1870-1914

Une République en quête de grandeur

Le 4 septembre 1870, les Parisiens apprennent que, deux jours plus tôt, l'empereur Napoléon III s'est rendu aux Prussiens à Sedan. Ils proclament sans attendre la déchéance de l'empereur et la IIIe République. Un gouvernement provisoire se met en place. Il s'efforce de poursuivre la lutte contre les armées allemandes qui ont envahi le territoire.

Le 14 Juillet 1880, par Alfred Roll (esquisse à l'huile, 1881, Petit Palais, Paris)

La guerre et ses séquelles

Le 8 octobre 1870, Léon Gambetta quitte Paris en ballon pour échapper au siège de la capitale par l'armée prussienne et relancer la lutte contre l'envahisseur. Mais la reddition prématurée du général Bazaine à Metz va ruiner ses efforts en libérant d'importants effectifs ennemis.

Humiliés par leur défaite face aux Prussiens mais également exaspérés par l'attitude de leurs dirigeants, des Parisiens fomentent le 18 mars 1871 une émeute sur la butte Montmartre. Adolphe Thiers, chef du gouvernement provisoire, évacue aussitôt les corps constitués à Versailles. Dans la capitale livrée à elle-même se forme une Commune insurrectionnelle. Elle est anéantie par l'armée au bout de six semaines, le 28 mai 1871 (20 000 morts). Cette guerre civile et sociale au sein même de la guerre patriotique va détourner pendant deux tiers de siècle les dirigeants républicains des questions sociales.

Par le traité de paix signé le 10 mai 1871 à Francfort, le chancelier Bismarck impose un lourd tribut à la France et surtout annexe l'Alsace et la Lorraine du nord. Adolphe Thiers va mettre toute sa fierté à payer au plus vite le tribut, condition sine qua non de la fin de l'occupation militaire.

La République s'installe peu à peu

Le 24 mai 1873, l'assemblée nationale retire sa confiance au président de la République Adolphe Thiers. Elle rêve d'une restauration de la monarchie mais, en rejetant le drapeau tricolore, le comte de Chambord, prétendant au trône, ruine ses espoirs. Faute de mieux, dans l'attente d'un compromis, l'assemblée confie le 20 novembre 1873 la présidence de la République au maréchal Patrice de Mac-Mahon pour sept ans.

Peu à peu cependant, les députés et les citoyens s'accoutument à l'absence de monarque. C'est ainsi que le 30 janvier 1875, l'amendement Wallon introduit subrepticement le mot République dans les lois constitutionnelles.

Le 16 mai 1877, le régime est confronté à une grave crise institutionnelle. Ce jour-là, le président Mac-Mahon renvoie le président du Conseil Jules Simon. Quelques jours plus tard, il dissout la Chambre des députés qui a eu le front de protester.

La nouvelle Chambre, qui est à majorité républicaine et non plus monarchiste, récuse le ministère choisi par le président. Celui-ci n'a pas d'autre choix que de s'incliner. Il démissionne enfin le 30 janvier 1879. Après lui, aucun président de la IIIe République n'osera plus dissoudre la Chambre des députés.

Jules Ferry affermit la République

Le 29 mars 1880, le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry expulse les religieux de l'enseignement. Il établit par ailleurs la gratuité de l'enseignement primaire le 16 juin 1881 et le rend laïc et obligatoire le 29 mars 1882. Son ministre Waldeck-Rousseau abolit la loi Le Chapelier (1791) le 21 mars 1884 et autorise les syndicats ouvriers.

Dans le même temps, Jules Ferry, républicain de gauche, se fait le chantre de la « mission civilisatrice  » de la France.

L'annonce du « désastre de Lang-son » (le repli d'une troupe française face à des irréguliers chinois) vaut à Jules Ferry d'être surnommé « Ferry-Tonkin » et, le 30 mars 1885, une immense manifestation devant le Palais-Bourbon (la Chambre des députés) l'écarte définitivement du pouvoir.

La République, en attendant, affermit ses bases morales. Le 14 juillet 1880, l'anniversaire de la prise de la Bastille est déclaré fête nationale.

Les crises de la République

Ministre de la Guerre, le général Georges Boulanger est démis par le président Jules Grévy le 18 mai 1887 pour avoir failli céder à une provocation allemande. Sa popularité va pendant quelques mois donner des sueurs froides aux républicains. Nouveau scandale avec la mise en liquidation judiciaire le 4 février 1889 de la Compagnie du canal de Panama.

Le 1er juin 1885, les Français communient autour de la dépouille de Victor Hugo. Le Panthéon est rouvert à cette occasion et devient le mausolée des gloires nationales.

L'Institut Pasteur, premier centre de recherche moderne, est inauguré le 14 novembre 1888 à l'initiative de Louis Pasteur, le savant le plus populaire qu'ait connu l'humanité. La Tour Eiffel est inaugurée le 31 mars 1889 en avant-première de l'Exposition universelle qui commémore le centenaire de la Révolution française et témoigne du rayonnement de la République.

Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus, accusé de haute trahison, est dégradé dans la cour des Invalides. Il sera ensuite envoyé au bagne, en Guyane. Le 13 janvier 1898, l'écrivain Émile Zola publie sous le titre « J'accuse » une lettre ouverte au président de la République, qui met en évidence l'innocence de Dreyfus. L'Affaire va soulever les passions en France et dans le monde jusqu'à la réhabilitation du capitaine juif (1906).

La « Belle époque »

Le 15 avril 1900, Paris quitte le XIXe siècle avec la plus grande exposition universelle jamais organisée en France. Sont construits pour l'occasion le pont Alexandre III, le Grand Palais et le Petit Palais ainsi que les gares d'Orsay, des Invalides et de Lyon. Les frères Lumière présentent leurs films sur écran géant. Le 19 juillet est inauguré le métro et dans le bois de Vincennes se déroulent qui plus est les IIe Jeux Olympiques de l'ère moderne !

Le député Aristide Briand fait voter la loi de séparation des Églises et de l'État le 9 décembre 1905. Après plusieurs siècles conflictuels, un modus vivendi stable s'instaure non sans mal entre les religions et la République. Il va résister pendant un siècle.

Publié ou mis à jour le : 2022-01-17 19:20:11

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