À chaque crise politique en France ressurgit le débat sur le mode d'élection des députés au Parlement.
Dans les démocraties modernes, les députés, qui ont vocation à faire les lois, sont élus :
• Soit au scrutin uninominal, avec autant de circonscriptions que de sièges à pourvoir : on vote pour un candidat, qui peut être indépendant ou présenté par un parti.
• Soit au scrutin de liste à la proportionnelle, dans une circonscription à l'échelon du département, de la région ou du pays (proportionnelle intégrale) : on vote dans ce cas pour un parti sans trop se soucier des candidats choisis pour le représenter (ce mode de scrutin est le plus fréquent dans l'Union européenne).
Le général de Gaulle, quand il a promulgué en 1958 la Constitution de la Ve République, n'a pas souhaité y inscrire le mode d'élection des députés. Il considérait que celui-ci était affaire de circonstances, comme sous la IIIe République, durant laquelle il a été plusieurs fois modifié...
Scrutin uninominal ou à la proportionnelle : avantages, inconvénients
Le scrutin uninominal est caractéristique des premières démocraties représentatives : l'Angleterre, les États-Unis et la France des débuts de la Révolution. Rien de surprenant donc à ce qu'il soit encore privilégié dans ces pays.
Ce scrutin répond à un souci d'efficacité : apporter des réponses bien argumentées aux problèmes immédiats du pays. Il correspond aussi à l'esprit profond de la démocratie représentative.
Les personnes élues dans ce cas pour siéger au Parlement sont choisies par leurs concitoyens en premier lieu en raison de leurs engagements publics et de leur charisme personnel. Elles représentent au Parlement un groupe de citoyens et ne prétendent pas être l'émanation de la Nation. Aucune ne s'aviserait de dire : « Je suis la République ! »
Mais quand elles se retrouvent toutes ensemble dans les travées, elles deviennent l'émanation de la Nation. Leur intelligence collective, toute entière dirigée vers le bien public, apparaît alors très supérieure à l'addition de leurs individualités. Elles peuvent proclamer : « NOUS représentons la Nation ! »
L'Assemblée nationale de 1789-1791 était ainsi composée de citoyens de bonne volonté mais très moyens, sans aucun génie parmi eux, mais il n'empêche qu'elle a accompli un travail législatif tout à fait exceptionnel.
Ces députés étaient élus au suffrage censitaire : seuls avaient le droit de voter les hommes qui payaient un minimum d'impôt, le cens (dico).
Pour l'élection des députés de la Convention, en 1792, est mis en place pour la première fois en France un suffrage universel (masculin) tel qu'il se pratiquait déjà dans les jeunes États-Unis. Mais l'expérience ne sera pas renouvelée avant les élections de 1848, sous l'éphémère Seconde République.
La Constitution de l'An VII (1800), sous la férule de Napoléon Bonaparte, innove avec les « listes de notabilités » : les citoyens élisent au suffrage universel direct, dans chaque circonscription, des « listes de notabilités » parmi lesquelles le gouvernement choisit les députés. Ce système, qui relève d'un régime autoritaire, est abandonné à la chute de l'Empire.
Avec le retour sur le trône du roi Louis XVIII et l'introduction d'une forme de monarchie constitutionnelle, la Restauration met en place le scrutin uninominal à deux tours, que nous connaissons aujourd'hui en France : si au premier tour aucun député n'obtient la majorité absolue des suffrages exprimés, vient un second tour avec seulement les deux candidats les mieux placés de sorte que le vainqueur a obligatoirement la majorité absolue.
La Restauration revient toutefois au suffrage censitaire des débuts de la Révolution, avec un nombre très réduit d'électeurs, guère plus de deux cent mille dans tout le pays. Le suffrage universel (masculin) s'impose enfin sous la Seconde République, en 1848. Mais il s'accompagne aussi de l'introduction du scrutin à la proportionnelle.
C'est une première qui rappelle de loin les « listes de notabilités » du Consulat : chaque département se voit attribuer un certain nombre de sièges de députés en fonction de sa population et les citoyens choisissent entre plusieurs listes. Chaque liste obtient un nombre de députés proportionné au nombre de suffrages obtenu.
Avec le coup d'État du 2 décembre 1851 qui instaure le Second Empire, la France en revient à un scrutin uninominal majoritaire mais à un seul tour, comme au Royaume-Uni : c'est le candidat arrivé en tête qui l'emporte, même s'il n'a pas la majorité absolue.
