Elvis Presley (1935 - 1977)

« The King » Elvis met les Américains en transe

Un simple prénom, Elvis, suffit pour faire naître aujourd'hui encore chez chacun d'entre nous une multitude d'images et surtout de musiques. Rock star incontestée, le jeune garçon timide de Memphis fut aussi l'enfant chéri d'une Amérique qui vit en lui tour à tour un danger et une fierté. 

Isabelle Grégor

That's all right !

Lorsque Elvis Aron Presley fait irruption dans le monde de la musique, il apparaît rapidement comme l'oiseau rare que tout le monde attendait. Né le 8 janvier 1935 dans une famille modeste du Mississippi, il se présente comme un bon garçon, un peu timide, qui respecte ses parents et chante dans l'église pentecôtiste de sa famille. Mais il a un défaut : il est fasciné par les musiques noires. Il suffit qu'il entende un air de rythm'n'blues pour se transformer en jeune déluré aux déhanchements suggestifs !

Habité par le rythme, il est ce cocktail que les maisons de disque attendaient : un Blanc qui chante comme un Noir, un James Dean à la voix envoûtante capable de séduire cette jeunesse blanche puritaine qui hésite encore à se laisser ensorceler par ces nouveaux airs que l'on entend dans la communauté noire. Ce rock'n'roll qui vient de naître grâce à l'influence jazzy d'un Ray Charles et au rythme syncopé d'un Fats Domino, c'est Elvis qui va le rendre populaire et lui donner ses lettres de noblesse.

Elvis Presley dans les années 1950À l'été 1953, Elvis n'est encore qu'un jeune camionneur lorsqu'il se présente aux studios Sun, à Memphis, pour enregistrer une ballade en l'honneur de sa mère. Sam Philips, le producteur, repère vite le phénomène et lance sa carrière l'année suivante avec le tube « That's all right (Mama) ! ».  Il n'est pas le seul à s'intéresser au jeune rebelle : c'est sous la coupe d'un certain Parker, faux colonel mais vrai manipulateur, qu'il conquiert la jeunesse et la scène américaines dans les années qui suivent.

Personne ne semble pouvoir résister au charme de ce beau gosse qui électrise les adolescents (et adolescentes...) sans pour autant faire peur à leurs parents. Qui peut s'inquiéter de l'influence d'un rockeur qui chante « Love me, Tender » ? Cette chanson langoureuse a donné son titre à un des nombreux films qu'Elvis va tourner avec plus ou moins de réussite. Si Le Rock du bagne est resté dans les annales, il vaut mieux passer sous silence ceux qu'il enchaînera dans les années 60, à raison de 3 par an : L’idole d'Acapulco (1963) et autre Tombeur de ces demoiselles (1966)...

Elvis, un mythe américain

En attendant, Elvis fait une pause. Célèbre et riche, il doit néanmoins répondre à l'appel de l'armée comme tout jeune citoyen américain. Son service militaire va se dérouler en Allemagne, de 1958 à 1960. Il sera obscurci par la mort de sa mère adorée, Gladys, victime d'une cirrhose du foie. Elvis lui-même découvre à l'armée les amphétamines dont il tendra vite à abuser. 

Elvis Presley, sa femme Priscilla et leur fille, née le 1er février 1968À son retour, le chanteur n'est plus un rebelle. Bénéficiant de son immense popularité, les films imposés par son impresario Parker lui valent de coquettes recettes. 

En 1966, le chanteur se marie avec la jeune Priscilla (20 ans), rencontrée en Allemagne. Il vit avec elle et leur fille Lisa Marie, née le 1er février 1968, dans leur propriété de Graceland, à Memphis. S'il semble avoir trouvé la tranquillité avec cette vie de famille, côté carrière il lui faut faire face à une déferlante venue d'Angleterre.

Ce sont d'abord les Beatles, rapidement suivis par les Rolling Stones, qui donnent un coup de vieux au roi du Rock. Il doit se réinventer rapidement et revenir sur la scène. Pour cela, rien de tel que la télévision. Le 3 décembre 1968, elle permet à un Elvis tout de cuir vêtu d'effectuer un retour mémorable sur le devant de la scène. Désormais, il ne la quittera plus, enchaînant des centaines de représentations à Las Vegas tout en continuant à accumuler ce qui allait devenir des classiques du répertoire : « In the Ghetto » (1969), « Suspicious Mind » (1969)... Le rythme est tel qu'il abuse alors de médicaments, entraînant sa déchéance physique jusqu'à ce qu'il succombe le 16 août 1977 d'une crise cardiaque.

Elvis, tout comme Marilyn et James Dean, n'est pas seulement un artiste au talent indiscutable : il est aussi un mythe, un symbole de l'Amérique triomphante de l'après-guerre. Alors que les États-Unis sont plongés dans la Guerre froide, il est à lui seul un sujet de fierté pour son pays qui aime à voir dans le parcours de ce jeune homme d'origine modeste, issu de l'Amérique profonde, un exemple de réussite individuelle.

Son accession au rang de superstar mondiale est également, pour le Sud qui l'a vu naître, une belle revanche. Il doit sa carrière triomphante à cette jeunesse des années 50 qui, assoiffée de liberté, a trouvé dans le rock'n'roll une façon de bousculer la société. C'est particulièrement vrai pour les jeunes filles qui ont pu, notamment par la danse, se libérer du carcan des traditions.

N'oublions pas enfin qu'Elvis a servi de passerelle entre les communautés blanche et noire, permettant à cette dernière de faire connaître sa musique et ses thèmes d'inspiration. Adopté en quelques années par tout le pays, le rock'n'roll est désormais indissociable de l'histoire culturelle des États-Unis.

Publié ou mis à jour le : 2022-06-27 16:36:52

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