Rambuteau, pour les Parisiens, évoque une station de métro et une rue au nord des Halles. Qui sait qu'il est aussi le nom du précurseur d’Haussmann ? Préfet de la Seine et donc de Paris de 1833 à 1848, sous le règne de Louis-Philippe, il a entamé avec énergie la modernisation de la capitale.
Sans le comte de Rambuteau, le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870, sous le règne de Napoléon III, aurait été bien en peine d’accomplir l’œuvre de rénovation et d’embellissement portée à son actif.
Un serviteur de l’État
Avant de servir Louis-Philippe, Rambuteau avait déjà une longue expérience des affaires publiques.
Claude-Philibert Barthelot, comte de Rambuteau a commencé sa carrière comme haut fonctionnaire sous le Premier Empire. Nommé chambellan de Napoléon Ier en 1809, il devient comte d’Empire l’année suivante.
En 1833, Louis-Philippe l’investit de la fonction de préfet de la Seine qu’il occupera jusqu’en 1848, tout en étant nommé pair de France en 1835. Rambuteau fait alors le constat d’une ville de Paris insalubre, aux rues étroites, sales, tortueuses, encore marquées par un urbanisme médiéval qui facilite la propagation des maladies comme le choléra en 1832.
Il écrit au roi : « Dans la mission que Votre Majesté m'a confiée, je n'oublierai jamais que mon premier devoir est de donner aux Parisiens de l'eau, de l'air et de l'ombre. »
Il commence par frapper d’alignement 500 maisons dans le centre de la ville, dont les façades rétrécissaient la voie. À son initiative, une loi d’expropriation pour cause d’intérêt public est votée le 3 mai 1841, permettant d’élargir des artères ou d’en tracer de nouvelles. Elle sera appliquée avec une plus grande ampleur par Haussmann à partir de 1853.
De nouvelles rues sont créées : Arcole (près de Notre-Dame), Constantine, Soufflot. Le premier tronçon du boulevard de Strasbourg est mis en œuvre. Innovant, Rambuteau fait percer ensuite une artère de 13 mètres de largeur près des Halles, la première de cette ampleur. Cette rue « de grande communication » , qui portera son nom, amorce le désenclavement du Marais, vieux quartier médiéval entre les Halles et l’île de la Cité.
Il assainit les trottoirs en faisant construire des urinoirs publics - pas moins de 450 ! - que ses détracteurs s’empressent d’appeler « colonnes Rambuteau ». Fâché que son nom soit accolé à ce type d’équipement, il les rebaptise « vespasiennes » en l’honneur de l’empereur romain, qui le premier a taxé la collecte de l’urine en déclarant selon la légende que « l’argent n’a pas d’odeur ».
Il accélère le rythme de construction des égouts, développe les squares et fait planter des arbres sur les places et le long des rues. Ces arbres d’alignement sont aussi une innovation urbaine à son actif.
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HB (17-05-2020 00:20:06)
Que sait-on réellement des idées, des initiatives de ce préfet ? N'avait-il pas des fonctionnaires, des conseillers, des entreprises, qui le conseillaient, préparaient tout pour lui ?