Ce système favorise les grandes formations aptes à soutenir leurs candidats. Il est repris par la IIIe République à sa naissance, en 1871. Mais après la crise du Seize Mai 1877 qui voit la victoire des républicains sur le courant monarchiste, les républicains craignent une remontée de ce dernier.
Le gouvernement inaugure alors, avec les élections législatives de 1885, un nouveau mode de scrutin, le scrutin de liste départemental majoritaire à un tour : dans chaque département, la liste arrivée en tête remporte tous les sièges !
Mauvais calcul : les monarchistes, unis, remportent 176 sièges face aux républicains, divisés entre plusieurs courants (modérés, radicaux, opportuniste). Dès lors, aux élections suivantes, en 1889, la Chambre des députés établit le scrutin uninominal à deux tours que nous connaissons.
C'est le moment où la vie démocratique commence à se structurer autour de partis solidement structurés, avec des militants à la base et, au sommet, des chefs habilités à définir les grandes orientations du parti. Avec le scrutin uninominal, les petites formations, avec trop peu d'électeurs pour l'emporter ne serait-ce que dans quelques circonscriptions, se trouvent alors pénalisées face aux grands partis assurés de les devancer partout.
Ce mode de scrutin va perdurer jusqu'à la fin de la IIIe République et l'instauration du régime de Vichy.
Après la Libération, les fondateurs de la IVe République reviennent au scrutin de liste départementale tel que sous la Restauration, 150 ans plus tôt. Ce système va permettre au Parlement une représentation des quatre principaux partis (PC, SFIO, MRP et radicaux) à peu près conforme à leur poids électoral. Il va s'accompagner d'une grande instabilité gouvernementale, avec 24 gouvernements en douze ans, mais cela n'empêchera pas le régime de moderniser la France.
Le général de Gaulle, à son retour au pouvoir en 1958, va mettre à bas le régime parlementaire et instaurer avec la Ve République un régime présidentiel. Pour limiter les tractations entre partis et favoriser l'émergence de personnalités issues du terrain, il va aussi revenir au scrutin uninominal à deux tours que nous connaissons.
L'un de ses successeurs, François Mitterrand, fera une entorse à ce choix en revenant à la proportionnelle aux élections législatives de 1986, pour tenter de limiter le recul de la gauche. Son calcul se soldera par l'entrée à l'Assemblée de 35 députés du Front National, le parti d'extrême-droite de Jean-Marie Le Pen.
Aux élections suivantes, en 1988, on en reviendra au scrutin uninominal à deux tours. Jusqu'à quand ? La question revient régulièrement en débat...
Qu’en eut-il été aux législatives de l’été 2024 avec la proportionnelle ? Les résultats eussent-ils été différents et propices à des coalitions respectables ?
| Principaux groupes politiques | 1er tour | Sièges obtenus | après le 2e tour |
| % des suffrages | nombre | % sur 577 | |
| Nouveau Front Populaire (NFP) | 29% | 193 | 33% |
| Ensemble (Majorité présidentielle) | 22% | 166 | 29% |
| Rassemblement National (RN) et alliés | 33% | 142 | 25% |
| Les Républicains (LR) | 8% | 47 | 8% |
Le tableau ci-dessus montre, d'après le premier tour, que la gauche représente près d’un tiers de l’électorat, en incluant La France Insoumise (LFI), les socialistes, les écologistes et les communistes. Le bloc central (majorité présidentielle) représente un petit quart de l’électorat. Enfin les droites représentent plus de 40% de l’électorat. Le second tour aboutit à une répartition des sièges à peu près conforme au poids électoral des différents partis. Autrement dit, aux législatives de 2024, dans le meilleur des cas, un scrutin à la proportionnelle n'eut pas donné un résultat mieux équilibré que le scrutin uninominal !
Dans les élections législatives avec un scrutin à deux tours comme en France, les partis minoritaires négocient des désistements réciproques avec les partis qui leur sont proches. C'est seulement ainsi qu'ils peuvent avoir des députés en nombre conséquent... Les écologistes y arrivent avec brio car tous les grands partis ont le souci de négocier avec eux des alliances pour « verdir » leurs affiches. Aux élections locales, les écologistes remportent au second tour un nombre d'élus très élevé relativement à leur faible poids électoral grâce aux désistements en leur faveur. C'est aussi le cas des centristes car, selon les circonscriptions, ils négocient leurs voix entre les deux tours qui avec la droite, qui avec la gauche.
