François Charette (1763 - 1796)

Insoumis vendéen

Le 11 mars 1793, les paysans du Bas-Poitou, au sud de Nantes et dans le département de la Vendée, refusent la levée en masse et prennent les armes contre la République. C'est le début des guerres de Vendée. Ancien lieutenant de vaisseau, François Charette est entraîné ainsi que d'autres officiers à la tête de l'insurrection, au nom de Dieu et du Roi.

Charette fait très vite bande à part. Il mène sa propre guerre contre les armées de la Convention, les « bleus » sans guère se solidariser des autres chefs vendéens. Il n'appartient pas à la grande noblesse comme le jeune et charismatique Henri de La Rochejaquelein. Il n'est pas non plus très pieux comme Cathelineau, Bonchamp ou Lescure. Mais c'est une forte tête, un meneur d'hommes et un chef militaire remarquable.

Au bout de deux ans de succès et surtout de revers, alors que Robespierre vient d'être renversé et que les périls extérieurs s'éloignent, la Convention le convainc de conclure une trêve mais celle-ci ne durera pas. Bien qu'isolé, Charette reprend le combat en Bretagne en 1795. Cette décision signe sa perte...

Pénélope Pélissier

Un officier au service de la cause vendéenne

François Athanase Charette de La Contrie (17 avril 1763 ; 29 mars 1796), pastel anonyme, Conseil général de VendéeFrançois Athanase Charette de la Contrie naît le 2 mai 1763 à Couffé, non loin de Nantes. N'étant que le cadet d'une famille de petite noblesse, il n'a droit qu'à une modeste part de l'héritage familial.

Après avoir étudié à l'école des Gardes de la Marine, il devient lieutenant de vaisseau en 1787 et participe à de nombreuses batailles dans le monde entier : en Russie, en Amérique, au Maghreb...

En 1790, il prend une retraite anticipée et revient au pays pour épouser la veuve de son cousin, qui a quatorze ans de plus que lui... et une belle dot ! Le couple s'installe en Vendée, dans le manoir de Fonteclose et Charette se fait une réputation de coureur de jupons qui ne le quittera pas.

François de Charette par Jean-Baptiste Paulin Guérin, 1816. Source : Musée d'art et d'Histoire de Cholet.Au début de la Révolution, en 1791, il rejoint les émigrés de Coblence, en Allemagne, d'après les dires de certains historiens. Quoi qu'il en soit, l'année suivante, on le retrouve en France.

1793 marque un tournant pour le jeune homme : le 27 mars, deux semaines après le début de l'insurrection, des paysans vendéens viennent le chercher chez lui. Ils lui demandent de devenir leur chef pour remplacer Louis-Marie de la Roche Saint-André, mort à Pornic en combattant l'armée républicaine.

Charette, loin d'être enchanté par cette offre, tente de se dérober en se cachant sous son lit ! Finalement, il accepte. Sa première démarche ? Reprendre Pornic aux républicains.

Suite à cette victoire, l'officier adopte sa célèbre devise « Combattu : souvent, battu : parfois, abattu : jamais ». Il la met en application dès le 30 avril en défendant la ville de Legé, puis en combattant vaillement à Saumur au mois de juin, soutenu par des déserteurs républicains.

Combatif mais farouchement indépendant

Après avoir folâtré pendant quelques semaines dans sa bonne ville de Legé, avec ses hommes... et quelques femmes de bonne compagnie, ses « amazones », comme la comtesse Marie Adélaïde de La Rochefoucauld, qui finira fusillée aux Sables d'Olonne, François Charette s'engage aux côtés de la « Grande Armée Catholique et Royale » de Jacques Cathelineau et du marquis de Lescure.

Mais leur tentative pour s'emparer de Nantes le 29 juin 1793 est un sévère échec. Charette et ses hommes, bloqués sur la rive gauche de la Loire, ne peuvent rien faire d'autre que canonner de loin la cité pendant que leurs alliés se font hacher menu sous les murailles.

Heureusement vient ensuite une réussite : la prise de Tiffauges suite à la bataille de Torfou-Tiffauges, le 19 septembre 1793. Cette première grande victoire vendéenne est remportée par Charette sur l'armée républicaine venue de Mayence, sous les ordres de Kléber.

