Anne d'Autriche (1601 - 1666)

L'un des « plus grands rois » de France

L'infante Anne d'Autriche, fille du roi d'Espagne Philippe III de Habsbourg, épouse le 25 décembre 1615 le jeune roi de France Louis XIII, fils d'Henri IV et de Marie de Médicis.

Les deux époux ont quinze ans à peine mais leur union, bien que célébrée sous d'excellents auspices, va se révéler désastreuse et longtemps stérile. La reine a pourtant bonne figure si l'on en croit Mme de Motteville : elle « était grande et avait la mine haute sans être fière ; elle avait dans l'air du visage de grands charmes, et sa beauté imprimait dans le coeur de tous ceux qui la voyaient une tendresse toujours accompagnée de vénération et de respect ».

Devenue mère, la reine révèle son tempérament

Le tempérament taciturne de Louis XIII, son manque de sensualité et l'hostilité du Principal ministre Richelieu à l'égard de la reine ne font rien pour arranger les affaires du couple.

Qui plus est, Anne d'Autriche, imprudente, anime des cabales contre le ministre, correspond avec sa famille espagnole, et se compromet même dans une brève idylle (non consommée) avec le duc de Buckingham à la faveur d'un voyage vers l'Angleterre en 1625 (Alexandre Dumas mettra cet amour au coeur de l'intrigue des Trois Mousquetaires).

C'est seulement après plusieurs fausses couches que la reine donne le jour au futur Louis XIV le 5 septembre 1638, au bout de 23 ans de mariage ! En signe de reconnaissance au ciel, Elle érige la très belle église baroque du Val-de-Grâce, sur le flanc sud de la montagne Sainte-Geneviève, à Paris.

Deux ans plus tard, Anne d'Autriche donne le jour à un deuxième garçon, le futur duc Philippe d'Orléans. Mais le roi meurt sur ces entrefaites, le 14 mai 1643. Anne d'Autriche, devenue régente, va dès lors manifester une énergie et un sens de l'État qui feront dire plus tard à son fils Louis XIV : « Elle mérite d'être mise au rang de nos plus grands rois ».

Elle mène la guerre contre l'Espagne, son pays natal, et simultanément, doit lutter contre la Fronde des parlementaire puis des Princes. Elle bénéficie dans ces tâches du concours efficace du cardinal Jules Mazarin, Principal ministre, parrain du jeune roi, auquel on prête une liaison amoureuse avec la reine, dont la beauté, décidément, ne laisse personne indifférent !

À près de 60 ans, ayant surmonté ces obstacles, Anne d'Autriche aura la satisfaction de voir son fils assumer le gouvernement du royaume avec un professionnalisme sans égal. Elle n'aura à lui reprocher que ses écarts de conduite, elle-même se réfugiant dans la religion. Contre Molière et son Tartuffe, elle anime à la cour le « parti des dévots ».

Anne d'Autriche meurt au Louvre, à 65 ans, d'un cancer du sein apparu deux ans plus tôt. Ses souffrances sont accrues par l'acharnement des médecins. À son chevet, son fils aîné, le roi Louis XIV, en larmes, perd connaissance. Son deuxième fils, Philippe d'Orléans, tout aussi ému, reste auprès d'elle jusqu'à ses derniers instants.

Pour une histoire de ferrets

Anne d'Autriche est l'un des personnages principaux des Trois Mousquetaires d' Alexandre Dumas. Dans ce passage, le cardinal Richelieu tente de faire comprendre au roi que son épouse a un amant, le duc de Buckingham, à qui elle aurait laissé deux de ses ferrets, des bijoux montés en parure...

Maurice Leloir, Illustration des Trois Mousquetaires, 1894.Le cardinal s’approcha du roi et lui remit une boîte. Le roi l’ouvrit et y trouva deux ferrets de diamants.
— Que veut dire cela ? demanda-t-il au cardinal.
— Rien, répondit celui-ci ; seulement, si la reine a les ferrets, ce dont je doute, comptez-les, Sire, et si vous n’en trouvez que dix, demandez à Sa Majesté qui peut lui avoir dérobé les deux ferrets que voici.
Le roi regarda le cardinal comme pour l’interroger ; mais il n’eut le temps de lui adresser aucune question : un cri d’admiration sortit de toutes les bouches. Si le roi semblait le premier gentilhomme de son royaume, la reine était à coup sûr la plus belle femme de France. Il est vrai que sa toilette de chasseresse lui allait à merveille ; elle avait un chapeau de feutre avec des plumes bleues, un surtout de velours gris perle et une jupe de satin bleu toute brodée d’argent. À ce surtout étincelaient les ferrets de diamants. Le roi tressaillit de joie et le cardinal de colère ; cependant, distants comme ils l’étaient de la reine, ils ne pouvaient compter les ferrets ; la reine les avait ; seulement en avait-elle dix ou en avait-elle douze ? (Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires, 1844).