Le Rassemblement National fait exception car tous les autres partis s'interdisent une alliance avec lui. Tirant parti du scrutin uniominal à deux tours, ce « front républicain » a longtemps empêché le parti et ses électeurs d'être correctement représentés au Parlement (sauf précisément en 1986 quand a été utilisé un scrutin à la proportionnelle avec des listes départementales).
Si le RN a donc peu de députés relativement à son poids électoral, la raison en revient à l'absence d'alliances, pas au mode de scrutin. Certains s'en félicitent au nom du « combat antifasciste ». D'autres le regrettent au nom de la démocratie et déplorent que soient ainsi privés de représentation politique les classes populaires, les jeunes travailleurs et les populations d'outre-mer devenus le socle électoral de ce parti ; ils y voient une façon de rétablir le scrutin censitaire en écartant sans le dire les mal-votants opposés à la souveraineté européenne, à la mondialisation, au multiculturalisme, etc.











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Christian (20-10-2025 09:18:07)
Dans les circonstances actuelles, l'introduction d'une dose plus ou moins grande de proportionnelle ne changerait sans doute pas grand-chose. Il semblerait en effet que le RN soit tout près d'obtenir la majorité absolue des sièges aux prochaines élections législatives avec l'appoint de quelques députés de droite qui n'attendent que cela, mais au risque de perdre une partie de son électorat dit "populaire".
De leur côté, le PS et ses alliés (y compris tout ou partie des communistes et des écologistes) peuvent espérer l'emporter à la faveur du déclin relatif de LFI, déclin dû notamment à son agitation stérile dans l'hémicycle et à ses positions ambigües face aux guerres d'Ukraine et de Gaza. Toutes choses égales par ailleurs, c'est ainsi que François Mitterrand avait réussi à se faire élire en 1981, à la faveur du déclin du PCF qui jouait alors sur la scène politique un rôle analogue à celui de LFI.
manoon (19-10-2025 23:08:04)
la proportionnelle parait à première vue la plus juste puisque chaque parti le nombre d'élus correspondant aux resultats proportionnels du vote. En fait on constat que dans ce cas ce sont les petits partis qui dominent le jeu car on a besoin d'eux pour avoir une majorité. ainsi avec 10 ou 15% des voix, ils font la pluie et le beau temps. ce n'est donc plus la majorité qui gouverne mais la minorité.
MR (04-08-2025 13:51:41)
Merci pour cet article qui pose la question du mode de scrutin. .Quelques petites remarques.
Les inconvénients du mode de scrutin à deux tours ne sont pas assez développés. Ce mode biaise le choix des électeurs car la question qu'il pose n'est pas "quel est mon candidat préféré mais qui placer au 2ème tour pour éviter, la victoire de celui que je rejette".
D'autres modalités d'élection existent, par exemple, le scrutin de Condorcet ou le scrutin par classement et élimination à n tours, ils évitent beaucoup des défauts des autres modalités et notamment la bipolarisation sur les extrèmes, ils ne nécessitent qu’une seule consultation.
Quelques vidéos explicatives
https://youtube.com/watch?v=vfTJ4vmIsO4&si=QCWfbpndLWyh7ooc
https://youtube.com/watch?v=VNcj7-XUhoc&si=s1_bn_qm3n8bcVwt
https://youtube.com/watch?v=_MAo8pUl0U4&si=XoiIqcPjJb3V9GPB
https://youtube.com/watch?v=hI89r4LqaCc&si=2Ig7sHXIdIX8zsp2
La proportionnelle intégrale confisque le pouvoir des électeurs, les partis étant maîtres du nom des élus, le copinage devient la règle. Reste pour les législatives le système mixte, bien expliqué dans la vidéo suivante
https://youtube.com/watch?v=azIpAiayPZY&si=kAMk2QTkaQSJJqA3)
Enfin, s'il est vrai que dans certaines circonscriptions les députés représentent moins d'électeurs qu'à Paris ou dans d'autres circonscriptions, il n'en demeure pas moins que Paris est surreprésenté si on regarde les lieux de résidence principale, d'où un déséquilibre grave de représentativité ; un député résidant à Paris et représentant une autre circonscription se battra pour ce qui est directement visible des ses électeurs, mais pas pour ce qui opposerait Paris au reste de la France. Un élu local devrait obligatoirement être domicilié (résidence principale) sur la zone d'élection.
