Mirabeau (1749 - 1791)
« Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que l'on ne nous en arrachera que par la force des baïonnettes »
Ainsi aurait répondu Gabriel-Honoré Riquetti, comte de Mirabeau et député du tiers état, au marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies du roi Louis XVI, le 23 juin 1789, selon une légende colportée par le manuel d'histoire de Malet (édition 1912). Trois jours plus tôt, les députés du tiers état et quelques députés du clergé s'étaient constitués en Assemblée nationale en vue de donner une Constitution au pays, au grand mécontentement du roi.
À sa requête, le grand maître des cérémonies se rend à l'Assemblée. Il demande au président Bailly que les députés des états généraux continuent de siéger séparément, selon les trois ordres traditionnels : noblesse, clergé et tiers état. Le président répond qu'il ne peut «séparer l'Assemblée qu'elle n'eût délibéré librement sur ce sujet». Dreux-Brézé se retire et rend compte de cette réponse au roi. Après la mort de Mirabeau (2 avril 1791), la société des Jacobins va magnifier l'incident en commandant au sculpteur Houdon un buste du tribun sur lequel est gravée la célèbre harangue : «Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté nationale et que nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes». L'historien Malet la retouchera en des termes encore plus héroïques.