L'Histoire et les textes anciens, dont la Bible, abondent en récits d'exterminations et massacres de masse. Aucune société n'en est exempte et les hommes témoignent encore aujourd'hui d'une grande inventivité en ce domaine. Gardons-nous pour autant de mettre dans le même sac génocides, massacres de masse, exterminations de populations entières, atrocités des guerres coloniales, crimes de guerre, crime contre l'humanité... Appliquons-nous donc à bien définir ces concepts... [suite de l'article]
1915-1994
Le siècle des génocides
André Larané
André Larané a fondé Herodote.net en 2004 après une première carrière dans le journalisme scientifique. Il a publié chez Flammarion plusieurs manuels d'Histoire, régulièrement réédités : Chronologie universelle, Les grandes dates de l'Histoire de France...
Passionné d'Histoire depuis la petite enfance, notre directeur de la rédaction a suivi une maîtrise d'Histoire à l'université de Toulouse en parallèle avec des études d'ingénieur à l'École centrale de Lyon (1973-1976).
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Il est arrivé une fois que la croix gammée sauve des vies. Dans quelles circonstances ?
Il est arrivé une fois que la croix gammée sauve des vies. Dans quelles circonstances ?
À l'occasion du massacre de Nankin, quand le propriétaire d'une usine allemande a dissuadé la soldatesque nippone de franchir sa porte en arborant le drapeau nazi.
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pmlg (30-05-2021 19:50:08)
@M.Z. (28-04-2015 10:56:44)
Dès lors qu'on commence à établir des degrés dans l'horreur on a oublié que chaque personne n'est pas un numéro dans une masse. Ce qui fait le génocide ce n'est pas le nombre, même s'il est indéniable que le nombre de morts ajoute à l'horreur. Il est indéniable que le génocide des juifs a une spécificité que personne ne met en doute mais à quoi servirait-il de "comparer" un génocide à un autre ? Cela a-t-il un sens de comparer un génocide qui s'est étalé sur plusieurs années et qui répondait à une idéologie à celui qui en trois mois a consisté à massacrer entre 800 000 et un millions de rwandais. Je pose la question ? Ensuite tous les massacres de masse ne sont pas des génocides et pour autant cela ne les rend pas moins inhumains. Voir le paragraphe Dérives juridiques à la fin de l'article. De ce point de vue combien de "justifications juridiques" dans tant de domaines finissent par anéantir notre conscience.
Servane Gautier (23-07-2018 11:34:09)
De mon côté, je constate que personne ne fait référence à la politique du jeune gouvernement Américain de tout mettre en oeuvre pour que disparaissent les premiers occupants du nouveau continent dès le XVIIème siècle... Cela ressort-il d'événements trop anciens pour qu'ils méritent qu'on s'y attarde encore aujourd'hui ? Ou ceux-ci s'étalent-ils sur une période trop longue pour que les chiffres révèlent toute l'ampleur du drame ? Mais ces hommes, ces femmes, ces enfants, eux aussi ont été parqués comme des bêtes sans nourriture, sans eau, avec en prime des maladies lâchement disséminées dans ces couvertures "généreusement" offertes par les Blancs. Eux ont été massacrés parce qu'ils gênaient les prétentions d'expansion, les rêves de grandeur et de conquête. Parce qu'ils étaient jugés "sauvages" face à des Blancs dits "civilisés". Parce que leur conception de la terre et de tout ce qui fait la vie était bien loin des préoccupations matérialistes de l'envahisseur. Il y en a eu aussi des lois et des décrets pour décider de ce à quoi ils pouvaient encore prétendre, des endroits où ils pouvaient encore eventiellement s'installer, de la place qu'on leur accordait dans le reste de la société. Il est vrai qu'il n'y avait pas encore les moyens de communication d'aujourd'hui, que les images de ces tribus massacrées ne passaient pas au journal télévisé du soir. Oh pardon, on parlait du XXème siècle ! Je me suis égarée. Ah mais non, on sait qu'ils sont encore et toujours victimes de leurs origines, qu'ils ne peuvent prétendre à des hautes fonctions dans la société américaine, que le taux de suicide est tristement le plus élevé que dans n'importe quel autre endroit du monde, que les conditions de vie dans les réserves sont très proches de celles des bidons villes. Tout ça parce qu'ils sont Amérindiens...
patrik111 (17-07-2018 23:25:12)
Bonjour, sauf erreur de ma part, je ne vois pas mentionnés les massacres pratiqués pendant la Seconde Guerre mondiale par les Oustachis et l'État indépendant de Croatie. Ne peut-on pourtant pas les considérer comme des génocides puisque ciblant des populations spécifiques en raison de leur appartenance (Serbes; orthodoxes; Juifs; Tziganes)?
