Isadora Duncan (1878 - 1927)

Pionnière de la danse moderne

Portait d'Isadora Duncan. En agrandissement : Isadora Duncan photographiée par Arnold Genthe.Danseuse et chorégraphe américaine, Isadora Duncan rompt avec la tradition et transforme l’art de la danse à la fin du XIXème siècle. Elle jette en Europe les bases de la danse moderne.

Pieds nus, drapée dans de fines tuniques inspirées de l’Antiquité, elle s’affranchit de toute technique connue. La liberté, elle la met autant au cœur de ses mouvements que de sa vie amoureuse. Le soir du 14 septembre 1927, à Nice, alors qu'elle part pour un tour en voiture, elle se retrouve projetée sur la chaussée, piégée par son écharpe qui s'est prise dans la carrosserie. Sa mort tragique a contribué à façonner la légende de cette héroïne fascinante.

Charlotte Chaulin
Une vie de danse et d’amour

Isadora Duncan naît à San Francisco, en Californie, le 27 mai 1878. En l’absence de son père, elle vit une enfance bohème entourée de sa mère, pianiste, de ses trois frères et de sa sœur, à Oakland. Dès son plus jeune âge, elle montre un besoin d’expression qui passe par le corps.

« Petite fille, je n’ai connu ni jouets, ni distractions enfantines. Je m’échappais souvent seule dans les bois ou au bord de la mer, et je dansais. A cet âge-là, j’avais l’impression que mes chaussures et mes vêtements n’étaient qu’une gêne. Mes souliers me pesaient comme de fers, mes vêtements étaient ma prison. Alors je les ôtais. Et loin de tout regard, je dansais nue au bord de la mer. » raconte-t-elle dans son autobiographie. 

Son adolescence coïncide avec l’émergence d’un courant d’émancipation de la femme aux États-Unis. La gymnastique et la danse sont, en cette fin du XIXème siècle, recommandées pour la bonne santé des femmes. 

Isadora en fée dans Midsummer night's Dream en 1896. En agrandissement :  Isadora Duncan par Paul Berger en 1900.Poussée par sa mère, Isadora prend des cours de danse mais les pointes et les tutus, ce n’est pas fait pour elle.

En 1892, à seulement quatorze ans, elle s’improvise professeur de danse auprès des enfants de son quartier.

À la Oakland Public Library, qu’elle fréquente de temps en temps, elle fait une rencontre décisive dans son parcours. La poète Ina Coolbrith, amie de nombreux auteurs comme Jack London, Robert Louis Stevenson et Mark Twain, l’initie à la culture classique de la Grèce ancienne. 

En 1899, elle part travailler comme danseuse à Londres. Ses visites du British Museum conforte sa passion pour l’Antiquité grecque. L’année suivante, elle part à Paris et c’est dans la capitale française qu’elle connaît un grand succès. 

La liberté de sa gestuelle fascine. Ses mouvements, réalisés pieds nus sous sa tunique légère, sont novateurs et vivants.

En 1904, elle ouvre une première école de danse. Sa popularité ne cesse de croître et de nombreux artistes veulent la rencontrer. Elle inspire notamment Antoine Bourdelle et Auguste Rodin. 

En 1913, Bourdelle grave son portrait sur les bas-reliefs du tout nouveau théâtre des Champs-Élysées. Cette même année, elle ouvre une deuxième école de danse à Meudon. 

Si vivre et danser sont presque synonyme chez l’artiste, Isadora n’en délaisse pas pour autant les hommes, ni les femmes. L’amour est au cœur de sa création artistique et de sa vie privée.

En septembre 1918, elle rencontre chez une amie l’aviateur Roland Garros. Il joue du piano, elle danse. Les deux ont une brève aventure. « Il me ramena à pied de Passy à mon hôtel du quai d'Orsay. Il y eut un raid aérien, que nous regardâmes en spectateurs, et pendant lequel je dansais pour lui sur la place de la Concorde – lui, assis sur la margelle d'une fontaine, m'applaudissait, ses yeux noirs mélancoliques brillant du feu des fusées qui tombaient et explosaient non loin de nous. Il me dit cette nuit qu'il ne pensait qu'à la mort et ne souhaitait qu'elle. Peu après, l'ange des héros l'a saisi et l'a transporté ailleurs. »

En octobre 1922, elle s’installe à Moscou dans le but de soutenir la nouvelle Union Soviétique et fait la rencontre du poète Sergueï Essénine, de dix-huit ans son aîné. Ils se marient le 2 mai 1922. Mais, alcoolique, son époux se montre violent et la rupture arrive en mai 1923. Dépressif, Essénine se pend dans sa chambre d’hôtel de Leningrad deux ans plus tard. 

Bisexuelle, Isadora écrit : « Je crois que l'amour le plus élevé est une pure flamme spirituelle qui ne dépend pas nécessairement du sexe du bien-aimé. ». Elle entretient une liaison avec la poète Mercedes de Acosta puis avec l’auteur Natalie Barney. 

Isadora Duncan avec Sergueï Essenine en 1923. En agrandissement : Isadora Duncan et ses deux enfants vers 1912 (photographie d'Otto Wegener).

Assassinée par un châle

En août 1927, à l’âge de 50 ans, Isadora s’installe à Nice. Sous le soleil de la côte d’Azur, elle multiplie les liaisons amoureuses avec des jeunes hommes.

Le soir du 14 septembre 1927, elle dîne au restaurant avec son amie Marie Desty. À la fin du repas, un jeune garagiste du nom de Benoît Falchetto vient chercher la danseuse pour lui faire essayer la voiture qu’elle hésite à s’offrir, une Amilcar GS 1924.

Son amie a alors un sombre pressentiment et lui demande avec insistance de renoncer à sa sortie en voiture. Isadora s’en amuse et s’écrie « Je pars vers l’amour ». 

Mais c’est vers la mort qu’elle part ce soir-là. Elle prend place sur le siège passager de la décapotable et enroule son long châle autour de son cou. Elle fait deux tours et laisse les extrémités libres derrière… Dans le vent ? Non, le tissu se coince entre le pare-boue gauche arrière et la carrosserie. 

À peine la voiture démarre-t-elle que la danseuse est projetée sur la chaussée, sa nuque aussitôt brisée. La sortie en Amilcar met fin au destin exceptionnel de la danseuse à qui l’automobile avait déjà causé bien des tourments. Ses deux enfants (3 et 6 ans) avaient péri dans un accident de voiture avec leur nounou, se retrouvant au fond de la Seine en 1913.

Publié ou mis à jour le : 2020-10-11 13:31:14
Loignon (11-10-2020 17:12:12)

Un mot sur le frère d'Isadora, Raymond Duncan (1874-1966), artiste, philosophe et surtout utopiste. Ce fou de la culture de la Grèce ancienne voulut la ressusciter intellectuellement mais aussi matériellement par une Akademia sise rue de Seine à Paris : on pouvait y rencontrer Raymond Duncan toujours drapé dans des tuniques antiques et chaussé de sandales...

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