Guerres mondiales

Les soldats des colonies dans les guerres mondiales

La France a commencé à recruter des soldats outre-mer dès la conquête d'Alger, dans le souci d'épauler sur le terrain les troupes venues de métropole. Ces troupes indigènes ont participé à toutes les guerres coloniales françaises du XIXème siècle et permis à la France de constituer à peu de frais son deuxième empire colonial. Mais quand les puissances européennes se jetteront les unes contre les autres en 1914, grande sera la tentation au sein de l'état-major français d'engager ces troupes sur le sol européen. Ainsi seront-elles engagées dans les deux guerres mondiales avec un succès mitigé...

Tirailleurs tonkinois en Indochine, sous la IIIe République

La Grande Guerre (1914-1918)

Le général Charles Mangin, qui a participé à l'expédition de Fachoda, publie en 1910 La Force noire. Dans ce livre à succès, il présente l'Empire comme une réserve inépuisable de chair à canon susceptible de compenser la faiblesse de la population métropolitaine en cas de conflit avec l'Allemagne. Sur ses recommandations, les troupes coloniales sont engagées dans la Grande Guerre, mais avec parcimonie car l'état-major n'est pas aussi convaincu que Mangin de leur utilité.

Les troupes coloniales, notamment nord-africaines, sont présentes à Verdun mais c'est surtout en 1917, pendant l'offensive du Chemin des Dames, qu'elles seront engagées en masse. Des bataillons de tirailleurs sénégalais sous les ordres du général Mangin sont lancés à l'assaut d'un plateau escarpé. Les mitrailleuses allemandes font des ravages. C'est un désastre. Près de la moitié des 16 000 hommes engagés sont mis hors de combat.

La Seconde Guerre mondiale (1939-1945)

Les troupes coloniales tiennent normalement leur place dans les combats de 1940 qui voient l'invasion de la France par les Allemands. Plus nombreuses que lors de la précédente guerre, elles comptent près de 500 000 hommes, Européens compris.

Sur un total de 60 000 militaires français tués pendant l'invasion, un tiers appartiennent à ces troupes coloniales ! Les tirailleurs sénégalais couvrent la retraite. Non seulement ils endurent de lourdes pertes mais ils doivent s'attendre à être fusillés en cas de capture par les Allemands, ces derniers les considérant comme des « sous-hommes ».

Après la Libération, les soldats des colonies sont chaleureusement fêtés, comme les autres, lors des défilés de la Victoire sur les Champs Élysées, le 11 novembre 1944 ou encore les 8 mai et 14 juillet 1945. Mais leur amertume est grande quand ils découvrent après la démobilisation qu'ils devront se satisfaire de pensions inférieures du tiers ou de moitié à celles de leurs compagnons d'armes européens, malgré les demandes expresses de leurs officiers.

Publié ou mis à jour le : 2023-01-11 14:53:25
lb.dutignet@orange.fr (12-01-2023 18:15:40)

A propos du Corps Expéditionnaire français en Italie , le recrutement donne 50% de maghrébins , 32% de " Pieds-Noirs ," 10% d'Africains et 8% de métropolitains , selon l'historien Jean-Christophe Notin dans son livre " La Campagne d'Italie ".

Pascal Lemarchand (21-10-2006 14:21:42)

