Georges Cadoudal (1771 - 1804)

Le royaliste révolté

Partisan intransigeant de la cause royale, Georges Cadoudal marque la période révolutionnaire par son activisme et ses multiples complots en vue du retour des Bourbon sur le trône de France.

Un guerrier au service de la couronne

Georges Cadoudal entame son destin hors norme le 1er janvier 1771, près d'Auray en Bretagne, dans une famille de laboureurs aisés. Intelligent et brillant, il devient clerc de notaire. Hostile à la Révolution Française, en 1793, il intègre la chouannerie et la grande armée catholique et royale où sa légendaire bravoure et son intelligence tactique lui font grimper très vite l'échelle hiérarchique.

Cette véritable force de la nature, capable selon certains de soulever un poulain de vingt mois ou de plier en deux un écu d'or avec ses doigts, passe ainsi de capitaine à chef d'escadron, avant de devenir commandant d'une division de cavalerie, et même général du Morbihan en 1795.

Il combat dans la plupart des grandes batailles vendéennes contre la toute nouvelle république et échappe, ainsi que ses 15.000 hommes, au désastre de Quiberon, où un grand nombre de royalistes sont pris au piège et contraints de capituler face aux troupes républicaines, le 21 juillet 1795.

Après l'exécution de Stofflet et Charette, la situation militaire difficile de la contre-révolution dans l'ouest le contraint à accepter de signer, à contre cœur, en 1796, la paix avec le général Hoche. Ce traité de paix est fragile et précaire ainsi que le confesse le général. «Je les vois vaincus mais non persuadés», dit-il des Chouans.

Cadoudal en profite pour réorganiser ses troupes et préparer une prochaine insurrection avec l'aide financière et matérielle de la Grande Bretagne, dont toute révolte contre-révolutionnaire sert ses intérêts pour affaiblir la jeune République française en guerre contre la première coalition européenne (Grande-Bretagne, Prusse, Autriche, Espagne...). La politique du Directoire attise les flammes de la chouannerie et la lutte reprend entre les blancs (royalistes) et les bleus (républicains).

1798 est une année de consécration pour Cadoudal qui reçoit de Louis XVIII en personne le commandement en Bretagne. Il est alors activement recherché dans toute la région par les autorités républicaines, mais réussit constamment à s'échapper grâce à sa grande connaissance du pays, et à ses nombreux soutiens au sein de la population.

Cadoudal ose un nouveau coup d'éclat en 1799 lorsqu'il s'empare de Sarzeau en juillet 1799, et manque de peu de prendre Vannes le mois suivant. Le coup d'État de Napoléon Bonaparte, en novembre de la même année, n'entame en rien sa soif de combattre la République. Sa défaite à la bataille du pont du Loc'h va le contraindre toutefois à signer à nouveau une convention de paix le 14 février 1800.

Un complot fracassant

Napoléon Bonaparte le convoque alors à Paris afin de tenter de le rallier au nouveau régime. Face à ce fanatique de la cause royale, les tentatives de séduction du Premier Consul sont vouées à l'échec. Après cette entrevue, Cadoudal confie même à son ami Hyde de Neuville : «Quelle envie j'avais d'étouffer ce petit homme entre mes deux bras!». Sa ferveur royaliste ne se calme pas, au contraire, Cadoudal s'échappe alors vers l'Angleterre afin de chercher des soutiens dans l'objectif de fomenter un complot contre Bonaparte, le nouvel homme fort de la République.

Rien ne l'arrête. Il commet, peu de temps après, un des premiers attentats à la bombe de l'Histoire !

Le 24 décembre 1800, lui et ses complices font exploser une charrette piégée sur le passage du Premier Consul. La tentative d'assassinat échoue, mais la violence de la déflagration marquera les esprits, et ce complot restera dans l'histoire sous le nom de conspiration de la machine infernale. Cet échec et l'apaisement du reste de la Vendée n'entament en rien la détermination inflexible de Cadoudal qui se réfugie en Angleterre, où il est nommé Lieutenant général des armées du roi par le comte d'Artois, frère de Louis XVIII.

