Le 14 août 1941, tandis que l'Angleterre résiste seule à l'Allemagne nazie et que celle-ci vient d'envahir l'URSS, le président des États-Unis Franklin Delano Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston Churchill se rencontrent à bord du navire de guerre Prince of Wales « quelque part en mer », au large de Terre-Neuve.
Ils proposent une série de principes moraux devant guider les puissances démocratiques et garantir le rétablissement durable de la paix :
• refus de tout agrandissement territorial,
• droit des peuples à choisir leur forme de gouvernement,
• libre accès de chacun aux matières premières,
• liberté des mers,
• renonciation à la force !
Le président américain veut de la sorte préparer son opinion publique, encore très réticente, à une entrée en guerre contre l'Allemagne, aux côtés de l'Angleterre et de l'URSS.
Principes virtuels
Le document signé par les deux dirigeants est connu sous le nom de Charte de l'Atlantique. Il est à l'origine de la charte des Nations Unies.
Mais il semble que les généreux principes de la Charte aient été contournés dès l'année suivante, lors de la signature du traité d'assistance anglo-soviétique de Londres, le 26 mai 1942. Par ce traité d'alliance entre le Secrétaire aux Affaires étrangères Anthony Eden et son homologue soviétique Viatcheslav Molotov, le premier concède au second le droit à un glacis de sécurité et à des frontières stratégiques.
De fait, la Charte de l'Atlantique est évoquée à la conférence de Yalta, en février 1945, mais seulement pour la forme, les participants de ladite conférence - Staline le premier - n'ayant eu aucune intention de renoncer aux agrandissements territoriaux ni de laisser aux peuples le droit de choisir leur forme de gouvernement.
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vasionensis (06-03-2019 20:00:29)
Ces principes conviennent bien à une thalassocratie : - refus de tout agrandissement territorial : un empire maritime a la mer pour glacis stratégique (sa frontière passe par les ports de l'étran... Lire la suite