L'archéologie, toute une histoire !

Angkor, le réveil de la belle endormie

Quelques voyageurs portugais, un pèlerin japonais... Voici les seuls étrangers qui, en ce début du XIXe siècle, ont pu avoir un vague aperçu des ruines d'Angkor, situées aujourd'hui au Cambodge. En 1866, les explorateurs français entrent dans la course : il est temps pour la cité oubliée de dévoiler toutes ses splendeurs !

Louis Delaporte, Colonnade de l'entrée ouest et vue générale d'Angkor, vers 1870-1873, Paris, musée Guimet. En agrandissement : Louis Delaporte, Vue restituée de la chaussée des géants du Preah Khan d’Angkor, vers 1870-1873, Paris, musée Guimet.

Au fil du Mékong

Portrait de Louis Delaporte, 1882. En agrandissement : Photographie des membres de la mission d'exploration du Mékong sur la terrasse du temple d'Angkor Vat (Doudart de Lagrée, Carné, Thorel, Joubert, Delaporte et Garnier), 1866.

À 24 ans, Louis Delaporte sait bien que ce sont ses talents d'artiste qui lui valent de profiter d'une belle navigation sur le Mékong. Il est arrivé au bon moment, alors que le commandant Ernest Doudart de Lagrée et le lieutenant Francis Garnier cherchaient un dessinateur pour les accompagner dans cette expédition officielle. L'entreprise ne s'annonce pas de tout repos : chargée de vérifier la navigabilité des 6700 km de méandres du fleuve, elle a surtout pour but d'asseoir la position de la France au voisinage du Siam, où les Anglais se sont déjà installés.

Les Français ont choisi de faire un détour pour passer une dizaine de jours dans les ruines d'Angkor, « officiellement » découvertes en 1859 par Henri Mouhot. Malgré l'état des monuments, peu à peu dévorés par la nature, Delaporte tombe fou amoureux de l'ancienne capitale khmère ! Mais l'étape ne peut durer, il faudra se contenter d'imaginer les merveilles qui se cachent encore dans les 200 km2 du site.

Au musée et impressions d'artiste

De retour à Paris, Delaporte se fait le héraut d'Angkor et de son art. La place de ces chefs-d'oeuvre de l'Humanité est au Louvre ! Une centaine de caisses d'antiquités khmères sont entreposées en 1874 sur les quais de Paris, devant le musée. Après des mois d'attente, les oeuvres sont finalement stockées au château de Compiègne où elles formeront la base du tout premier musée d'art khmer. La collection ne trouvera son écrin actuel qu’en 1931 en entrant au musée Guimet.

Pour faire connaître ses chères ruines, Delaporte a une arme à l'efficacité redoutable : ses dessins. Prenant grand soin de s'appuyer sur les croquis réalisés sur place, il a créé toute une iconographie qui fait revivre l'ancienne Angkor. Certes, ces illustrations n'hésitent pas à faire cohabiter détails scientifiques et reconstitutions quelque peu farfelues, mais le charme opère. Delaporte eut également l'idée géniale d'intégrer des moulages grandeur nature à des maquettes pour bâtir de pseudo-palais. Si notre explorateur ne revit jamais la cité de ses rêves, par son enthousiasme sans faille il a largement contribué à faire naître une belle histoire d'amour entre la France et la capitale oubliée des rois khmers.

Sources :

Angkor, naissance d'un mythe. Louis Delaporte et le Cambodge, 2014, éd. Gallimard / Musée Guimet.

Bruno Dagens, Angkor, la forêt de pierre, 1989, éd. Gallimard (« Découvertes »)

Publié ou mis à jour le : 2021-04-27 22:10:58

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