1618 à 1648

La guerre de Trente Ans et la ruine de l'Allemagne

La guerre de Trente Ans est le premier grand conflit des Temps modernes. 

Elle a ruiné pour longtemps l'Europe centrale et abaissé l'Allemagne, avec deux millions de morts parmi les combattants et davantage encore parmi les civils, soit en tout au moins cinq millions de victimes pour une population totale de quinze à vingt millions d'habitants dans le Saint Empire romain germanique.

Cette guerre semée d'atrocités et de massacres en tous genres a été inaugurée en 1618 par une obscure querelle entre les protestants de Bohême et Matthias, empereur d'Allemagne et roi de Bohême, par ailleurs catholique.

Fabienne Manière

Les horreurs de la guerre (peinture de Vrancx)

Fin de la Bohême (1618-1620)

C'est ainsi que la Diète de Prague refuse au nouvel empereur d'Allemagne le titre de roi de Bohême. Elle propose la couronne à l'Electeur palatin Frédéric, un prince allemand de confession calviniste.

La Ligue des princes catholiques, conduite par Maximilien 1er de Bavière, ne tolère pas l'immixtion d'un calviniste proche des Hollandais.

Ses mercenaires, conduits par le comte Jean de Tilly, écrasent les protestants à la Montagne Blanche, le 8 novembre 1620. La Bohême perd dès lors son autonomie et devient une propriété personnelle des Habsbourg de Vienne.

Internationalisation du conflit (1620-1635)

Le roi d'Espagne Philippe IV de Habsbourg prend prétexte des événements pour reprendre la guerre contre ses anciennes possessions des Provinces-Unies (les Pays-Bas actuels).

- l'intervention danoise :

Les protestants allemands, inquiets, se tournent en 1625 vers le roi luthérien Christian IV de Danemark qui conclut aussitôt une alliance avec l'Angleterre anglicane et les Provinces-Unies calvinistes contre l'Espagne.

La guerre reprend de plus belle tandis que l'empereur catholique recrute un nouveau chef de guerre, le tchèque Albert de Wallenstein. Le roi de Danemark est vaincu. Il signe la paix de Lübeck le 6 juin 1629 avec l'empereur Ferdinand II et se retire de la guerre.

- l'intervention suédoise :

Le Suédois Gustave-Adolphe s’en inquiète. Il estime que le moment est venu pour lui de passer à l’offensive afin de prévenir les visées de l’empereur catholique sur la Baltique. Débarquant en Poméranie, il écrase l'armée de la Ligue catholique, commandée par de Tilly, à Breitenfeld, près de Leipzig, le 17 septembre 1631.

La France de Louis XIII et Richelieu entre discrètement en jeu et lui verse des subsides pour lui permettre d’entretenir ses troupes. Gustave-Adolphe conquiert la Bavière et la Rhénanie et installe son quartier général à Francfort. Il reçoit le surnom de « Lion du Nord ».

À Lützen, le 6 novembre 1632, à la tête de 175 000 hommes, dont seulement 30 000 Suédois (et Finlandais), il écrase l'autre chef des catholiques, Albert de Wallenstein mais est blessé à mort à la fin de la bataille.

Son épopée s’arrête là mais les Suédois n’en poursuivent pas moins la guerre avec de grands chefs de guerre efficaces et brutaux cependant que sa fille de six ans, Christine, lui succède sur le trône de Suède.

Incendie de Magdebourg par les soldats de Tilly, le 20 mai 1631

Wallenstein, qui commence à faire de l'ombre à l'empereur, est assassiné le 25 février 1634. Après la défaite des Suédois, l'empereur est à nouveau sur le point de mettre un terme au conflit. Il signe avec les protestants la paix de Prague, le 30 mai 1635, qui ramène l'Allemagne à la paix d'Augsbourg, 80 ans plus tôt.

La France relance la guerre (1635-1648)

C'est alors que Richelieu et le roi de France Louis XIII décident d'entrer ouvertement dans la guerre, aux côtés des protestants, pour prévenir l'encerclement de leur royaume par les possessions des Habsbourg.

La déclaration de guerre de la France à l'Espagne relance le conflit pour treize ans. Autant de souffrances en plus pour les Allemands. L'épilogue est la publication des traités de Westphalie, sous l'égide de la France et de la Suède, le 24 octobre 1648, qui laisse l'Allemagne exangue et émiettée en plus de 350 principautés indépendantes.

L'Europe après les traités de Westphalie (1648)

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Cette carte montre les divisions politiques de l'Europe en 1648, à l'issue des traités de Westphalie qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans. On peut observer la division de l'Allemagne et de l'Italie en de nombreuses principautés et la survie à l'est du continent d'États vastes mais fragiles.

Publié ou mis à jour le : 2024-03-27 19:04:55
JARRIGE (14-06-2022 09:46:16)

Il me semble que la France catholique s'est mise du côté des protestants dans cette guerre (qu'elle n'a pas déclenchée). Pourquoi ce choix ? Toujours la crainte de l'encerclement par les Habsbourg... Lire la suite

kourdane (11-02-2018 17:32:49)

cette analyse est partagée, de nombreux villages du Nord de la Moselle ont perdu jusqu'à 50 % de leur population. les troupes de Louis XIV ont envahi le Luxembourg qui fut ensuite dénommé - dépa... Lire la suite

Germain (09-02-2016 08:22:31)

Ce sont les Français et leurs amis Suédois qui ont massacré les habitants de ma région ainsi que l'Alsace et une partie de l'Allemagne.

Ce fut un génocide dont personne ne parle. Oui, j'ai bien dit GENOCIDE, dans mon village il ne restait que « 5 feux », c'est-à-dire 5 familles qui se sont cachées dans les forêts.
Dans les autres villages c'était pareil ou pire, souvent il ne restait personne.

Les Français et les Suédois ont massacré les hommes, les femmes, les enfants, les bêtes.... Tout ce qui vivait, et cela dans d'atroces tortures et souffrances. Louis XIII et Richelieu voulaient l'Alsace à tout prix pour avoir accès au Rhin. Sur leurs bannières était écrit : « Brûlez tout, tuez-les tous » !
Louis XIV a continué leur œuvre avec ses guerres incessantes pour agrandir le territoire français.

A cette époque, la Lorraine et l'Alsace n'étaient pas françaises. L'Alsace le devint après la guerre de 30 ans (ou guerre des suédois, comme on dit chez nous en Lorraine).
Le Duc de Lorraine a combattu avec son armée les hordes françaises et suédoises.
Bien plus tard, sous le règne de Louis le 15ème, la Lorraine fut rattachée à la France.

Malgré tout, le dialecte de Charlemagne (quoique bien modifié depuis) se parle encore dans certaines contrées de Lorraine, dialecte qui se rapproche de l'alsacien (qu'on dit à tort dialecte allemand – à tort puisqu'il a existé bien avant la langue allemande).

On ne trouve ces renseignements historiques régionaux que dans des livres qui traitent de l'histoire régionale, mais surtout pas nationale ou générale.

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