M.Z. (28-04-2015 10:56:44)
Retour sur le commentaire de Jean-Louis ! Ce qu'il écrit est d'une nauséabonde banalité. Je résume : la Shoah n'est pas exceptionnelle puisque les communistes ont fait au moins autant. Et Staline et Hitler, c'est la même chose ! Et, si je comprends bien son propos, Staline et Mao sont encore pires !
Je ne suis pas juif, pas religieux, la notion de "peuple élu" ne représente rien à mes yeux, pourtant la Shoah revêt un caractère très particulier pour moi (et je crois ne pas être unique) qui la différencie de tous les crimes odieux, les monstruosités, dont Jean-Louis fait état.
En premier lieu parce que la volonté d'extermination des juifs n'est pas politique comme ont pu l'être les massacres soviétiques où le dictateur paranoïaque élimine ceux qui menacent ou pourraient menacer son pouvoir, avec cascade hiérarchiquement descendante jusqu'au plus petit échelon de responsabilité. Dans cette "catégorie" on peut ranger la Terreur française qui a raccourci tant de corps.
Elle n'est pas non plus économique, même si la spoliation des biens juifs n'a pas desservi les finances nazies.
Elle n'est pas territoriale (ou colonisatrice) comme l'appropriation des régions chinoises par les Japonais où l'extermination des populations visait à installer un "Japon bis" avec des accès extérieurs.
Elle n'est pas "accidentelle" ou bien résultat d'un odieux calcul profit/perte comme une famine.
Elle n'est pas ...
Elle est une volonté particulière d'anéantissement, pensée, philosophisée, froide, précise, comptabilisée, calculée, industrielle, étendue à un groupe particulier, à 6 millions de juifs. 6 millions !
Oui, il y a eu d'autres massacres de masse (URSS, Chine) ! Oui il y a eu d'autres génocides (Arménie, Cambodge, Rwanda) ou tentatives annihilation de peuples ou de races !
Oui, des dictateurs se sont appuyés sur leur armée, leur police, leurs milices ou sur un groupe ethnique pour assoir leur pouvoir, favorisant ou laissant place aux meurtres de masse !
Mais rien, rien de tout cela ne peut, de près ou de loin, se comparer à la Shoah.
Jean Louis (21-04-2015 20:12:08)
Démarche classique et convenue, dès que l’on aborde la tuerie des Arméniens parles Ottomans, vient la question «Qu’est ce qu’un génocide ?» pour conduire à affirmer, comme ici, que « … La Shoah n'en conserve pas moins un aspect exceptionnel par son caractère systématique…. ». Formulation mystérieuse dont on ne voit pas le sens. Précis dans son analyse, le professeur Besançon a fixé ce qui rend l’assassinat industriel des juifs, unique (ce qu’il appelle unicité de la shoah), assassinat du peuple élu de Dieu. Et dans l’histoire de l’humanité, de ce cruel XXème siècle en particulier, c’est la seule définition qui ait un sens. Que lit on chez l’historien chercheur soviétologue Nicolas Werth ? « … L’ivrogne et la marchande de fleurs, Entre juillet 1937 et novembre 1938, ces 16 mois concentrent près des trois quart des condamnations à mort prononcées entre la fin de la guerre civile (1921) et la mort de Staline, 1953. Le plus grand massacre d’État jamais mis en œuvre en Europe en temps de paix. Soit 750.000 personnes victimes de parodies de jugements, soit 50.000 exécutions par mois, 1.600 par jour, pendant 16 mois. Et 800.000 soviétiques condamnés à des peines de travaux forcés au goulag non inférieures à 10 ans … » Un des derniers ouvrages de Werth nous entraine sur «La route de Kolyma, édition Belin, oct. 2012», avec en couverture la photo de la Serpentinka le plus important lieu d’exécution de masse de la Kolyma.
Préférons le terme d’assassinat industriel. Dans les guerres sino – japonaise sur le territoire chinois, les Japonais avaient inventé la Politique des Trois Tout «tue tout, brule tout, pille tout».
Si l’on fait de l’Histoire, évitons des contorsions autour de ce mot de génocide. C’est indécent et faux. Où range – t – on les 50 à 60 millions de morts du Grand Bond en Avant entre 1958 et 1961 ?
Denis GAIUMOND (19-04-2015 03:29:47)
Bonjour. Merci pour ce beau travail. Je m'interroge à savoir s'il n'y a pas lieu, comme tenu des critères et définitions, de commencer à parler d'un génocide envers les Palestiniens ? Et aussi envers les Syriens ? À combien de morts, de pertes de territoire, de dignité et autres, il faudra commencer à bien nommer les choses. Merci bien.
J. C. (18-04-2015 19:57:30)
Le sociologue Elimar Nascimento (Université de Brasília, 2000) rappelle que: [Dans l'histoire] un groupe social qui devient économiquement non-nécessaire, politiquement incommode et socialment menaçant est candidat à l'élimination physique. ...
Taisne (18-04-2015 16:25:35)
Si ma mémoire est bonne, G. Babeuf avait inventé le mot "populicide" pour les massacres des Vendéens