Jérôme Lejeune (1926 - 1994)

Le découvreur de la trisomie 21

Jérôme Lejeune avec un enfant atteint de trisomie 21.Jérôme Lejeune débute dans la carrière médicale en soignant les enfants atteints de « mongolisme ». Il a 32 ans quand, avec sa collègue Marthe Gautier, il découvre dans le laboratoire du professeur Turpin, que le handicap vient d’un chromosome en surnombre. Ce handicap mental, qu’on appellera désormais « trisomie 21 », est le premier reconnu d’origine génétique.

Bénéficiant d’une immense popularité, le professeur Lejeune va dès lors se mettre en quête d’un traitement. Mû par une foi intransigeante, il n’aura de cesse de dénoncer la solution par défaut de l’avortement sélectif préconisée par la sphère médicale. Cet engagement le privera du Prix Nobel de médecine mais lui vaudra en 2021 d’être reconnu « vénérable » par l'Église catholique, premier pas vers la béatification.

La découverte de la trisomie 21

Jérôme Lejeune obtient la mention « très honorable » à sa thèse de médecine soutenue en 1951 sous la direction du professeur Raymond Turpin (1895-1988). Ce dernier le prend à son service l’année suivante dans son service de pédiatrie à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Lejeune travaille avec le généticien sur des enfants atteints d’un handicap appelé alors « mongolisme », à cause de la ressemblance avec les habitants de Mongolie.

Jérôme Lejeune se focalise sur la piste des chromosomes, le professeur Turpin ayant émis dès 1934 l’hypothèse que le mongolisme serait dû à une anomalie chromosomique.

En 1956, sa collègue Marthe Gautier met en place le premier laboratoire français de culture de cellules in vitro, une méthode importée des États-Unis. Elle découvre l’existence d’un 47èmechromosome surnuméraire et, surtout, réalise des photographies de cellules qui vont rendre possible la découverte de la trisomie 21.

En juillet 1958, Jérôme Lejeune et Marthe Gautier examinent les chromosomes d’un enfant « mongolien ». Ils découvrent stupéfaits l’existence d’un chromosome en trop sur la 21ème paire. Pour la première fois, un lien est établi entre un état de débilité mentale et une aberration chromosomique. 

En octobre 1958, Jérôme Lejeune annonce la découverte de la trisomie 21 à l’université McGill de Montréal et s’en attribue la paternité. Quelques mois plus tard, le 26 janvier 1959, une publication, signée par Jérôme Lejeune, Marthe Gautier et Raymond Turpin, révèle à la communauté internationale la découverte de la trisomie 21.

Le succès est à la hauteur de la découverte. En 1961, Lejeune reçoit la médaille d’argent du CNRS, et l'année suivante, le prix Kennedy des mains du président américain. Le 3 juillet 1963, il est nommé directeur de recherche au CNRS. La première chaire de génétique fondamentale est créée pour lui à la faculté de médecine de la Sorbonne. À 38 ans, Jérôme Lejeune est alors le plus jeune professeur de la faculté.

Bien que n'étant pas pédiatre, il continue de suivre et de soigner des milliers de trisomiques dans sa consultation à l’hôpital Necker, à Paris. Il veut changer le regard négatif porté sur les personnes atteintes de trisomie. La foi de Jérôme Lejeune, scientifique chrétien, n’est jamais dissociée de son travail et de sa pensée. Aussi parle-t-il de « fraternité biologique » et insiste sur le fait que chaque enfant est à l’image de Dieu. En tant que médecin, il cherche à supprimer la maladie et non le malade. Il rompt ainsi avec la pensée eugéniste du début du siècle mais en voit le prolongement chez nombre de ses confrères qui envisagent d’éradiquer les malades par des avortements sélectifs plutôt que d’éradiquer la maladie.

La présence de trois copies du chromosome 21 révèle que le foetus est atteint de trisomie 21.

Le combat contre l’avortement

En 1969, au sommet de sa carrière, le scientifique donne un discours poignant à San Francisco, dans lequel il énonce que l’embryon est tout aussi humain que le fœtus. C’est au cours de ce séjour qu’il constate le changement des mentalités. Lui souhaite réduire, voire neutraliser, le déficit cognitif que cause la trisomie 21, mais la sphère médicale se dirige vers une autre voie : dépister le handicap et procéder à des avortements sélectifs sur des embryons porteurs de trisomie. Jérôme Lejeune y voit l’émergence d’un « racisme chromosomique », qui va à l’encontre du serment d’Hippocrate « primum non nocere » (« En premier, ne pas nuire »).