Alban Dignat

La reine Anne d'Autriche et ses deux enfants, Louis et Philippe (détail)

Publié ou mis à jour le : 2022-04-23 11:25:45
Michael (20-01-2024 09:34:00)

HALTE !
"Mazarin, Principal ministre, parrain du jeune roi, auquel ON PRÊTE une liaison amoureuse avec la reine,"

Il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Sur le site de Persée, C. Badalo-Dulong, dans son article de 1995 "Du nouveau sur le Palais Mazarin : l'achat de l'hôtel Tubeuf par le cardinal", par l'examen des dates de départ des prêts contractés par Mazarin pour l'achat des terrains limitrophes au Palais-Cardinal, conclu, à son immense surprise, que la décision d'Anne d'Autriche de s'y installer doit remonter à avant la mort, et de Richelieu, et de Louis XIII. Les rapports entre elle et Mazarin semblaient donc déja établis avant 1642.

Thierry Sarmant, en 2021 dans "Anne d'Autriche et Jules Mazarin, "une liaison intime de l'esprit" ? " remarque que leurs appartements de Vincennes, quoique officiellement séparés par l'escalier central, sont en fait réunis discrètement par le chemin de ronde.

Le chiffre de la correspondance entre Anne d'Autriche et Mazarin a été cassé. La technologie moderne a pu distinguer les mots soigneusement biffés. Leur délire amoureux a t-il été charnel ? Demandons à Charles et Camilla quelle était la nature de leurs relations avant la disparition de Lady Di ?

Philippe IV, frère d'Anne d'Autriche, se définissait comme le plus grand chasseur et l'amant le plus ardent de son royaume, il a bien dû en rester quelque chose.
David Bailly dans son blog Free écrit : "La Baronne d'Aulnoy a rapporté les propos d'« une des plus grandes et vertueuses dames de cette cour » : «Je vous l'avoue, si un cavalier avait été en tête-à-tête avec moi une demi-heure, sans me demander tout ce qu'on peut demander, j'en aurais un ressentiment si vif que je le poignarderais si je le pouvais. » Et lorsque Madame d'Aulnoy lui demande si elle serait prête à lui accorder toutes les faveurs qu'il pourrait demander, elle répond : « Ce n'est pas une conséquence. J'ai même tout lieu de croire que je ne lui accorderais rien du tout ; mais au moins je n'aurais aucun reproche à lui faire, au lieu que, s'il me laissait si fort en paix, je le prendrais pour un témoignage de son mépris. » « Et, conclut Madame d'Aulnoy, il n'y en a guère qui n'aient de pareils sentiments là-dessus. »"

Rappelons tout de même, que Marie-Thérèse, pourtant éduquée dans les mêmes conditions qu'Anne d'Autriche, a accouché d'un enfant noir (le regard "bien pénétrant" de son négrillon Nabo, pour reprendre le mot de Louis XIV...), et que la mystérieuse Soeur Louise-Marie-Thérèse de Moret pourrait bien être cette enfant (sinon pourquoi l'appeler Marie-Thérèse).

L'Histoire et la vie quotidienne ne manquent pas de femmes vulnérables, qui se donnent à un homme pour protéger leurs gamins. Si, à une époque où l'on décapitait les rois, Anne d'Autriche a fricoté avec Mazarin par amour en plus que par politique, elle n'en reste pas moins un grand roi, dixit celui qui savait qu'il revenait de loin.

Marie (19-01-2016 17:20:05)

J'ai beaucoup d'admiration pour Anne d'Autriche car sans être française, elle a beaucoup aimé la France ;son comportement a toujours été le meilleur possible face à tous les évènements qu'elle a traversés ; elle a préparé , avec Mazarin, le règne de Louis XIV :une bonne mère et une grande dame;chapeau bas;

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