Alban (24-07-2025 19:00:29)
Jean-Luc (Drôme) omet un facteur essentiel : dans le scrutin à la proportionnelle, ce sont les états-majors des partis, au niveau parisien, qui établissent les listes de candidats. Et dans ce cas, les jeux de pouvoir et les petits services entre copains prévalent sur tout le reste. On le voit bien avec les élections à la proportionnelle au Parlement européen : ce sont les apparitchiki, les recalés du scrutin uninominal, les vieux chevaux de retour et les vedettes des médias qui occupent les listes.
Jean-Luc (Drôme) (24-07-2025 11:42:43)
Merci pour cette analyse, à la fois enrichissante et contestable dans ses arguments.
Car en matière politique à peu près tous les arguments peuvent être retournés si on les regarde à l'envers !
Je lis dans un commentaire qu'il faut rapprocher les élus de leurs électeurs et en même temps qu'il faut diminuer le nombre d'élus, sous-entendu qu'il n'est nul besoin d'en avoir autant pour réfléchir. C'est contradictoire, diminuer le nombre d'élus implique d'augmenter le nombre de citoyens par élu, donc les éloigner de "la base".
Je lis une proposition de faire élire la chambre basse au scrutin uninominal et la chambre haute à la proportionnel. Belle idée ... c"est exactement le mode actuel d'élection, car les sénateurs sont actuellement élus à la proportionnel par département dès lors qu'il y a quatre postes à pourvoir (la proportionnelle dans un département avec un seul élu serait un peut compliquée).
Il me semble que beaucoup de positions ne prennent pas en compte la fonctions des élus et sénateur : celle de faire la loi pour l'ensemble du pays. L'élu de la circonscription de Figeac (par exemple) ne sont pas élus pour représenter les Figeacoisese et Figeacois, mais pour représenter les françaises et les français et dire la loi de la France, pas pour régir les intérêts de la ville de Figeac.
Et ces pour cet objectif que les élus de la Révolutions ont été remarquables : faire une nation une et indivisible alors qu'ils étaient élus par des micro-territoires au droit disparates et antagoniques, alors même qu'ils avaient été élus pour défendre les particularismes locaux.
Les candidats dans les scrutin uninominal sont choisis par les partis au même titre que les candidats sur une liste proportionnelle. La fiction des candidats indépendants fait florès mais ne résiste pas à la réalité tant leurs succès sont limités et éphémères. Cette possibilité a surtout servi aux notables exclus de leurs parti pour condamnation judiciaire, malversation, agression sexuelles, ... Et il est assez facile de présenter une liste de 30 (par exemple) indépendants sur une région ou un gros département (certains partis d'E.D. arrivent bien au niveau d'une commune à trouver 30 clampins qui ne comprennent même pas la déclaration de candidature qu'ils ont signée).
Un députée, une sénateur, doit être compétent dans le domaine législatif, c'est son boulot, pas de couper les rubans lors de la pose d'une nouvelle couche de goudrons sur un chemin vicinal. Et l'intérêt d'un scrutin de liste est de permettre d'avoir des candidat.e.s estropié.e.s, borgnes, bafouillant, ... qui ne seraient pas élu.e.s pour leur beauté physique ou leur capacité de tribun mais qui feront consciencieusement leur travail d'alus : faire la loi et contrôler le gouvernement. C'est ce qu'on fait lors des élections munjicipales en tête le beau gosse et la belle femme, en arrière les futur.e.s adjoint.e.s avec leurs compétences.
En ce sens la proportionnelle me semble le moins pire des mauvais systèmes électoraux qui sont à notre disposition.
Bernard (22-07-2025 10:55:10)
Le retour de la proportionnelle se traduirait par une confiscation du droit de vote, qui serait remis aux partis, les électeurs n'ayant plus qu'à adouber les candidats choisis par ces derniers. Nous aurions ainsi des indéboulonnables au Palais-Bourbon, chefs de partis, notamment, vissés sur leur fauteuil pour 30 ans et plus. Naturellement, plus la proportionnelle serait intégrale plus ce phénomène serait marqué. Ce serait vraiment le clou sur le cercueil de la Vème République, déjà mal en point après le coup d'Etat commis par le conseil constitutionnel en 1971 et les cohabitations à répétition (1986, 1993 et 1997), véritables trahison de l’esprit initial du régime.
