Catherine II (1729 - 1796)

Une Allemande au service de la Russie

Le 9 juillet 1762, trois régiments de la garde du tsar Pierre III se révoltent contre leur maître et prêtent serment de fidélité à son épouse, Catherine, « pour la défense de la foi orthodoxe et pour la gloire de la Russie ». Leur révolte est animée par le propre amant de la reine, Grégoire Orlov (ou Grigori Orloff).

Le tsar abdique dès le lendemain. Il meurt une semaine plus tard dans sa retraite, sans doute tué par l'un des frères Orlov dans une querelle d'ivrognes. Ainsi débute le règne immense de Catherine II la Grande.

Catherine II,  Stettin, 2 mai 1729 - Saint-Pétersbourg, 17 novembre 1796 (Dimitri Levitzky, 1782)

Un grand « homme d'État »

La nouvelle impératrice est née à Stettin, en Prusse, le 2 mai 1729, sous le nom de Sophie Augusta d'Anhalt-Zerbst. Princesse allemande d'extraction modeste, elle a été fiancée au grand-duc Pierre de Holstein-Gottorp, neveu de la tsarine Élisabeth et petit-fils de Pierre le Grand.

Elle acquiert une culture d'autodidacte très étendue et se révélera plus tard étonnamment préparée à ses responsabilités. Elle lit Tacite, Machiavel, Montesquieu dans le texte et n'hésitera pas à racheter en viager la bibliothèque de Diderot.

Pierre monte sur le trône à la mort de la tsarine Élisabeth, le 5 janvier 1762, et prend le nom de Pierre III. Il n'a rien de plus pressé que de se retirer de l'alliance avec la France et l'Autriche contre la Prusse, sauvant son héros, Frédéric II, d'une situation désespérée. Il restitue à la Prusse la Poméranie et la Prusse-orientale. 

Le bruit court enfin que le nouveau tsar se prépare à abolir le servage. C'est à ce moment-là que Catherine, profitant du mécontentement de la noblesse, s'empare du pouvoir avec la complicité de son amant.

Puis, par le traité de Saint-Pétersbourg du 25 juillet 1772, elle s'entend avec le roi de Prusse Frédéric II et l'archiduchesse d'Autriche Marie-Thérèse pour enlever à la Pologne un tiers de son territoire.

Les trois larrons - Russie, Prusse, Autriche - s'allient non seulement contre la Pologne mais aussi contre la Turquie. C'est ainsi qu'en 1774, le nouveau favori de la tsarine, Grégoire (Grigori) Potemkine (35 ans) conquiert d'immenses territoires aux dépens du sultan.

Les affaires intérieures

Catherine poursuit l'aménagement de Saint-Pétersbourg, la capitale baroque inaugurée par Pierre 1er le Grand à l'embouchure de la Néva, sur la mer Baltique. Elle y attire des architectes et des artistes occidentaux. C'est ainsi que le sculpteur Falconet érige la statue de Pierre le Grand sur la place du Sénat en 1782.

Les idées sociales de Catherine ne sont pas précisément celles des philosophes des Lumières. Mais, par opportunisme politique, elle vénère ces hommes influents dans ses salons et sur son écritoire.

Elle correspond avec d'Alembert, Diderot, Voltaire, Grimm, Helvétius et Kant qui la tiennent pour un « despote éclairé », à l'égal de ses contemporains Frédéric II, roi de Prusse, et Joseph II, archiduc d'Autriche... Despote, elle l'est sans aucun doute, éclairé, cela se discute ! Voltaire, flatteur, l'appelle la « Sémiramis du Nord » (Sémiramis est une reine légendaire de Babylone).

Les terres d'Église sont sécularisées en 1764, y compris leurs deux millions de serfs, ce qui permet à l'impératrice, les jours de fête, de faire de généreuses donations de terres (et de serfs) à ses protégés !

Sous l'impulsion de Potemkine, des villes nouvelles voient le jour dans les marches d'Ukraine (Odessa, Kherson, Nikolaïev, Taganrog, Mariupol - aujourd'hui Pavlovsk).

Pour encourager la noblesse à s'intéresser à ses propriétés souvent négligées, la tsarine ne craint pas de limiter les quelques droits qu'ont encore les serfs. Malgré ou à cause des révoltes paysannes, Catherine II ne voit pas d'inconvénient à renforcer le servage en Russie. En 1785, elle l'étend même à l'Ukraine, terre traditionnelle de liberté.

Un bilan imposant

Sous le règne de Catherine II, la surface de la Russie s'agrandit d'un tiers et le pays, jusque-là très marqué par son caractère slave et orthodoxe, absorbe des populations très diverses, y compris des musulmans qui parlent turc ou mongol. Catherine II ajoute à la diversité ethnique en faisant venir des paysans allemands pour mettre en valeur les bords de la Volga (persécutés et déportés à l'époque de Staline, ces colons reflueront en masse en Allemagne à la fin du XXe siècle.

La tsarine meurt après 34 ans de pouvoir absolu, en 1796, non sans s'inquiéter de la Révolution française où elle voit « un repaire de brigands ».

Son fils Paul Ier lui succède. Le jeune homme a une personnalité fantasque et sa mère, consciente de ses carences, a tenté plus d'une fois de le priver du trône.

Devenu tsar, il se révèle imprévisible et se fait rapidement beaucoup d'ennemis. Alors qu'il vient de fonder la Ligue des Neutres avec les Scandinaves pour contrer l'influence maritime britannique, il est opportunément étranglé !

Publié ou mis à jour le : 2022-02-04 19:15:56

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