Malte

La sentinelle de la Méditerranée

Le drapeau de MalteSituée au sud de la Sicile, au centre géographique de la Méditerranée, Malte est aujourd'hui une République membre du Commonwealth britannique et de l'Union européenne.

L'île de Malte compose avec l'île de Gozo voisine un archipel de 300 km2, riche de 380.000 habitants. C'est aujourd'hui, avec une densité supérieure à 1000 hab/km2, l'un des pays les plus denses du monde. Ses habitants, catholiques fervents, parlent une langue apparentée à l'arabe, avec une écriture latine et de nombreux emprunts à l'italien et plus encore à l'anglais.

Fabienne Manière

La naissance de l'architecture

Autel décoré de motifs végétaux sur le site de Hagar Qim (Malte), photo : Camille LaranéL'Histoire de Malte débute très tôt, au Néolithique, vers 4000 av. J.-C., avec l'émergence d'une civilisation sans doute portée par des immigrants venus de Sicile.

Les nouveaux-venus enterrent leurs morts dans des tombes collectives et produisent des poteries similaires à celles que l'on connaît en Sicile. Mais ils édifient également de grandes constructions mégalithiques avec de grands blocs de calcaire.

On peut y voir, près de mille ans avant les pyramides d'Égypte, la naissance de l'architecture monumentale.

Ces constructions, sans doute à vocation religieuse, atteignent six mètres de haut et plus de vingt mètres de long. Elles comportent des chambres reliées par des couloirs.

Mais vers 2500 av. J.-C., sans que l'on sache pourquoi, ces temples sont laissés à l'abandon. Il semble qu'une nouvelle population se soit alors installée sur l'île, amenant avec elle la métallurgie du bronze... et peut-être la guerre.

Première organisation de secours

Malte voit défiler en deux millénaires Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Normands et Aragonais. Saint Paul de Tarse y fait escale au cours de ses nombreux voyages à travers l'empire romain.

En 1530, l'île, tombée dans l'escarcelle de l'empereur Charles Quint, se voit cédée par celui-ci à l'Ordre de Saint-Jean deJérusalem. Il s'agit d'un ordre monastique très particulier, composé de moines-chevaliers et fondé en 1113 en Terre Sainte, pour soigner et protéger les croisés.

Chassé de Palestine par les Turcs, il s'est d'abord réfugié sur l'île de Rhodes avant d'en être chassé là aussi par les Turcs ottomans en 1523. Avec le soutien de l'empereur, les moines-chevaliers, au nombre de quelques centaines, édifient sur Malte une première forteresse pour prévenir l'offensive des Turcs ottomans et de leur sultan Soliman le Magnifique.

L'attaque survient le 18 mai 1565. Après six mois d'une résistance farouche, sous la conduite du Grand-Maître La Valette, les chevaliers finissent par repousser les Turcs. L'escadre ennemie met les voiles le 7 septembre 1565. C'est la fin du « Grand Siège »... et le début de la gloire pour l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Le Grand-Maître La Valette lance la construction d'une ville idéale et bien fortifiée à laquelle il donne son nom, Valletta. C'est aujourd'hui la capitale de l'île.

Plan de la ville nouvelle de La Valette, par Matteo Perez d' Aleccio (fin XVIe siècle, National Maritime Museum, Londres)

Fête nationale

Les Maltais attribuent leur sauvegarde lors du Grand Siège de 1565 à l'intervention de la Vierge Marie. Ils ont fait en conséquence de sa Nativité, le 8 septembre, leur fête nationale.

N'ayant garde d'oublier leur vocation d'origine, les chevaliers de Saint-Jean mettent sur pied à Malte une « infirmerie de Saint-Georges », c'est-à-dire un hôpital, qui constitue pendant deux siècles un modèle d'hygiène et d'éthique médicale et chirurgicale. On y accueille blessés et malades sans discrimination de sexe, d'âge ou de confession, et bien sûr gratis pro Deo. On y accueille aussi des proscrits comme le peintre Le Caravage.

Les chevaliers quittent l'île

Dalle funéraire d'un chevalier dans la cathédrale de La ValetteÀ la fin du XVIIIe siècle, les « Lumières » altèrent la cohésion de l'Ordre et lorsque l'escadre de Bonaparte en route pour l'Égypte se présente devant La Valette le 9 juin 1798, le Grand-Maître Ferdinand von Hompesch zu Bolheim est bien incapable de ranimer l'esprit du Grand Siège. Le général français lui offre de se retirer sans humiliation inutile.

Bonaparte s'installe aussitôt dans le fauteuil du Grand-Maître et édicte sans perdre un instant une volée de décrets qui secouent rudement la poussière des institutions séculaires...

Une garnison française de 4.000 hommes se charge de défendre l'île contre les convoitises britanniques.

Mais les mesures antireligieuses prises par les Français choquent la population profondément catholique de l'île et l'amènent à se soulever contre l'occupant.

Une organisation humanitaire avant la lettre

Chassés de Malte par l'armée de Bonaparte, les chevaliers se réfugient à Rome, en se plaçant sous la protection du tsar de Russie.

Officiellement dénommé depuis 1961 Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, également connu sous les appellations Ordre de Rhodes ou Ordre de Malte, l'ordre religieux s'est adapté à l'époque contemporaine. Il est toujours reconnu comme souverain par une douzaine de pays auprès desquels il délègue ses ambassadeurs, et continue d'adouber les chevaliers - ceux-ci doivent présenter 32 quartiers de noblesse ! -.

Il demeure très actif dans le domaine humanitaire, dans le monde entier, faisant figure de précurseur des ONG modernes (Organisations Non Gouvernementales).

Les Maltais se donnent aux Anglais

En 1800, la Royal Navy fait une entrée triomphale dans le Grand Port et, en 1814, par le premier traité de Paris, Londres obtient la cession de l'île de Malte (et de sa petite voisine, l'île de Gozo).

En 1941 et 1942, La Valette, placée entre la Sicile et la Libye où s'affrontent Italiens, Allemands et Britanniques, est soumise à des bombardements meurtriers, sans que l'Axe italo-allemand eût jamais les moyens de débarquer. L'héroïsme déployé par les habitants à cette occasion vaut à l'île de recevoir du roi George VI la Croix de Saint-Georges. Celle-ci figure depuis lors sur le drapeau de l'État.

L'île se constitue en république en 1974. Après quelques turbulences politiques, notamment sous le gouvernement de l'imprévisible Dom Mintoff, elle entre dans l'Union européenne le 1er mai 2004.

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
Christian (25-02-2023 13:39:45)

Après la prise de Malte par Bonaparte en 1798, le grand maître Ferdinand de Hompesch se réfugia à Trieste, abdiqua officiellement en 1799 et mourut à Montpellier en 1805.

Le traité d’Amiens, signé en 1802, prévoyait la restitution de Malte aux Chevaliers, mais le traité de Paris reconnut en 1814 la souveraineté de l’Angleterre sur l’archipel, qu'elle occupait depuis 1800.

Au congrès de Vérone, en 1822, l’Ordre de Malte renonça à toute prétention sur l’archipel. Après avoir résidé à Messine, à Catane et à Ferrare, il s’installa à Rome en 1834.

Aux termes d'un accord conclu en 1998 et ratifié en 2001, le gouvernement maltais a accepté de concéder aux Chevaliers le fort Saint-Ange, situé à Birgu, en face de La Valette, pour une durée de 99 ans.

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