Bonjour à tous. Je suis étonné que ce film suscite tant d'adhésion de votre part. Des détails et des choses qui le sont moins, m'ont gêné pendant le film. Commençons par Jamel Debouze, je sais je suis mesquin de remarquer cela, mais imagine-t-on un soldat faire un garde à vous,avec une main dans la poche ? A part Rambo, je croyais que personne ne pouvait dégoupiller une grenade avec les dents ? Jamel Debouze est par ailleurs bon, crédible dans les scènes de dialogue mais un effort sur le scénario aurait pu lui éviter d'être un soldat par essence peu crédible... Je passe rapidement sur l'histoire de la chanson "C'est nous les Africains" devenue le texte symbole de l'O. A. S. Un historien présent à la projection a expliqué que ce chant était en fait un texte chanté par les unités "pieds noirs". Plus gênant, imagine-t-on un supérieur militaire cédé à la pression de la troupe ? D'ailleurs cette scène (celle des tomates) paraît peu crédible : est-ce que vraiment la ségrégation se matérialisait de cette façon ? Enfin, la scène de guerre qui conclue le film et se passe en Alsace, est faite avec des effets digne d'un film américain avec la crédibilité qui va avec... En bref, je pense que le film est un épiphénomène : il ne restera pas dans l'histoire du cinéma, pas plus d'ailleurs que dans l'histoire de France. Enfin, le même historien évoqué précédemment, a expliqué le pourquoi du bloquage des pensions. J'aimerai que quelqu'un me la reprécise car je crois ne pas avoir très bien compris...

Bonazza Jaki (16-10-2006 12:32:51)

Bonjour. Lors des premières séquences du film Indigènes, on est dans le bain, explosions rafales d'armes automatiques, la peur. Mais lorsque les premières injustices sont commises, l'écoeurement m'envahit. Que de sacrifices mal récompensés. Une critique sur l'équipement hétéroclite de la troupe - casques français, anglais, américain. Fin 1943, ils étaient tous équipés comme les G.I. Cmeent Jamel Debouz aurait-il pu être incorporé avec son handicap. Il portait un fusil. Comment aurait-il pû s'en servir.

Pascal DIENER (05-10-2006 07:05:32)

martine (02-10-2006 14:12:40)

D'accord avec roert letan
L'armée d'Afrique n'était pas composée que d"indigènes"; il est scandaleux qu'un film trés libre par rapport à la vérité historique soit pris au sérieux à ce point (même par un président de la République)! Bravo aux indigènes mais la discrimination est incroyable puisqu'on a complètement oublié tous les Français d'Afrique du Nord, d'origine européenne, qui se sont engagés pour venir au secours des métropolitains. Pour les chiffres, voir le livre de Mr Lefeuvre et connectez vous sur le site "souvenir des 2 guerres mondiales au Maroc", fait par le lycée Lyautey de Casablanca. On en a honte pour nous, élèves de France
Merci à vous, pour Herodote.net

robert Letan (30-09-2006 11:29:20)

Rien que le titre de ce film "indigènes" rend méfiant
Voir le reste, c'est pire Une caricature qui fait mal aux rares survivants dont je suis (six ans et demi d'artillerie coloniale, Maroc, Sénégal, Algérie, Provence)
Comment faire pour regouper tous ces anciens non indigènes qui se souviennet. Les réalisteurs n'ont même pas cherché la vérité des costumes et des armements. Ainsi en est-il de ce défilé de Sénégalais avec chéchias. Dés 1943, nous avons tous été équipés des pieds a la tête de l'uniforme américain. Et qui de nous a vu un mutilé parmi les combattants?
A vomir ou a pleurer? Moi je pleure encore, vieux "bigorre" à la larme facile, les copains morts ou ma jeunesse disparue où on croyait encore à la France

SUAREZ (26-09-2006 16:14:04)

Je me joins aux déclarations de FERRANT reprenant:( l'article du Pélerin N° 6460 de LAURANT LARCHER !)Oui cela a été le rôle des communistes après la libération, qui sous la férule de Staline ( dictant ses ordres à De Gaulle ) ont oeuvré pour l'attribution à eux seuls de la libération de la France et à la seule armée Rouge d'avoir vaincu l'Allemagne Nazie !....
Ils n'ont eu en cela, la moindre honte à avoir déserté l'armée française en 1939 et saboté dans les usines l'armement militaire durant la " drôle de guerre "
Ils étaient alors,sous le " pacte Germano-Soviétique " prouvant bien, que la girouette tourne au gré du vent !!...

chenapenous (25-09-2006 20:37:22)

