Préhistoire et haute Antiquité en cartes animées

Vincent raconte la civilisation de l'Indus

Sixième épisode :

La civilisation de l'Indus

Très à l’écart du Croissant Fertile, une vaste civilisation a prospéré pendant la haute antiquité dans la plaine du Pakistan actuel : il s’agit de la civilisation de l’Indus, aussi appelée civilisation harapéenne.

La région, à cheval entre le Pakistan et l’Inde actuels, est très similaire à l’Egypte et à la Mésopotamie : il s’agit d’une plaine largement désertique irriguée par un grand fleuve, l’Indus. Il y en avait sans doute un deuxième, le Sarasvati, qui coulait en parallèle à cette époque.

Cette plaine est fermée au nord par l’Himalaya et à l’ouest par des plissements moins élevés. Elle débouche au sud sur l’Océan Indien. Elle est séparée du Croissant Fertile par les plateaux iraniens, qui étaient moins arides à l’époque néolithique qu’aujourd’hui. C’est par là que le blé et l’orge du Proche Orient gagnent la région vers 6500 av. J.-C., aux côtés de la chèvre, du mouton et du bœuf.

Il semble que le premier pôle de développement soit le village de Mehrgarh, situé au pied des montagnes face à la plaine de l’Indus. Les innovations gagnent ensuite le reste de la plaine : des domestications locales y sont menées telles que le buffle et le coton. A partir de 4000 av JC, l’agriculture irriguée permet à la population de croître aux abords du fleuve jusqu’à ce que de véritables villes apparaissent vers -2600. Cette date marque l’essor rapide d’une civilisation qui s’étend sur toute la plaine : de l’Himalaya jusqu’à l’océan, mais aussi tout le long de la côte jusqu’au Gujarat.

Certaines villes atteignent peut-être 40 000 habitants, telles que Mohenjo-Daro ou Harappa. Dès le début, on constate un phénomène de planification urbaine sur toute la zone : les briques des maisons, par exemple, sont standardisées.

Ça fait penser à une unification politique, mais on ne perçoit pas vraiment d’inégalités entre les classes sociales : en particulier, aucun temple ou palais ne se distingue. Pour en savoir plus il faudrait réussir à déchiffrer son écriture, mais on n’a retrouvé que quelques inscriptions très courtes : l’Histoire de cette civilisation reste donc dans l’ombre.

L’une des ses principales caractéristiques est l’attention apportée à la salubrité des villes : la plupart des maisons ont leur propre salle de bain et leurs propres latrines connectées au réseau d’égouts de la ville. Des systèmes d’hypocauste permettaient aussi de chauffer l’eau.

L’absence de remparts laisse penser à une civilisation plutôt pacifique, mais qui n’a livré que peu d’œuvres artistiques. Si l’agriculture reste le principal domaine d’activité, le commerce joue un rôle essentiel. Les Harappéens ont initié des échanges avec la Mésopotamie vers 2350 av. J.-C. La civilisation de Jiroft sur les plateaux iraniens servait d’intermédiaire dans les échanges par voie de mer comme de terre.

L’épanouissement de la civilisation de l’Indus dure jusqu’en 1900 av. J.-C. A cette date, les grandes villes commencent brusquement à se dépeupler. En l’espace d’un siècle, l’unité culturelle de la région se désagrège tandis que les villes sont abandonnées.

Cette chute brutale a peut-être un lien avec l’arrivée des Indo-Iraniens. Ce peuple indo-européen venu d’Asie Centrale va peu à peu remplacer les peuples locaux dans tout le nord de l’Inde. Il faut toutefois préciser qu’aucune trace de violence n’a été constatée dans les vestiges harappéens.

Une autre hypothèse met en avant la disparition du fleuve Sarasvati, détourné vers le Gange à cause d’un séisme près de l’Himalaya. Mais l’Indus et ses affluents ont subsisté, et cette thèse explique donc mal la disparition complète de toute une civilisation.

Quoi qu’il en soit, la civilisation de l’Indus disparaît définitivement de l’Histoire vers 1800 av. J.-C., emportant ses secrets avec elle et laissant à l’Inde un héritage qui reste difficile à évaluer.

Dans le prochain épisode, on va continuer notre tour du monde des civilisations plus méconnues : ça nous permettra de visiter les mégalithes d’Europe de l’ouest et les premières pyramides du Pérou.

Vincent Boqueho
Publié ou mis à jour le : 2021-11-30 18:16:16

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