Au contraire des hommes politiques actuels, Adolf Hitler eut de son vivant le souci de dissimuler sa vie personnelle. Il ne voulait donner de lui que l'image immaculée d'un homme voué à son peuple. Et cette vision n'était pas sans exercer une trouble séduction sur les hommes et plus encore les femmes...
Célibataire et sans enfant, il ne s'affichait jamais en public avec une quelconque compagne et c'est seulement dans le privé qu'il daignait se montrer en compagnie de sa maîtresse Eva Braun.
Une femme de l'ombre
Potiche ou complice active du démon, on sait peu de chose d'Eva Braun, qui se suicida avec lui juste après l'avoir épousé dans son bunker le 30 avril 1945. Il est vrai que son existence officielle fut des plus discrètes.
Née en 1912, Eva Braun devint vendeuse chez le photographe officiel du parti nazi, Hoffmann, installé à quelques encablures du quartier général du NSDAP, le parti nazi, à Munich. C'est là qu'en 1929, elle rencontra Hitler, de 23 ans son aîné.
Quand devint-elle sa maîtresse ? Impossible de le savoir, d'autant qu'elle dut braver l'opposition de son père, farouchement hostile aux nazis. Et le devint-elle vraiment ?...
Les employés chargés de nettoyer le Berghof, résidence de Hitler dans l'Obersalzberg auraient conclu de l'examen des draps de lit qu'il ne se passait rien entre le Führer et Eva Braun.
Un Führer impuissant et phobique
Cette observation, si évasive soit-elle, confirme un aspect longtemps occulté de la personnalité de Hitler : son impuissance sexuelle.
Autour de lui papillonnaient des bourgeoises d'âge mûr, qui le maternaient et le couvraient de cadeaux, aussi bien que des jeunes filles en fleur, telle Eva Braun.
Le Führer se montrait avenant et galant envers les unes et les autres comme il avait appris à l'être dans la société viennoise. Mais il n'est jamais allé au bout de l'acte sexuel si l'on en croit les témoignages concordants des femmes qui l'ont approché et qu'a relevés l'historien François Kersaudy (Hitler, Perrin, 2011). Sans doute se satisfaisait-il par quelques formes perverses de voyeurisme.
Cette impuissance allait de pair avec les nombreuses phobies d'une personnalité trouble : manie de la propreté, répulsion pour les contacts physiques, nourriture exclusivement végétarienne, ni tabac, ni alcool... Mais elle n'empêchait pas Hitler d'envoûter tous ceux qui l'approchaient, par la voix, la gestuelle et le regard.
Les femmes de son entourage furent les premières à pâtir de cet envoûtement.
Plusieurs furent conduites au suicide.
Le drame le plus notable est le suicide de sa nièce « Geli » dont il avait fait son jouet. Angelika « Geli » Raubal était la fille de sa demi-soeur. Elle monta à Munich en 1924 avec sa mère pour tenir la maison de son oncle qui devenait un personnage important.
Hitler se prit d'affection pour elle... à sa manière. Il la séquestrait et se montrait d'une jalousie maladive. Poussée à bout, la jeune fille se suicida avec le revolver du Führer le 18 septembre 1931, à 23 ans, laissant planer un court instant le soupçon que Hitler aurait pu la tuer au cours d'une dispute.
Eva elle-même fit en 1932 une tentative de suicide avec un pistolet, puis une seconde, en 1935 à l'aide de somnifères. Les motivations n'en sont pas exactement connues. Sa position n'était sans doute pas toujours facile : Hitler refusait de l'épouser car il souhaitait rester célibataire pour continuer à attirer les femmes. Les acteurs de cinéma, expliquait-il, perdent de leur aura auprès des femmes en se mariant. Il ne voulait pas connaître leur sort. Eva Braun n'eut donc aucune existence officielle en Allemagne, la presse n'en parlait jamais. Aux États-Unis, le magazine Time ne dévoila son existence qu'en 1939.
Pourtant, elle accompagnait Hitler dans nombre de sorties et promenades, mais parmi les secrétaires. Lorsque Hitler séjournait, parfois longuement, au Berghof, leur intimité s'y faisait plus visible, parmi des invités au courant de leur relation. Jeune femme sportive et dynamique, Eva appréciait la danse, le grand air et la baignade. Elle aimait également fumer, boire et bien manger. Autant de traits qui auraient dû l'éloigner de son « amant ».
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Michèle (01-02-2013 08:30:10)
Le livre exceptionnel de Éric-Emmanuel Schmitt "la part de l'autre" m'a permit de comprendre l'histoire d'Hitler d'une façon claire. Je vous remercie de nous l'avoir recommandé dans un article de 2012.