Ce que j’entends aujourd’hui me fait bondir. Il est dans l’air du temps, assis dans un fauteuil devant le poste de télévision, de refaire l’histoire.
Ils auraient du, il y avait qu’à, il fallait que.
Depuis 1918, les gouvernements de gauche comme de droite et surtout de gauche, ce sont succédés aux commandes, sans jamais trouver cet « oubli « inconvenant ni décider de remédier à cette injustice.
Même DeGaule que je respecte, a commis un crime contre l’humanité en livrant aux assassins du FLN la plus grande partie des supplétifs harki.
Si le flamme du souvenir se rallume, tant mieux. Il n’est jamais trop tard pour reconnaître ses erreurs et pour essayer de compenser le mal qui a été fait. Toute fois, aujourd’hui, le nombre des bénéficiaires de ces pensions de misères, de ces oubliés de l’histoire, va en s’amenuisant.
Un gouvernement, quel qu’il soit, n’aura plus désormais que des miettes à distribuer.
Les honneurs, les médailles, les monuments du souvenirs ne coûtent rien !!
Lorsque j’entends la ministre de la défense annoncer avec le sourire, penser pouvoir espérer harmoniser les pensions de ces oubliés de l’histoire sur celles des métropolitains, mais seulement à partir de 2007, on croit rêver la ficelle est un peu grosse.
C’est une humiliation de plus, pour tous ces hommes qui devraient être Français depuis longtemps, par le sang versé pour la patrie

laurent (25-09-2006 19:46:49)

Bon résumé de la situation en dehors de la tendance actuelle de juger avec le regard du XXIème siécle des évènements des siécles passés.

marie-claire (25-09-2006 19:31:21)

'D'accord avec Ducrot mais le traitement infligé aux troupes coloniales et surtout aux Harkis demeure une tache indélébile qui salit l'honneur de la France. Cependant, cette tache ne saurait être instrumentalisée par ceux-là même qui étaient au pouvoir au moment où cette infamie a été commise! Pas plus d'ailleurs par ceux qui se font maintenant les contempteurs de la colonisation Depuis les gardes Suisses tous les empires ont enrôlé des troupes étrangères ou coloniales cela ne saurait être reproché une fois de plus à la France

pierre champiot (25-09-2006 14:22:58)

Bonjour
La flamme du souvenir se rallume enfin.
Cependant, je suis surpris de voir résumer les presque 5 années de guerre, d'une guerre politique et surtout raciale par ces quelques lignes. NON, 39-45 n'est pas une guerre comme les autres et on ne peut éluder ces événements par une évocation rapide du traitement des troupes coloniales après la débacle et pendant l'occupation.
Je ne suis pas historien, je me questionne seulement en quêtant des éléments de réponse principalement sur internet. Je dois dire que la société est muette sur certains points, il manque des réponses aux questions suivantes:
- Pour quelles raisons Jean Moulin alors préfet, a-t-il tenté de se suicider en 1940 ?
- Si les troupes coloniales couvraient le repli de l'armée d'après ce que vous dites, que s'est-il passé entre la Wehrmacht et les troupes coloniales après les combats de 40 ? Notamment autour de Lyon, paraît-il.
- Où étaient les prisonniers de guerre issus des troupes coloniales pendant la guerre ? Qui les gardait ?

Salutations

Mireille (25-09-2006 14:19:22)

Ces hommes qui n’ont pas lésiné à défendre la France, durant la guerre de 14/18 39/40 et d’Indochine.

Il est d'autant plus navrant de constater, que les anciens combattants d’Afrique et parmi eux, les marocains, dont les chefs ont reconnu le courage et l’abnégation, qui se sont battus pour la France, doivent obligatoirement demeurer sur le territoire français pour toucher leur pension au même titre que les métropolitains. Alors que ces gens ne demandent qu’une chose : retourner au pays dignement dans leurs familles plutôt que, de vivoter seuls dans des foyers SONACOTRA.

jean louis (25-09-2006 12:22:59)

Certes, il est bon de resituer la participation des indigènes et de leur rendre hommage mais cela arrive un peu tard car ce phénomène est exploité politiquement par ceux la même qui ont instauré ladescrimination au niveau du traitement des pensions de guerre... A l'époque, aucune famille politique n'a trouvé anormal ce décalage si ce n'est les officiers qui commandaient ces troupes issus d'Afrique, de l'empire comme le disait De Gaulle à l'époque.