Un autre conséquence, gravissime celle-là, ne manquerait pas de se manifester : la paralysie. Un gouvernement n'est pas une photo de famille. Il faut au pays un cap, bon ou mauvais, mais pour le choix duquel les responsabilités sont clairement situées. Les petits partis charnières et les partis extrémistes seraient les rois de toutes les combinaisons, comme par exemple en Israël actuellement.
On notera, s'agissant du Rassemblement national, que sa position en faveur de la proportionnelle est d'autant plus étonnante que le scrutin majoritaire lui laisse enfin entrevoir une accession sans partage au pouvoir.
A moins que le retour du serpent de mer de la proportionnelle résulte aussi du vertige qui saisit les responsables politiques devant l’état de la France, aucun parti ne souhaitant assumer seul les conditions de son redressement : bras de fer avec l'UE à propos de l'immigration, fin des 35H, licenciements dans la Fonction publique, fin de la plupart des prestations sociales, mise au régime sec des collectivités locales et des associations, élagage sévère du mille-feuilles administratif, amputation des retraites, saisie de l'épargne à partir d'un certain montant, etc.
JL GUYOT (21-07-2025 11:42:53)
Bonjour
Il est évident qu'aucune solution n'assure la légitimité des parlements face à un exécutif fort ni la stabilité et l'efficacité en l'absence de majorité absolue.
Il reste une solution qui n'est pas évoquée mais qui quelques partisans : le tirage au sort.
Cette représentation du peuple qui est règle pour les jurés d'assise pourrait aussi fonctionner pour le parlement avec quelques aménagement.
Comme pour le sénat, renouvellement par moitié ou tiers afin de conserver un fond d'expériences et acculturer les nouveaux sur des mandats de quatre ou six ans.
Comme proposé mais pas toujours utilisé, une formation législative.
Le mandat unique assure une vrai légitimité.
Reste un gros problème : le niveau d'indemnisation. Il doit être suffisant pour limiter les tentation de corruption, mais suffisamment contenu pour ne pas être soupçonné de prébende.
Bernard (19-06-2024 23:39:33)
Excellente analyse comparative.
En fait, le mode de scrutin des Législatives tente de concilier 2 objectifs qui peuvent être contradictoires : représenter fidèlement l'opinion des électeurs et dégager une majorité de gouvernement stable. Le scrutin uninominal à deux tours de la V° République n'y parvient pas trop mal. Cependant, entre ces 2 objectifs, les pays ayant en charge le tragique de l'Histoire (en gros, les membres permanents du Conseil de Sécurité) ont tendance à privilégier un mode d'accès au Pouvoir (démocratique ou non) qui permet une stabilité et une centralisation de celui-ci. Difficile quand on veut disposer d'une dissuasion nucléaire crédible de devoir recourir d'un débat au Parlement avant d'appuyer sur le Gros Bouton Rouge.
Cela peut contribuer à expliquer les différences entre les régimes constitutionnels français et belge. Les législatives britanniques de 1940 ont été repoussées...jusqu'à la fin de la guerre. Et Churchill a été désavoué en 1945 en pleine conférence de Postdam qui s'est terminée sans lui, 4 jours avant Hiroshima.
bison categorique (19-06-2024 17:14:15)
Il me semble que la majorité des pays européens utilisent un scrutin à la proportionnelle, mâtiné de dispositifs qui permettent d'éviter les inconvénients dont vous parlez et surtout de gouverner (il n' a pas que la Belgique en Europe!!). Il reste que dans le système français, au moins 30% des électeurs qui vont voter n'ont pas droit à un représentant. J'ai fait ce calcul sur la base des résultats de plusieurs élections législatives (sauf les dernières). et cela est dû soit au magouillage pré-électoral entre les partis soit au fait qu'une partie des électeurs décident que les autres n'ont pas le droit à un représentant ce qui est contraire au principe même de la Démocratie (et ce qui est différent de ne pas nouer d'alliance). Par ex, depuis plusieurs élections législatives, pour avoir un député FN/RN, il faut exactement dix fois plus d'électeurs que pour n'importe quel autre parti, fût il minuscule.
