Sandro Botticelli (1445 - 1510)

L'humanisme en peinture

Décadent, Botticelli ? C'est en tous cas ainsi que le considéraient ses contemporains, à notre grand étonnement. Ne le voit-on pas plutôt aujourd'hui comme le plus habile à représenter l'innocence et la beauté pure ? Mais ce peintre du bonheur, fils chéri de la Florence des Médicis, fut aussi celui des doutes et des peurs nés de l'atmosphère douloureuse dans laquelle s'enfonça sa ville. En homme de son temps, il a traduit sur ses toiles toute l'ambiguïté d'une époque à la fois euphorique et sombre.

 Sandro Botticelli, La Naissance de Vénus, 1484-1485, Florence, Galerie des Offices.

Le petit tonneau

Sandro Botticelli est né le 1er mars 1445 à Florence, dans la famille d'un tanneur, sous le nom d'Alessandro Filipepi.

Sandro Botticelli, Autoportrait (détail de L'Adoration des mages), 1475, Florence, galerie des Offices. Comme l'un de ses frères, rondouillard, avait été surnommé Botticelli, qui signifie « petit tonneau », le sobriquet fit le tour de la famille et fut accolé au futur peintre. 

Il fait son apprentissage dans l'atelier d'un grand artiste florentin du Quattrocento (le XVe siècle italien), Filippo Lippi (1406-1469). Comme tous les grands peintres de la Renaissance, celui-ci, tel un chef de cuisine moderne, dirige une équipe d'aides et d'apprentis, chacun étant spécialisé, qui dans les drapés, qui dans les fils d'or...

Avec son équipe, le maître répond aux commandes de la bourgeoisie et réalise pour elle de petits tableaux à la chaîne. À l'occasion, il est aussi sollicité par des abbés, des évêques ou des princes pour réaliser des oeuvres plus ambitieuses.

Quelles jolies fréquentations !

Botticelli passe à l'atelier de Verrochio où il côtoie Léonard de Vinci, un rival. En 1470, il ouvre son propre atelier. Son talent vaut au jeune homme de fréquenter les meilleures familles de la cité, les Vespucci dont un représentant, Amerigo, donna son prénom à un continent, et surtout les Médicis.

Le puissant Laurent le Magnifique lui accorde sa protection. Le peintre fréquente par ailleurs les plus grands esprits de l'humanisme, tels Pic de la Mirandole ou Marsile Ficin, traducteur de Platon.

Ses amis l'initient à la philosophie néoplatonicienne qui voit le monde sensible comme le reflet du monde des idées. Cette philosophie se reflète dans ses célèbres allégories inspirées de l'Antiquité païenne.

Sandro Botticelli, Le Printemps, 1478 à 1482 , Florence, Galerie des Offices.

La belle saison

Sandro Botticelli, Venus pudica, 1485, Turin, collection Riccardo Gualino. Son chef-d'oeuvre Le Printemps, destiné à une villa des Médicis, expose toute la grâce et l'optimisme de la Renaissance italienne, avec une touche d'inquiétude chez la nymphe de droite, saisie par la divinité Zéphyr. Il s'agit vraisemblablement de la première peinture européenne qui puise son inspiration dans l'Antiquité païenne.

Elle montre les différentes saisons (sauf l'hiver) avec de droite à gauche Zéphyr, la nymphe Chloris, le Printemps, Vénus que domine Cupidon, les Trois Grâces et le dieu Mercure.

En 1481, le pape Sixte IV commande à Botticelli quelques fresques pieuses pour la chapelle à laquelle il laissera son nom, la Sixtine  ! On peut encore admirer ces panneaux à côté des fresques monumentales de Michel-Ange, postérieures de trois décennies.

Après son voyage à Rome, qui ne lui rapporte guère d'argent, l'artiste entreprend La Naissance de Vénus. Cette nouvelle allégorie néoplatonicienne illustrerait selon certains commentateurs les quatre éléments (terre, eau, air, feu) et l'Amour qui scelle leur harmonie.

Les temps incertains

Après la mort de son protecteur Laurent le Magnifique, en 1492, le peintre subit comme beaucoup de Florentins l'influence du prédicateur Jérôme Savonarole.

L'optimisme propre à l'humanisme est battu en brèche par la montée des inquiétudes religieuses. La peinture de Botticelli se fait plus austère. Et l'on ne saurait oublier en marge de ses célèbres allégories quelques portraits émouvants de vérité et des peintures de madones maternelles et recueillies.

Il souffre également de la concurrence de la nouvelle génération de peintres, les Michel-Ange, Raphaël et autres Léonard. C'est donc quelque peu oublié mais finalement serein qu'il s'éteint, le 17 mai 1510.

Publié ou mis à jour le : 2021-10-14 12:00:54

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