Toujours redoutable, il débarque secrètement le 23 août 1803 sur les côtes normandes afin de rejoindre la capitale pour organiser un nouveau complot contre le Premier Consul. Il prend contact avec d'autres opposants au régime bonapartiste, les généraux Moreau et Pichegru. L'objectif est d'enlever le Premier Consul et de renverser le régime consulaire en faveur de la famille des Bourbon.

Toutefois, des dissensions fortes apparaissent entre ces hommes que tout oppose, mise à part leur hostilité au Premier Consul : Moreau, le républicain convaincu et ambitieux, Cadoudal, le fervent royaliste, et Pichegru, le transfuge de la cause révolutionnaire. Après une rencontre houleuse, les trois hommes ne trouvent pas d'accord et Cadoudal furieux déclare à ses comparses chouans : « Il paraît que Moreau ne veut que se servir de nous pour prendre la place du Premier Consul. J'aime mieux encore celui qui est à la tête du gouvernement que ce jean-f... là. » Quant à Pichegru, lui aussi dépité, il déclare après cette entrevue : « Il paraît que ce bougre là a aussi de l'ambition et qu'il voudrait régner ! Eh bien, je lui souhaite beaucoup de succès. À mon avis, il n'est pas en état de gouverner la France pendant deux mois ! ».

Cette nouvelle tentative de complot apparaît donc bien compromise d'autant plus que peu de temps après, Moreau et Pichegru sont chacun arrêtés par les forces de police.

Un homme traqué

Cadoudal devient alors l'ennemi public numéro un. Le 9 mars 1804, il est repéré par un gardien de la paix. Il s'ensuit une course poursuite particulièrement mouvementée dans les rues de Paris. Cadoudal monte dans un cabriolet mais est pris en chasse cette fois par une escouade de policiers. Pour arrêter la voiture, un des policiers prend la bride des chevaux tandis qu'un autre cherche à monter à l'intérieur. Il est immédiatement et froidement tué d'un coup de pistolet par Cadoudal, bien décidé à ne pas se laisser prendre sans résister. Il blesse ensuite grièvement un deuxième policier puis saute du cabriolet pour tenter d'échapper à d'autres poursuivants. Rattrapé, il est ensuite difficilement maîtrisé par plusieurs agents en raison de sa puissance physique peu commune.

Lors de son interrogatoire par la police, Cadoudal livre son plan tout en couvrant ses compagnons. Il en vient à citer la participation d'un prince français dans ce complot. Cet acte sera lourd de conséquence puisqu'il sera en partie la cause de l'arrestation et de l'exécution du duc d'Enghien.

Jugé et condamné à mort, Cadoudal monte sur l'échafaud le 25 juin 1804. Il déclare face à la guillotine : « Mourons pour notre Dieu et notre Roi ! » La tête dans la lunette, il n'a de cesse de crier jusqu'à l'ultime moment : « Vive le Roi ! ». À la Restauration, à titre posthume, ce fils du peuple sera nommé Maréchal de France par Louis XVIII, apothéose d'un destin exceptionnel au service de la Contre-révolution.

Benjamin Fayet
Publié ou mis à jour le : 2020-05-09 11:38:32
Hugo (26-06-2018 14:46:18)

Bonjour,
Si la "machine inƒernale" n'a pas tué le Consul, c'est qu'il se rendait au spectacle, en retard pour le lever de rideau, et brûlait tous les ƒeux rouges...............
Plus intéressant, il se mit d'accord avec Joseph fouché (le Edgar hoover de l'époque) pour accuser..... LES REPUBLICAINS d'avoir ƒomenté l'attentat, et en déporter au bagne plus de deux cents.
Ce qui a ƒait dire à Robert Badinter, dans une célèbre conƒérence à l'Académie des Sciences Morales et Politiques, qu'après le Procès des Templiers (Philippe IV), la "Question Ordinaire" (suivie de l'autre) ; le "£ivret Jaune" sous l'Empire ("£'ouvrier sera cru si ses preuves sont recevables, le patron sera sera cru sur son affirmation")...... etc....... etc.. les Cours Martiales exceptionnelles pendant la saloperie du "Chemin des Dames" (((es soldats devant démontrer que leurs blessures n'étaient pas volontaires, AVANT d'être admis à l'inƒirmerie))) ;. que la Présomption d'innocence n'a jamais ƒait partie de la tradition judiciaire en France.

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