de Joséphine lors du sacre.

Napoléon triomphe. Moins d'un an plus tard, le 20 mars 1811, naît l'héritier tant attendu. Marie-Louise, mère comblée, se montre aussi épouse aimante et satisfaite. Sa répulsion initiale pour l'« ogre » se transforme en tendresse et affection sincères. 

Mais cette félicité ne dure pas...

Déchéance

Pendant la campagne de France, elle assure tant bien que mal la direction du Conseil de régence. Mais à la demande de l'Empereur, elle doit s'enfuir de la capitale à l'approche des Alliés à la fin février 1814.  

Après l'effondrement de l'empire, Marie-Louise est intronisée grande-duchesse de Parme. Soumise à son père et à la raison d'État, c'est néanmoins à Vienne qu'elle doit s'établir avec son fils. L'« Aiglon » connaîtra une fin de vie douloureuse et une mort romantique qu'a su mettre en scène Edmond Rostand.

Dès l'été 1814, l'ex-impératrice a pu quant à elle se consoler de ses malheurs avec le comte Adam von Neipperg, un général autrichien qui a perdu un oeil en captivité et a été désigné comme le grand maître de son palais.

Elle aura trois enfants avec lui et l'épousera en septembre 1821, quatre mois après être devenue veuve de Napoléon.

Une tragédie cachée

Le 1er juillet 1810, l'ambassadeur d'Autriche à Paris, le prince de Schwarzenberg, organise un bal en l'honneur des nouveaux mariés, Napoléon et Marie-Louise. La fête a lieu dans une salle provisoire aménagée dans les jardins de l'ambassade, rue de Provence. 1500 personnes sont invitées. Mais une bougie met le feu aux tentures !... [lire la suite]

Publié ou mis à jour le : 2019-09-17 22:51:45
JACQUELINE (04-04-2013 15:24:04)

Sauf à Marseille: ce ne sont pas des volontaires mais le bataillon des MARIN-POMPIERS

jp (02-04-2013 14:49:24)

Ayant visité son palais de Parme et lu ses lettres adressées à Napoléon alors à Ste Hélène qui y sont exposées, j'ai été surpris par la tendresse et l'amour que ces lettres expriment. On y a... Lire la suite

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