Lors d'un premier assaut des républicains, la veille, les Vendéens s'étaient débandés et n'étaient repartis au combat que sous les insultes de leurs femmes, Charette lui-même les exhortant et leur lançant : « Qui m'aime me suive ! Puisque vous m'abandonnez, je vais moi-même vaincre ou mourir. » Là-dessus, le lendemain, était arrivée en renfort l'armée d'Anjou et du Haut-Poitou sous les ordres de d'Elbée, Lescure et Bonchamp, ce dernier sur un brancard. Cette armée avait pu se libérer grâce aux dissensions entre les républicains, les sans-culottes de Saumur et La Rochelle n'ayant pas voulu soutenir les « Mayençais ».

En octobre 1793, n'obéissant pas aux consignes de ses alliés et partenaires, Charette s'empare de l'île de Noirmoutier en ne craignant pas de traverser à marée montante le gué qui sépare l'île du continent.

Statue de Charette lors de son exécution. Source : Parc du château de la Contrie, à Couffé.Dans le même temps, l'Armée catholique et royale subit un terrible échec à Cholet. C'est le début de la fin. Les défaites se succèdent pendant que les « colonnes infernales » du général Louis-Marie Turreau ravagent la Vendée.

Suite à la chute de Robespierre et à la fin de la Terreur, la Convention demande aux  généraux Lazare Hoche et Jean-Baptiste-Camille de Canclaux de ramener la paix dans la région.

La soeur de Charette convainc celui-ci de négocier avec les nouveaux chefs républicains et en particulier Albert Ruelle. Après plusieurs jours de négociations, un traité de paix est conclu au manoir de La Jaunaye, près de Nantes, le 17 février 1795, mais seuls les représentants de la République le signent !

Les Vendéens obtiennent le droit de pratiquer le culte catholique et sont dispensés de tout devoir militaire envers la République. On promet aussi de leur rendre les biens qui leur avaient été confisqués. Hoche doit veiller à l'application de ces mesures.

Dix jours plus tard, ceint de l'écharpe blanche des royalistes, Charette défile à Nantes avec quelques-uns de ses officiers ainsi qu'avec le général républicain Canclaux et le représentant en mission Ruelle. 

Exécution du général Charette place de Viarme à Nantes, par Julien Le Blant, 1883.

Jusqu'auboutiste à Quiberon

Les paysans vendéens, qui ont retrouvé leurs églises et leurs curés, n'ont plus envie de se battre. Mais Charette, quant à lui, se prend au jeu. Peut-être ému par la mort du malheureux Louis XVII, l'enfant de Louis XVI, il noue à Belleville, le 25 juin 1795, une alliance secrète avec des représentants du comte de Provence, frère cadet de Louis XVI, futur Louis XVIII. Les Anglais lui offrent un appui intéressé.

C'est ainsi qu'une troupe de quelques centaines de royalistes armés venus d'Angleterre débarque deux jours plus tard à Carnac. Mais, alors que le général Hoche se prépare à les affronter, ses chefs se disputent sur la conduite à tenir.

Le 21 juillet, Hoche inflige aux royalistes une défaite à Quiberon. 750 prisonniers sont sommairement jugés à Auray et fusillés sur la plage malgré la promesse de leur rendre la vie sauve.

Monument érigé en l'honneur de Charette, Saint-Sulpice-le-Verdon.Il en faut davantage pour décourager Charette. En dépit de son isolement volontaire, il se propose d'organiser un nouveau débarquement de royalistes avec à leur tête le comte d'Artois, futur Charles X.

En octobre 1795, ce dernier atteint l'île d'Yeu mais, jugeant la situation trop dangereuse à son goût, il préfère rembarquer pour l'Angleterre. Apprenant cela, Charette dit à l'envoyé du prince : « C’est l’arrêt de ma mort que vous m’apportez. Aujourd’hui j’ai quinze mille hommes, demain je n’en aurai pas trois cents. Je n’ai plus qu’à me cacher ou à périr : je périrai. ».

Traqué dans le bocage vendéen, il tente de rejoindre Jean-Nicolas Stofflet, qui continue le combat en Anjou. Mais ce dernier est arrêté et fusillé le 25 février 1796.

Les républicains se mettent en quête du dernier fauteur de troubles : Charette. Ils l'arrêtent dans sa région natale, à Saint-Sulpice-le-Verdon, et le fusillent à Nantes quelques jours plus tard, le 29 mars 1796.

Un monument a été érigé en sa mémoire dans le bois de la Chabotterie, à Saint-Sulpice-le-Verdon. De nombreuses rues de Vendée et de Loire-Atlantique portent aujourd'hui son nom, et un spectacle en son honneur a été créé au Puy du Fou.

Publié ou mis à jour le : 2023-02-13 15:22:43

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