Bien sûr, les harkis qui avaient choisi la France au cours de la guerre d'Algérie ont été lachement abandonné par les politiques français donc De Gaulle. Les accords d'Evian ont été d'une désinvolture impardonnable sur ce sujet...

RAINGEVAL (25-09-2006 10:31:28)


Il est regrettable que la devise de la France,Liberté, égalité,fraternité ne s'applique pas pour les membres de l'Armée d'Afrique. Que dire de ceux qui sont restés en France (par choix ou par contrainte "vitale") les "Harkis" dont le sort est encore actuellement peu honorable pour la France.

LORIDON (25-09-2006 10:27:59)

Je constate qu'il n'a pas été rendu justice complètement aux troupes supplétives de la France
Que ce soit dans le film ou dans la relation citée plus haut, il n'est nullement fait état des Harkis.
Que je sachen eux n'ont pas touché de pensions !
Quand au pourcentage de pertes, je pense qu'il va être difficile à établir quand on sait ce qui leur est arrivée lors de l'indépendance de l'Algérie.
Il est vrai qu'ils ont été traités de "Collabos"
J'oubliais les GCMA de l'indochine eux aussi abandonnés à l'ennemi

Cyd (25-09-2006 10:20:45)

Sur l'ensemble de la colonisation par la France, j'ai l'impression que le plus gros point noir (peut être le seul) est le traitement des soldats indigénes. Pourquoi leur avoir refusé la nationalité française en 1918, puis 1945. Puis pourquoi avoir abandonné les Harkis en Algérie en 1962. Pourquoi un soldat comme de Gaulle, soucieux des valeurs militaires, les a t'il livré à l'ennemi ? Ces questions pour l'instant sans réponse,sont surement pour une grosse part dans la perte des colonies par la France. Peut être pourle grand malheur de l'Afrique et la prospérité de l'Europe

DUCROT (25-09-2006 10:18:33)

Certes, ils ont combattu pour la France et pour l'ensemble des alliés mais que serait le sort de leur propre pays si l'Allemagne avait gagné la guerre ? Pourrait-on dire qu'en mourant pour la France, ils ont aussi sauvé leur propre dignité contre une idéologie qui les considèrait comme des sous-hommes ?

Ferrant (25-09-2006 09:24:50)

Certes, la République française, ingrate, a vite oublié les sacrifices des soldats de l’Armée d’Afrique.
Pourquoi cet oubli ? (article du Pèlerin n° 6460,de Laurent Larcher)
« Cela arrangeait tout le monde. Après la guerre, se constitue le mythe d'une France qui se libère grâce aux mouvements de résistance, notamment communiste. Admettre le rôle de l'armée d'Afrique dans cette libération va à l'encontre de cette mythologie. D'autant que ses principaux cadres sont issus de l'armée de Vichy. (Et c’est le Général Giraud qui forge cette nouvelle armée française) .Constater, enfin, que la patrie doit aussi son salut à des "indigènes" heurtait la sensibilité du temps, analyse Dominique Lormier. Dans les années 1960-1970, l'armée d'Afrique souffre également du discours antimilitariste dominant. Et l'idée qu'un Africain puisse se battre pour la "mère patrie" ne correspondait pas aux idées tiers-mondistes d'alors. »
Leurs pensions sont mêmes gelées, en 1959, à la suite de l'indépendance des pays africains. Sur ce point, je pense que c’est plus compliqué ; il semble me souvenir que les nouveaux Etats indépendants ne voulaient pas que les pensions (en francs CFA) soient remises directement aux intéressés (difficultés de payer dans les villages reculés... ?) mais ont exigé que la totalité de la somme des pensions soit versée au gouvernement en place ...et plus ou moins bien reversée...


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