Roi dont la mémoire est souvent éclipsée par celle de son brillant ministre Richelieu, Louis XIII régna à une époque charnière. Il contribua à enterrer les restes de féodalité en France et posa les jalons de l'absolutisme de son fils et successeur Louis XIV.
Le 14 mai 1610, lorsqu'Henri IV est assassiné par Ravaillac, son fils Louis n'a que 9 ans. Né à l'orée du « Grand Siècle », l'enfant devient brutalement le nouveau roi de France.
Sa mère, Marie de Médicis, inquiète des prétentions que pourraient faire valoir les princes de sang du royaume, s'empresse de se faire confier la régence par le jeune roi. Jusqu'en 1617, elle exerce le pouvoir, sous l'emprise de son favori, Concino Concini, très impopulaire auprès de la noblesse comme du peuple. En 1615, Marie de Médicis organise le mariage de Louis XIII avec la princesses espagnole Anne d'Autriche.
De plus en plus impatient de prendre les rênes du pouvoir, Louis XIII devenu adolescent accepte tacitement de faire assassiner Concini. Il le remplace par Luynes, son grand Fauconnier, et exile sa mère au château de Blois. C'est le début d'une brouille longue et politiquement lourde de conséquences entre mère et fils. Les premières années du règne personnel de Louis XIII sont secouées par des révoltes des grands, soutenus par la reine mère, qui n'hésitent pas à lever des troupes et des impôts pour défier l'autorité royale.
Les régions protestantes se soulèvent également et poussent le roi à intervenir militairement, non pour les convertir au catholicisme (il ne remit jamais en cause l'Édit de Nantes) mais pour assurer l'unité du royaume. Chef de guerre à l'aise parmi ses troupes, il obtient en 1628 la reddition de La Rochelle, après un siège long et cruel.
Artisan d'un rapprochement entre la reine mère et Louis XIII, le cardinal de Richelieu entre au Conseil du Roi en 1624. Initialement « créature » de Marie de Médicis, il gagne la confiance du roi, jusqu'à la « journée des dupes » de 1630, où la reine mère presse Louis XIII de le renvoyer mais où le roi lui renouvelle sa confiance.
Jusqu'à sa mort, en 1642, le Premier Ministre travaille de concert avec le roi de manière à affermir l'autorité royale. Il développe la marine et le commerce et crée un corps d'intendants pour faire appliquer les décisions du roi dans les provinces. La rationalisation du système administratif s'accompagne d'une augmentation de la pression fiscale sur le tiers état, nécessaire pour financer les guerres incessantes. Le règne de Louis XIII est marqué par des révoltes paysannes anti-fiscales, notamment celles des Croquants et des Nu-Pieds.
Sur la scène extérieure, la Guerre de Trente Ans déstabilise le Saint Empire. Contre l'avis du parti dévot, partisan du soutien aux pays catholiques, Louis XIII et Richelieu préfèrent soutenir les provinces Unies et la Suède protestantes et, par les guerres d'Italie, reprendre le contrôle de la vallée de la Vateline, passage stratégique pour l'Espagne, afin d'affaiblir les Habsbourg.
Atteint d'une maladie intestinale chronique (sans doute la maladie de Crohn), Louis XIII s'éteint le 14 mai 1643, à l'âge de 42 ans. Il laisse derrière lui son fils aîné Louis, né en 1638 d'un mariage longtemps stérile. Comme 30 ans plus tôt, une mort prématurée ouvre une phase de régence maternelle chaotique.
« Que l'on ait pu être roi et malheureux, Louis XIII en est assurément le meilleur exemple », écrit Jean-Christian Petitfils dans la biographie qu'il lui consacre.
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Lison (17-05-2023 19:24:05)
Est-ce vrai que Louis XIII ordonna aux Suisses de massacrer les chats de Richelieu à la mort de ce dernier? Herodote.net répond :
La chose paraîtrait curieuse car Richelieu avait couché ses chats sur son testament et le roi, lui-même malade, devait avoir d'autres soucis que celui-là. Mais si quelqu'un en sait davantage, nous serons heureux de l'entendre.