Frédéric II de Prusse (1712 - 1786)

Le « premier serviteur de l'État »

Frédéric II le Grand ou l'Unique (en allemand : Friedrich der Grosse) est le plus illustre souverain de la dynastie des Hohenzollern

Celle-ci, ne se satisfaisant pas de son titre de Prince-Électeur de Brandebourg (la région de Berlin), avait obtenu en 1701 le titre de roi en Prusse (ses possessions orientales) puis roi de Prusse.

Frédéric II à 68 ans, en 1780 (portrait par Anton Graff, musée de Charlottenburg)Frédéric II porte le royaume à son apogée en tirant parti de l'oeuvre administrative de ses prédécesseurs  et en usant de ses talents de stratège et de diplomate. 

Son État, démuni de ressources, sur les marches orientales du Saint Empire romain germanique, va ainsi devenir la plus grande puissance d'Europe centrale, en concurrence avec l'Autriche. 

Après la mort de Frédéric II, la Prusse ne tardera pas à se poser en rivale de ses principaux voisins, l'Autriche bien sûr, mais aussi la Russie et la France.

Vers elle vont se tourner les patriotes désireux de rebâtir l'unité politique de l'Allemagne après la faillite du Saint Empire... en dépit de ses traditions austères et militaires, héritées de la Prusse teutonique et fort peu allemandes.

Une enfance à la dure

Né au château royal de Berlin le 24 janvier 1712, le futur souverain est éduqué dans l'amour de la culture française par sa gouvernante Mme de Rocoules et son précepteur Duhan de Jandun, deux protestants chassés de France par Louis XIV. 

Il connaît néanmoins une enfance très éprouvante, sous la férule de son père Frédéric-Guillaume 1er, dit le « Roi-Sergent ». Celui-ci n'a d'autre passion que son armée. Il veut élever son héritier à la dure, de façon militaire, et s'inquiète de son goût pour les arts et la philosophie... ainsi que pour la flûte !

Quand le roi découvre la bibliothèque clandestine de son fils, sa dureté ne connaît plus de bornes. Le jeune homme, au désespoir, tente de quitter le pays avec un ami, le lieutenant Hans Hermann von Katte. Son père le fait rattraper et, faute de mieux, le jette dans la forteresse de Küstrinn après lui avoir imposé d'assister à la décapitation de son ami (au moins le prince lui-même échappe-t-il à la mort ; le tsarévitch Alexis tué par son père Pierre le Grand n'avait pas eu cette chance).

Dans l'épreuve, Frédéric change du tout au tout. Se soumettant à la volonté de son père, il se forme avec assiduité aux questions administratives et militaires. Une fois libéré, il reprend aussi ses chères études dans son château  de Rheinsberg, correspond avec Voltaire et s'initie à la franc-maçonnerie. Il cultive aussi à dater de ce moment l'art de la dissimulation.

Pour faire bonne figure, le jeune homme va jusqu'à épouser la princesse Élisabeth Christine de Brunswick-Bevern, nièce de l'empereur Charles VI de Habsbourg. Mais dès son couronnement, il prend la décision d'éloigner sa femme, qui va dès lors faire résidence à part. Sa répugnance manifeste pour les femmes va nourrir des rumeurs sur son homosexualité mais il n'en laissera rien paraître tout au long de sa vie.

En l'absence d'enfant, c'est à son neveu que Frédéric lèguera son royaume...

Le futur Frédéric II et sa soeur Wilhelmine (tableau d'Antoine Pesne)

Un chef de guerre adepte de la Realpolitk

Enfin, le 31 mai 1740, voilà Frédéric roi de Prusse. Il hérite d’un royaume bien administré et d’une armée très disciplinée de 80 000 hommes, encore jamais employée. Elle inclut, fait unique, un Régiment des géants. Il s'agit de « grands gaillards » recrutés à travers l'Europe par le Roi-Sergent. Dans l'infanterie, ils ont plus de facilités que quiconque à charger les longs fusils et sont plus efficaces quand il s'agit de charger à la baïonnette.

Frédéric se veut le modèle du « despote éclairé » prôné par les Encyclopédistes mais se présente avant tout comme le « premier serviteur de l’État », au service exclusif de son pays.

Il porte l'armée prussienne à un degré d'excellence inégalé, avec un effectif de 180.000 supérieur à celui de toutes les autres armées européennes. Effectif d'autant plus impressionnant que le royaume ne compte à son avènement que 2,2 millions d'habitants (dix fois moins que la France).

Après la mort de Frédéric II, le Français Mirabeau dira avec justesse de son royaume : « La Prusse n'est pas un État qui possède une armée, mais une armée qui possède un État »...

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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