Machiavel (1469 - 1527)

Père des sciences politiques modernes

Né le 3 mai 1469 sous le gouvernement de Laurent le Magnifique, Niccolo Machiavelli voit les Français de Charles VIII entrer à Florence et Savonarole étriller la cité (1494-98).

Machiavel Secrétaire de chancellerie de la République florentine, il participe à des missions diplomatiques délicates auprès des puissances du moment, en particulier de César Borgia, fils du pape Alexandre VI, puis du nouveau pape Jules II. Il convainc Louis XII de France de ne pas secourir Ferrare assiégée par le pape en 1510.

Mais en 1512, les Médicis reprennent le contrôle de Florence. Machiavel est arrêté et même torturé. Il échappe à la mort grâce à une amnistie décrétée en mars 1513 par le nouveau pape Léon XIII (Jean de Médicis). Retiré à San Casciano, il va dès lors composer de nombreux ouvrages tirés de son expérience (L'art de la guerre, Histoires florentines, la Mandragore,...).

Le plus connu de ses livres, Il Principe (Le Prince, 1513), est un court essai en italien dédié à Laurent de Médicis, duc d'Urbino, dans lequel l'auteur expose l'art et la manière de gouverner en jouant habilement des sentiments populaires. Il donne en exemple César Borgia, fils naturel du pape Alexandre VI, qui gouverna dans les années précédentes les États pontificaux en faisant preuve d'une absence totale de scrupules.

On a présenté Machiavel comme un cynique dépourvu d'idéal et tiré de son nom un adjectif commun : machiavélique, alors que cet homme politique était seulement soucieux du bien public mais sans illusion sur les vertus des hommes. Ses leçons ont inspiré les gouvernants des siècles qui ont suivi. Ainsi les Britanniques ont-ils mis à profit les recommandations suivantes quand il s'est agi pour eux de placer sous leur tutelle de vastes territoires tout autour de la planète :
« Quand les États conquis sont, comme je l’ai dit, accoutumés à vivre libres sous leurs propres lois, le conquérant peut s’y prendre de trois manières pour s’y maintenir : la première est de les détruire ; la seconde, d’aller y résider en personne ; la troisième, de leur laisser leurs lois, se bornant à exiger un tribut, et à y établir un gouvernement peu nombreux qui les contiendra dans l’obéissance et la fidélité : ce qu’un tel gouvernement fera sans doute ; car, tenant toute son existence du conquérant, il sait qu’il ne peut la conserver sans son appui et sans sa protection ; d’ailleurs, un État accoutumé à la liberté est plus aisément gouverné par ses propres citoyens que par d’autres.
Les Spartiates et les Romains peuvent ici nous servir d’exemple. Les Spartiates se maintinrent dans Athènes et dans Thèbes, en n’y confiant le pouvoir qu’à un petit nombre de personnes ; néanmoins ils les perdirent par la suite. Les Romains, pour rester maîtres de Capoue, de Carthage et de Numance, les détruisirent et ne les perdirent point. Quiconque ayant conquis un État accoutumé à vivre libre, ne le détruit point, doit s’attendre à en être détruit. Dans un tel État, la rébellion est sans cesse excitée par le nom de la liberté et par le souvenir des anciennes institutions, que ne peuvent jamais effacer de sa mémoire ni la longueur du temps ni les bienfaits d’un nouveau maître. Quelque précaution que l’on prenne, quelque chose que l’on fasse, si l’on ne dissout point l’État, si l’on n’en disperse les habitants, on les verra, à la première occasion, rappeler, invoquer leur liberté, leurs institutions perdues, et s’efforcer de les ressaisir. »
(Machiavel (Le Prince, chap. V),

De son chef-d'oeuvre, retenons enfin cette sentence : « Car la force est juste quand elle est nécessaire », mais aussi « Divise pour régner ! » (en latin : « Divide ut imperes ! »), et pour finir : « Si tu peux tuer ton ennemi, fais-le, sinon fais-t'en un ami ».

Alban Dignat
Publié ou mis à jour le : 2024-10-28 20:58:43

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