Jacques Groleau (12-06-2024 15:36:44)
Il n'y a pas de "modèle parfait". Mais il y a une possibilité qui serait intéressante à essayer :
Il y a 2 chambres parlementaires, en France. Pourquoi pas l'une au scrutin majoritaire de circonscription (et j'ai une préférence pour "à un seul tour", ce qui éviterait les "magouilles entre petits copains entre les 2 tours), et l'autre au scrutin proportionnel sur la France entière ?
Resterait à définir comment le gouvernement est responsable ; ce qui relève de la "cuisine politicienne".
Bernard (12-06-2022 16:02:15)
Avec le scrutin majoritaire, les électeurs choisissent leur député. Certes, avec bien des imperfections (bourrage de crânes, charcutage électoral, etc.). Mais ils PEUVENT choisir.
Avec la proportionnelle, c'est fini : ce sont les partis qui choisissent. Il y aura ainsi des inamovibles de la politique, parce que têtes de liste. On aura des Hidalgo, des Royal, des Hollande, des Philippe, des Bayrou, des Mélenchon, des Rousseau, des Zermmour, etc. pour 30 ans. Sans parler des partis islamiste, juif, intégriste, animaliste, vegan, breton, corse, etc.
Cela seul - me semble-t-il - suffit à condamner la proportionnelle.
Didier (01-03-2021 18:49:06)
1 Bien des problèmes sont identiques que le scrutin soit proportionnel ou uninominal
Les électeurs devraient « se déterminer non sur une personnalité mais sur une étiquette» ou à l’inverse « sur la personnalité du candidat». Le problème est l’impossibilité de pouvoir choisir à la fois sur une personnalité ET sur une étiquette : un habitant UMP de Levallois Perret avait le choix entre un escroc UMP et des candidats non UMP ! Il faut donc permettre aux électeurs d’éliminer des candidats sur la liste du parti de leur choix pour toutes les élections. Et assortir les condamnations d’une peine d’inéligibilité.
C’est clair que « les petits partis tentent de séduire les électeurs non sur un programme politique global mais sur un enjeu particulier ». Le problème est que peuvent se présenter à toutes les élections des micro-partis, des groupes de pressions, voire des « électrons libres », dont le seul but est d’avoir une tribune.
2 où sont les vrais problèmes de non représentativité ?
En quoi y-a-il une « absence criante de représentativité » des conseils régionaux et du Parlement européen élus à la proportionnelle ?
Le mode de scrutin actuel surreprésente les zones rurales. Par exemple un Lozérien pèse trois fois plus qu’un Parisien : un député pour 38.000 Lozériens contre un député pour 128 000 Parisiens.
C’est pour le Sénat qu’il y a une « absence criante de représentativité » : c’est une cooptation, faite entre des individus élus pour 99.5 % d’entre eux pour des questions locales (conseillers régionaux, départementaux, municipaux), et de surcroit pour un mandat de 6 ans, soit plus que les députés et même le président de la république !
Bertrand (22-02-2021 10:59:55)
Le fait que la démocratie soit actuellement en panne en France - comme le montre la montée de l’abstention - résulte d’une multitude de facteurs : discrédit de la classe politique, sentiment diffus que les vraies décisions se prennent ailleurs (pouvoir croissant des juges, de la technocratie bruxelloise, des médias et des GAFA), recul de l’esprit civique, faillite du système éducatif, triomphe du consumérisme et du chacun pour soi, absence de grande cause nationale à défendre, etc., et non du seul mode de scrutin.
En fait, le retour de la proportionnelle ne ferait qu’empirer la situation.
Les élections ont en effet pour objet de dégager une majorité pour gouverner (objectif du scrutin uninominal) et non de faire une photo de famille (objectif de la proportionnelle).
Dans un pays désormais aussi fracturé que la France, le retour de la proportionnelle aboutirait à une catastrophe (risque sérieux de listes islamiques, végan, régionalistes, etc.) et, à terme, peut-être à l'éclatement d'un pays qui a mis - non sans mal - plus de mille ans à s'édifier, avec des frontières à peu près stabilisées.
