En dépit d'un surnom avenant, Louis VI est un roi méconnu des Français. Tout juste est-il évoqué dans le film Les Visiteurs (1993) ! L'arrière-arrière-petit-fils de Hugues Capet vaut pourtant le détour.
Au début de son règne, il ne peut guère s'aventurer sans escorte au-delà de trois lieues de Paris, selon un témoin de son temps. Conscient de sa faiblesse, il va méthodiquement détruire les repaires des seigneurs brigands du bassin parisien, tels Hugues de Puiset et Thomas de Marle, sire de Coucy. Ainsi agrandit-il le domaine royal en donnant de sa personne.
Le roi mobilise aussi ses grands vassaux contre les souverains étrangers, qu'il s'agisse du roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc, fils cadet de Guillaume le Conquérant, ou d'Henri V, empereur d'Allemagne et gendre du précédent. Louis VI ne craint pas, une fois, de provoquer en duel le roi d'Angleterre mais celui-ci, prudent, se défile.
Las, enclin comme son père à l'obésité, Louis VI devient semi-impotent à l'approche de la cinquantaine et doit renoncer aux plaisirs de la guerre et de la table...
Franchises communales et renouveau urbain
Louis VI se fait assister au gouvernement par le moine Suger, fils de paysan, qui a été quelque temps son camarade d'école à l'abbaye de Saint-Denis et va devenir abbé de celle-ci. Suger est le premier des grands ministres de la France. Il a pris une grande part au développement de l'art gothique. Reconnaissant, il va écrire une Vie de Louis VI le Gros qui demeure l'une des principales sources d'information sur l'époque.
Pour améliorer ses rentrées fiscales et affaiblir les seigneurs féodaux, Louis VI le Gros encourage le mouvement communal. Vers 1134, il octroie contre rémunération une charte aux habitants de Lorris-en-Gâtinais. Par cette charte, les habitants sont exemptés de taille ainsi que de corvée... Ils sont dispensés de guet et ne devront porter les armes au service de leur suzerain qu'à la condition de pouvoir revenir le soir même chez eux ! La résidence d'un an et un jour dans la paroisse confère la pleine liberté à tout serf ! Notons enfin que les habitants ne sont justiciables que du prévôt de Lorris. La charte de Lorris servira de modèle aux « franchises communales » ultérieures, à l'origine du renouveau urbain.
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Pendant les deux premiers siècles, les Capétiens n'ont d'autorité que sur un petit territoire s'étendant de Paris à Orléans.
Le reste du royaume demeure à la merci de seigneurs rebelles et turbulents. Les rois, de concert avec le clergé, n'ont de cesse de réduire la violence endémique...
Vos réactions à cet article
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NILOU (24-03-2016 14:54:53)
Merci pour ces intéressantes précisions.
J'espère trouver le livre en question
NILOU (24-03-2016 14:54:04)
Merci pour ces intéressantes précisions.
J'espère trouver le livre en question
Michel-André LEVY (29-04-2015 13:20:30)
Vous écrivez : "Bien que premier descendant de Hugues Capet à se prénommer Louis, le nouveau roi se fait appeler Louis VI, pour signifier que sa dynastie s'inscrit dans la continuité des Carolingiens".
En réalité à cette époque les rois ne portaient pas de numéro. Louis VI était simplement le roi Louis. Pour distinguer entre eux les rois homonymes ont avait parfois recours à des surnoms : Louis VI était donc Louis le Gros, et son fils Louis VII sera Louis le Jeune.
Les numéros sont apparus bien plus tard, et en premier lieu sous la plume des chroniqueurs qui voulaient mettre un peu d'ordre parmi les nombreux rois homonymes du passé. Ce sont eux, et non pas Louis le Gros lui-même, qui ont choisi de numéroter Louis VI à la suite des cinq Louis carolingiens (avec toutefois une variante : certains ne comptaient pas Louis III, et pour eux Louis le Gros était donc Louis V).
Ce point d'histoire (ou d'historiographie) est assez méconnu (d'où l'erreur bien excusable dans cet article). A ceux qui voudraient en savoir plus je me permets de signaler le livre que j'ai écrit sur ce sujet "Louis I, II, III ... XIV ... L'étonnante histoire de la numérotation des rois de France" aux Editions Jourdan.