820

Les Vikings entrent en Seine

Année 820. Depuis très longtemps déjà, les Francs sentent qu'une menace sourde se prépare au nord de l'Europe et que le péril peut à tout instant surgir de la mer...

L'Empire sur le qui-vive

Six ans seulement après la mort de Charlemagne, Les Francs sont encore assez organisés et puissants pour résister. Il existe un système d'alerte mis en place sur toutes les côtes de l'Empire. Il nous est évoqué de manière imprécise dans certains textes anciens.

Une attaque de Normands vue par un peintre du XIXe siècle, Evariste-Vital Luminais (musée Anne de Beaujeu, Moulins)La Chronique de Moissac notamment, parle de « postes de garde disposés sur le rivage de la mer ». Nithard, un contemporain, raconte quant à lui que dans le but « de savoir facilement en quel lieu on devait porter secours, selon la méthode qu'on emploie sur les côtes de la mer, on mit dans des positions convenables des signaux ou des gardes ». Les signaux évoqués peuvent notamment être des feux à allumer en cas de danger.

Dans l'Histoire des rois de Norvège, le scalde islandais Snorri Sturluson décrit un pareil système mis en œuvre sur les côtes norvégiennes au Xe siècle : « Il était prescrit d'édifier sur les plus hautes montagnes des fanaux pouvant être vus d'un sommet à l'autre ».

Au cours de l'année 820 donc, treize navires appareillent de Scandinavie et prennent la direction de la Gaule, emportant quelques centaines d'hommes à leur bord. Ils longent les côtes du Jutland, de la Frise, de la Hollande et cinglent finalement vers la Flandre. Les guerriers débarquent pour se ruer à l'improviste sur un insignifiant village de pêcheurs. Ils brûlent une poignée de fermes, chapardent quelques têtes de bétail et écument les poulaillers. L'alarme a cependant été très vite donnée et les gardes affectés à la défense de la zone interviennent promptement pour les rejeter à la mer.

Dépités, les Vikings remontent sur leurs bateaux et s'en vont tenter leur chance plus au sud. C'est dans ces conditions qu'ils accostent pour la première fois dans la future Normandie. Les Annales royales précisent : « Ayant ensuite tenté de faire de même à l'embouchure de la Seine, ils essuyèrent une vigoureuse défense de la part des gardes du rivage, perdirent cinq des leurs et se retirèrent sans avoir réussi ». Le lieu exact de l'attaque ne nous est pas précisé.

Au nord de la baie de Seine, il existe peut-être déjà au IXe siècle un village à l'emplacement de l'actuelle commune de Sainte-Adresse, et un autre à Leure, aujourd'hui simple quartier du Havre. Un petit port, qui deviendra plus tard Harfleur, a sans doute repris le flambeau de l'antique Caracotinum. On ne sait en revanche à peu près rien des établissements de la rive sud.

On retient essentiellement de cette affaire, l'efficacité du réseau de surveillance et la vigilance des défenseurs. Cinq Vikings sont envoyés au Walhalla, festoyer au grand banquet d'Odin. Les rescapés se rembarquent, contournent le Cotentin et la Bretagne et « plus heureux enfin sur les côtes d'Aquitaine, ils dévastent entièrement un certain bourg nommé Bouin (Vendée) ».

Le raid raté de 820 sur la baie de Seine n'est que le signe avant-coureur du désastre.

Stéphane William Gondoin
Publié ou mis à jour le : 2023-06-12 16:18:36

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