Religions

Comment on accède à la sainteté

Mère Teresa (26 août 1910, Üsküb, Macédoine ottomane ; 5 septembre 1997, Calcutta)La route est longue pour être canonisé par l’Église catholique et entrer ainsi dans la longue cohorte des saints.

À tout le moins, la vie du candidat doit être exemplaire, digne d’être citée en exemple pour tous les chrétiens.

Il peut s’agir d’une religieuse comme Mère Teresa, mais aussi d’un laïc, comme ce fut le cas pour le roi de France Louis IX dit Saint Louis, ou le roi des Belges Baudouin Ier, pour lequel une demande est en cours, ou encore Robert Schuman, « Père de l’Europe », dont la procédure est engagée.

À noter que la profession n’a pas d’importance, tout comme l’âge ou le statut social. En revanche, le fidèle doit être forcément catholique. L’homme de foi, distingué du commun, est alors appelé dans un premier temps « serviteur de Dieu », pour souligner que son cas a été remarqué par l’Église.

Marc Fourny
Le « chemin de croix » de la canonisation

Une enquête est menée dans le diocèse où vivait la personne, puis le dossier est transmis à la Congrégation des Causes des Saints, qui instruit à Rome le dossier en vue de le remettre au pape. S’ouvre alors un procès avec un avocat qui défend la cause (le postulateur) et un autre qui la conteste (celui que l’on appelle familièrement « l’avocat du diable »).

L’homme de foi est dans un premier temps déclaré « vénérable » si des preuves de ses vertus sont reconnues. Puis, si un événement important ou une guérison est notifiée, il est béatifié et devient « bienheureux ». Pour enfin être canonisé et accéder à la sainteté, il faut que deux miracles au minimum lui soient attribués. La décision finale revient au pape.

Si l’on canonisait beaucoup dans les premiers siècles de l’Église, le nombre des élus a fortement diminué en raison d’une procédure qui s’est peu à peu renforcée… Cela n’a pas empêché le pape Jean-Paul II de canoniser à tour de bras, sur tous les continents qu’il visitait, pour renforcer l’universalité de l’Église et soutenir son œuvre d’évangélisation.

Le martyre ne confère plus automatiquement la sainteté. Ce n’est qu’une vertu « héroïque » parmi d’autres. Quelles sont ces vertus ? Celles qui règlent une vie parfaite, signe distinctif premier d’un croyant : la foi, la charité, la justice, le désintéressement, la vérité, l’espérance, etc. La preuve d’une « vie vertueuse héroïque » peut être qualifiée de premier miracle, d’ordre moral, et donc permettre d’accéder au statut de bienheureux.

Habituellement, la procédure est longue et fastidieuse, pour être sûr de ne pas donner en exemple une personne qui a failli. Jean-Paul II a fait une exception pour Mère Teresa en permettant que son dossier soit instruit avant les cinq ans requis après la mort du fidèle, ainsi que Benoît XVI pour son prédécesseur.

Enfin, l’Église reconnaît la sanctification immédiate par acclamation, à savoir demandée spontanément par les croyants assemblés : certains fidèles l’ont ainsi proposée dès les obsèques de Jean-Paul II, place Saint-Pierre, en brandissant des banderoles explicites : « Santo subito » (« Saint tout de suite »).

Des saints dans toutes les religions

Les catholiques honorent et vénèrent les saints, de même que les orthodoxes et les anglicans. Les choses se compliquent avec les protestants, qui refusent le culte des saints, associé selon eux à l’idolâtrie. Mais ils célèbrent la mémoire de leurs martyrs, persécutés à cause de leur foi, sans qu’ils apparaissent pour autant dans la liturgie.

Chez les bouddhistes, une forme de « sainteté » est reconnue, plus pour qualifier une grande spiritualité qu’un faiseur de miracles, comme chez les catholiques – même si on attribue à Bouddha lui-même une succession de miracles et d’apparitions divines. Le Dalaï Lama a le titre de « Sainteté » et plusieurs grands instructeurs de la pensée portent également ce titre tels Ananda, le plus fidèle disciple de Bouddha, Shariputra, un grand sage, ou encore Katyayana, maître de la discussion et de l’exégèse.

Chinois, Japonais et Tibétains ont aussi leurs propres saints, ou « nobles », pour être au plus près de la terminologie. À noter que le bouddhisme est une marche permanente vers cet état de pureté enseigné par les maîtres, en franchissant différentes étapes jusqu’au fameux « nirvana ». L’état de « sainteté » signifie qu’on est parvenu à cette dernière existence au cours de laquelle se produit « l’Éveil », l’absorption de l’être dans l’énergie cosmique.

La religion musulmane n’est pas en reste, même si certains sunnites réprouvent le culte des saints. C’est le courant du soufisme, et sa cohorte de mystiques, qui a donné une myriade de saints, les walî, à l’islam. On en trouve un grand nombre qui protègent quartiers et corporations, toujours reconnus comme tels par les fidèles, et non par un processus de désignation officiel.

Pour être un saint, il faut accomplir des miracles, en principe neuf prodiges : guérisons, changement de forme, multiplication de nourriture etc. C’est la fameuse « baraka », la force divine bienfaisante, qui participe en tout premier lieu à l’aura du saint musulman. Le martyre et le sacrifice de la vie ne sont pas une voie de sanctification immédiate. Icônes et petites photos sont parfois conservées par les dévots. Et dans certains pays comme l’Égypte ou le Liban il existe tout un commerce avec autocollants et porte-clefs autour de ces figures exemplaires.

Publié ou mis à jour le : 2021-02-28 09:15:36

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