Il prend la présidence de l’association « Laissez-les vivre » tandis que la campagne pour l’avortement s'intensifie avec « Le Manifeste des 343 », dans Le Nouvel Observateur du 5 avril 1971, par lequel des Françaises célèbres ou anonymes déclarent avoir avorté, en violation de la loi de 1920. La loi du 17 janvier 1975 légalisant l'avortement, Jérôme Lejeune continue de s'y opposer, tout comme à la pilule abortive, qu'il qualifie de « premier pesticide anti-humain ». 

Il meurt en 1994 d’un cancer du poumon mais l’Institut qui porte aujourd’hui son nom poursuit ses recherches en vue de guérir la trisomie 21.

Publié ou mis à jour le : 2021-03-14 18:19:52
Gab (17-08-2021 08:25:07)

A propos de l’avortement, l’article parle de « légalisation de l’avortement par la loi du 17 janvier 1975 » mais il serait plus juste de parler de dépénalisation et non de légalisation.... Lire la suite

plumplum (26-06-2021 09:59:50)

Encore une fois ,il n'est pas question de nier les qualités du professeur le jeune; il faut rendre a césar ce qui appartient à cesser et appeler un chat un chat:
La découverte de la trisomie 21 est due au Docteur Marthe GAUTIER et non pas à Jerome LEJEUNE qui à l'époque travaillait aussi sur le"mongolisme" et se faisait le chantre du "pli palmaire".
C'est le Docteur MARTHE GAUTIER, un des 2 femmes interne de sa promotion, bénéficiaire d'une bourse "FULBBRIGHTE," soutenue par le Professeur Robert DEBRÉ part aux Etat -Unis où elle découvre et importe en France la culture des fibrocytes qui permit la visualisation des chromosomes , leur identification et leur comptage .Lejeune beneficiant de beaucoup d'appuis et de beaucoup de moyens se contenta de préter un microscope; Marthe GAUTIER n'eut pas beaucoup d'aide mais beaucoup de talents et de volontés; les cultures de cellules doivent être nourries, tous les jours ,week end et fêtes comprise; elle l'assura.
Le Pr LEJEUNE, avec beaucoup d'appui,s'empara du travail et présenta la communication à l'académie des sciences, omettant même le nom de Marthe GAUTIER Qui n'apparu que le communication suivante.
Même si le Professeur a eu les mérites de sa carrière ultérieur sur des thèmes sociétales, il reste un fait il a voler la découverte et il veut ou va être béatifier! L( 'église est peu regardante;
sur internet allez sur le site Marthe GAUTIER

Loignon (16-03-2021 17:45:43)

Le jeune homme que j'étais dans les années 70 se souvient surtout d'un militant intransigeant pour qui la vie des femmes mourant des suites d'avortements clandestins ne semblait pas si importante...... Lire la suite

Jean-Pierre L (14-03-2021 17:51:29)

Une précision s'impose, et non des moindres. En mai 1958, Marthe Gautier, jeune chercheuse en cardiologie pédiatrique et l'une des rares spécialistes de la culture cellulaire qu'elle a apprise aux... Lire la suite

Fran (14-03-2021 15:46:47)

"Cette maladie, qu’on appellera désormais 'trisomie 21', est la première maladie mentale reconnue d’origine génétique" J'en ai assez de constater cet amalgame "maladie" et "handicap" concerna... Lire la suite

caliope3 (14-03-2021 13:20:43)

Je suis tombé par hasard sur cet article de Charlie Hebdo...
https://charliehebdo.fr/2021/02/religions/jerome-lejeune-saint-patron-des-reacs-et-des-usurpateurs/

turlupin (14-03-2021 10:33:06)

une fois encore, le découvreur de la TRISOMIE 21 N'EST PAS LE DOCTEUR JEROME LEJEUNE MAIS LA DOCTORESSE Marthe Gautier TOUJOURS VIVANTE,pediatre cardiologue ,interne des hôpitaux,bousiere FULLBRIGH... Lire la suite

DIDRAB (14-03-2021 10:27:26)

Bravo d'avoir remis en lumière le travail de Marthe Gauthier qui et la véritable découvreuse de l'anomalie chromosomique de la trisomie 21. C'est elle qui a fait les cultures de cellules et les tec... Lire la suite

Myraph92 (14-03-2021 10:05:53)

Excellent article, mais vous auriez du changer votre titre : "Jérôme Lejeune, l'un des découvreurs de la trisomie 21"

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