Louis-Ferdinand Céline (1894 - 1961)

Un grand écrivain en dépit de la folie antisémite

De son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches, Céline est d'un avis assez général considéré comme l'un des plus grands écrivains français du XXe siècle. Il a révolutionné la littérature avec ses deux chefs-d'oeuvre : Voyage au bout de la nuit (Denoël, 1932) et Mort à crédit (Denoël, 1937). Mais ce sont surtout ses pamphlets antisémites de 1937 qui retiennent l'attention des historiens...

Né dans la dentelle

« La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C'est moi le printemps ! » (Mort à crédit). C'est en effet le 27 mai 1894 que Louis-Ferdinand Destouches voit le jour à Courbevoie où son père Fernand est correspondant d'une compagnie d'assurance.

Photographie de Louis-Ferdinand Destouches en cuirassier, octobre 1914. Agrandissement : Dessin représentant le cuirassier Destouches sous le feu de l'ennemi, L'Illustré national n°52, novembre 1915.Sa mère, Marguerite, y tient une boutique de « modes et lingerie » mais de mauvaises affaires obligent la famille à déménager en 1899 à Paris, passage Choiseul (IIe arrondissement). Après une enfance choyée, il décide de devancer l'appel en 1912 : c'est dans la cavalerie qu'il voit son avenir.

Le cuirassier Destouches va peu connaître les combats de la Grande Guerre. Le 27 octobre 1914 il est en effet blessé au bras lors d'une mission pour laquelle il s'était fait porter volontaire, du côté d'Ypres. Il y gagne une médaille militaire, une Croix de guerre, un article de L'Illustré national et la liberté.

Il découvre alors les charmes de Londres et d'une entraîneuse du nom de Suzanne Nebout qu'il épouse discrètement en 1916. Cette union tourne court quelques semaines plus tard avec le départ du jeune marié pour le Cameroun où il devient « surveillant de plantation ». Mais c'est malade qu'il rejoint la France, à peine 8 mois plus tard.

Ce bon docteur Destouches

Louis-Ferdinand décide de passer son bac, à 25 ans pour devenir médecin. Après avoir soutenu une thèse sur l'hygiène des mains, il est envoyé par la Société des Nations à New York puis en Afrique de l'ouest. Mais il préfère revenir s'installer à Clichy pour ouvrir un cabinet où il reçoit gratuitement ses patients les plus pauvres, avant de travailler pour un dispensaire.

Cette époque difficile est adoucie par sa rencontre avec celle qui restera son grand amour, la danseuse américaine Elizabeth Craig.

« J'ai écrit pour me payer un appartement... »

Fin 1929, il s'attelle à la rédaction d'un roman inspiré de ses propres expériences. Les 700 pages de son Voyage au bout de la nuit, qu'il choisit de signer du prénom de sa grand-mère, est publié chez Denoël en 1932.

Louis-Ferdinand Céline lors de l'attribution du prix Renaudot à son roman Voyage au bout de la nuit, 1932, Paris, BnF. Agrandissement : Première couverture du Voyage au bout de la nuit aux éditions Denoël, 1932. La maison d'édition se lance alors dans une campagne publicitaire peu courante : « Vous aimerez ce livre ou vous le haïrez. Il ne vous laissera pas indifférent »...

Si le prix Goncourt lui échappe, le Renaudot et surtout un beau succès populaire viennent rassurer l'écrivain à qui certains reprochent d'être un « sombre bavard et un raseur impitoyable » (Le Figaro), vulgaire et sans style.

Il est temps de penser à l'écriture d'un nouveau roman, au titre bien inoffensif : Tout doucement. Mais l'omniprésence de l'argot, de phrases fragmentaires, de cohortes de points de suspension et surtout de passages très crus poussent l'éditeur à couper des extraits.

Les critiques se déchaînent contre le roman rebaptisé Mort à crédit (1936). Céline préfère donc laisser de côté pour le moment l'écriture romanesque.

La haine

Écrivain désormais reconnu, Céline n'en a pas pour autant abandonné son métier de médecin. Sa clientèle reste celle des petites gens qui ne cesseront de vanter sa gentillesse et son humanité.

Pourtant, il va désormais montrer dans ses écrits une brutalité et une haine insupportables. Après Mea Culpa (1936) où il attaque le régime communiste, trois autres pamphlets suivent : Bagatelles pour un massacre (1937), L'École des cadavres (1938) et Les Beaux draps (1941).

Céline y déverse une rage délirante qui prend comme cibles les francs-maçons et surtout les Juifs, désignés comme cause de la décadence du pays. Ces écrits antisémites, d'une violence extrême, sont accueillis avec une certaine tolérance par les critiques qui voient en lui un héritier des antidreyfusards et le porte-parole d'idées finalement alors assez banales. 

« Bouffer du Juif » par Louis-Ferdinand Céline, Le Magazine, n° 306, 16 mars 1941 et présentation d'extraits du pamphlet Les Beaux Draps. L'illustration dépeint Édouard Daladier et Léon Blum en train de sacrifier un soldat français à l'occasion de la déclaration de guerre à l'Allemagne nazie en septembre 1939.

En juin 1940, Céline accompagne dans l'exode une colonne d'évacuation en tant que médecin, expérience qui sera à la base des Beaux draps.

Il s'installe à Bezons (Val-d'Oise) et œuvre au dispensaire local, jusqu'en 1944. Vivant petitement, il travaille à un nouveau roman (Guignol's Band 1, 1944) tout en continuant son œuvre antisémite en proposant différents textes destinés à la presse de l'Occupant.

Publié ou mis à jour le : 2021-09-13 07:40:06
jean-paul MAÏS (12-09-2021 13:39:03)

Sauf à considérer qu'il y a eu deux CELINE, comment peut-on qualifier de génial un antisémite forcené et conséquent qui a dénoncé des juifs et retrouvé PETAIN et LAVAL à SIEGMARINGEN ? Je m'honore de n'avoir jamais rien lu de ce triste sire !

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