En réalité, la proportionnelle - comme le vote par correspondance (dont on vient de voir le résultat désastreux aux Etats-Unis) ou le vote anticipé - achèverait de mettre la classe politique à l'abri des électeurs, qui n'auraient plus aucune prise sur un système politique déjà opaque et, pour une large part, confisqué par l'oligarchie.
Pour remettre la machine démocratique en route, il y a d’autres voies, par exemple : réduction du nombre de parlementaires (promesse électorale restée sans suite d’E. Macron) à un niveau raisonnable : 300 députés et 100 sénateurs suffiraient amplement et redonneraient du lustre à la fonction, retour au mandat de 7 ans pour le président de la République avec pour contrepartie l’impossibilité de se représenter, recours systématique au référendum pour tout sujet de société dès lors qu’un million d’électeurs le demandent, possibilité de révocation donnée aux électeurs mécontents de leur député, réforme du Conseil constitutionnel cantonnant ses pouvoirs aux seuls articles de la constitution, sans qu’il puisse « interpréter » le préambule.
Emile (21-02-2021 21:20:36)
Votez VOTEZ VOTEZ !!! Majoritaire Proportionnelle ou pas , c est la Haute fonction publique qui tient la pédale du frein 😎 ! Sauf a creer un vrai SPOIL systeme a l Americaine et encore .’’’’’ DEEP STATE IS WATCHING YOU !!! Politiques , Il ne leur reste que du SOCIETAL !et faut être motivé pour l euthanasie du 9 eme mois 🥸
Groleau (21-02-2021 21:18:07)
Bonne comparaison des avantages et inconvénients des divers "systèmes". En suggérerais-je une autre ? Beaucoup de pays "démocratiques" (dont la France) ont 2 chambres parlementaires. Pourquoi ne pas en avoir une au scrutin uninominal (et mon penchant va au scrutin à 1 seul tour, pour éviter les "alliances contre nature" et "exclusions discriminatoires"...) et un scrutin à la proportionnelle "pure" ou presque ? Avec un gouvernement responsable seulement devant les élus au scrutin uninominal, mais des textes votés (avec présence obligatoire !) par les 2 chambres...
jacques (21-02-2021 17:32:08)
Excellente critique dla es différents modes de scrutin, et nécessaire mise en garde des mirages de la proportionnelle et de ses dangers.
Le rôle des parlementaires n'est pas
Jean Paul MAÏS (21-02-2021 14:44:55)
"Le mieux serait l'ennemi du bien" ? Et ce mieux serait la proportionnelle intégrale, le seul mode électoral à proposer "One man, one vote" serait "d'apparence démocratique" ? L' historien se laisse emporter par ses convictions politiques personnelles, ce n'est pas ce que l'on attend de vous !
Michel (21-02-2021 10:50:43)
Deux remarques: La première, comme d'habitude en ce qui concerne les médias de France, la Belgique est ignorée. Or ce pays, depuis 1830, pratique la proportionelle. Nul mieux que le Plat Pays pour montrer tous les défauts de ce système avec des négociations qui n'en finissent pas pour la constitution du gouvernement fédéral mais par contre qui ne pose pas -trop- de problèmeèmes pour les gouvernements régionaux.
L'autre remarque est plus générale. Je crois que ce qui est à la base même du problème, c'est le non respect réel de la séparation des pouvoirs dans la plupart des pays (même dit démocratique). En théorie, le judiciaire, le législatif et l'exécutif devraient être totalement indépendants les uns des autres. Or, sauf aux USA et en partie au Royaumes Unis, le judiciaire est sous la coupe de l'exécutif (par exemple en ce qui concerne la nomination des magistrats du conseil d'état et de la cour constitutionnelle). Mais c'est encore plus flagrant avec la dépendance du législatif envers l'exécutif
Liger (21-02-2021 09:59:06)
Bravo et merci pour cette excellente synthèse, à la fois, complète, honnête, nuancée et réaliste : ce texte devrait figurer au programme de tous les cours d'instruction civique.
Encore une fois, je sais pourquoi j'ai adhéré aux Amis d'Herodote.net
Cordialement,
Le Glaunec (15-11-2011 18:25:12)
C'est la première fois que je trouve une analyse complète et sans passion mais pourquoi dans le système à deux tours ne pas utiliser le système dit finlandais (je crois!!)dans lequel on classe les candidats par ordre de préférence ce qui évite le 2ème tour et les tractations que les électeurs n'approuvent pas toujours et les conduisent à l'abstention