Henri III (1551 - 1589)

Le dernier des Valois

Fils préféré de Catherine de Médicis, le duc d'Anjou succède à son frère sous le nom d'Henri III. Sans aucun doute le plus intelligent des quatre fils du roi de France Henri II, il sera desservi par les événements, la malchance... et la postérité qui lui fera au XIXe siècle une fausse réputation d'adulte immature et d'homosexuel notoire !

La mauvaise réputation

« Pour une bonne part, roi de Sybaris, Henri de Valois n’en était pas moins roi de France. Au cours de chaque voyage diurne et semi-nocturne qu’il faisait à la Cour, il vivait dans le luxe et le plaisir, sinon dans la volupté. Avant de fermer les yeux, après la minuit, la pensée lui a-t-elle jamais effleuré l’esprit qu’il eût goûté davantage encore le luxe et la volupté de chacune de ses journées et de ses nuits si le calme, comme l’exprime le célèbre vers de Baudelaire, avait été leur inséparable compagnon ? Mais s’il était à peu près maître de la Cour grâce à l’étiquette, aux plaisirs les plus variés et aux fêtes les plus brillantes, le roi ne l’était guère du reste de son royaume. En face des Bourbons et des Guises—qui, tels des chasseurs guettant leur proie, attendaient avec impatience le moment de s’emparer de la couronne, il fallait au dernier Valois des défenseurs corps et âmes. Ce furent les ducs d’Épernon et de Joyeuse » (HENRI III, Pierre Chevallier, Fayard, 1985, pp. 530-531).

Intrigues, guerres et complots

Henri III, Paris, musée Carnavalet. Agrandissement : Henri III par François Quesnel, vers 1588, Paris, musée du Louvre. Quand Charles IX meurt le 30 mai 1574, Henri est à Cracovie où, grâce aux intrigues et à l'argent de sa mère, il s'est fait élire roi de Pologne l'année précédente, en concurrence avec... le tsar Ivan le Terrible !

Apprenant la mort de son aîné, Henri quitte en catimini la froide Pologne et ses sujets. Au terme d'un long voyage entrecoupé de fêtes, avec une étape prolongée à Venise, il rejoint sa mère à Lyon.

Au passage, il fait la rencontre d'une jeune femme, Louise de Lorraine, et en tombe éperdument amoureux. Fait inhabituel dans un monde aristocratique où les mariages de raison et de convention sont la règle, il va épouser sa dulcinée et refusera de s'en séparer lorsqu'il apparaîtra que leur union est stérile.

Après son sacre à Reims, Henri III inaugure un cérémonial de cour, assorti d'une étiquette qui place le souverain au-dessus de ses sujets et en fait la personnification de l'État. Son lointain successeur Louis XIV portera cette conception de la monarchie à son paroxysme.

Henri III organise le Grand Conseil (le gouvernement), y faisant entrer ses « mignons » (sans connotation homosexuelle). Ces hommes sont en fait de rudes compagnons d'armes comme le duc Anne de Joyeuse et le duc Jean-Louis d'Épernon. Le premier épouse en 1581 la belle-sœur du roi, Marguerite de Vaudémont-Lorraine, au cours de fêtes fastueuses, et sera tué à Coutras (1587) ; le second, dévoué corps et âme à Henri III, se ralliera avec réticence à son successeur Henri IV avant d'être éloigné du pouvoir par Richelieu...

Cependant, les guerres de religion reprennent avec à la tête de l'Union calviniste le roi Henri III de Navarre, qui est le cousin du roi de France. « Monsieur », duc d'Alençon et jeune frère du roi, négocie la paix de Beaulieu-lès-Loches en 1576. Jugée trop favorable aux protestants, elle suscite la création de la Sainte Ligue catholique, avec Henri de Guise à sa tête. Par la paix de Bergerac, l'année suivante, Henri III impose la dissolution des deux organisations réformée et catholique. Il s'ensuit une trêve relative de sept ans.

Mais en 1584, la mort de « Monsieur » fait d'Henri de Navarre (un protestant !) l'héritier présomptif du trône. Les troubles reprennent avec une intensité redoublée. C'est la « guerre des trois Henri ». Craignant non sans raison d'être assassiné, le roi s'entoure d'une garde rapprochée de jeunes Gascons et Languedociens. Surnommés « Cadets de Gascogne » ou« Quarante-Cinq », ils suivent partout le roi et le servent fidèlement.

En 1588, Henri III est chassé de Paris par la Ligue, qui ne cache plus son désir de hisser un Guise sur le trône.

Le roi ne voit plus d'autre issue que de faire assassiner Henri de Guise et son frère par ses « Cadets de Gascogne ». Puis il se réconcilie avec le roi de Navarre. Cela lui vaut d'être lui-même assassiné par un moine. Sur son lit de mort, il fait jurer à ses compagnons de servir avec loyauté son successeur légitime.

Le dernier souverain de la famille des Valois, branche cadette de la dynastie capétienne laisse la place au premier souverain de la famille des Bourbons.

Fabienne Manière
Publié ou mis à jour le : 2024-10-24 20:39:38

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