30 à nos jours

Jésus entre Foi et Histoire

L'existence de Jésus de Nazareth, sa prédication et sa mort sur la croix sont des hypothèses historiques généralement acceptées par les spécialistes. Elles s'appuient sur des sources diverses, de l'historien juif Flavius Josèphe aux manuscrits de Qumran. Enfin, il y a les Évangiles, des récits de sa vie et plus précisément de sa prédication, écrits par ses disciples après sa mort.

Flavius Josèphe :

Flavius Josèphe, mort en 100, rapporte dans ses Antiquités juives la lapidation de Jacques, « frère de Jésus, dit le Christ » en l'an 62 à Jérusalem. L'authenticité de ce texte de l'an 93 ou 94 est admise à la différence d'un autre texte du même historien qui raconte la crucifixion d'un « homme sage nommé Jésus » (note).

Les manuscrits de la mer Morte :

Les manuscrits découverts à partir de 1947 dans onze grottes des bords de la mer Morte, autour du site de Qumran, font l'objet d'une polémique assez vive. Ils contiennent des fragments de textes en hébreu de l'Ancien Testament, écrits bien avant la naissance de Jésus-Christ et cachés dans les grottes à l'arrivée des Romains par des membres de la secte des Esséniens.

Ils contiennent aussi des parchemins ou des papyrus en grec, plus récents, dans lesquels certains exégètes voient la preuve que l'Évangile de Marc, le plus ancien, aurait pu être écrit vers l'an 50, soit quinze ans plus tôt que l'on croit. Il pourrait dans ce cas être considéré comme un reportage sur la vie de Jésus, mort seulement quelques années plus tôt.

Mais cette théorie est très contestée. Les textes les plus anciens du Nouveau Testament demeurent les épîtres ou lettres écrites dans les années 50 par Paul, dont on sait qu'il n'a pas côtoyé en personne Jésus.

Linteau de la façade de l'abbaye Saint-André-de-Sorède à Saint-André (Pyrénées-Orientales).

Les Évangiles :

Si l'existence d'un prédicateur nommé Jésus ne fait plus guère de doute, quel crédit pouvons-nous toutefois accorder aux récits de sa vie dans les Évangiles? Les exégètes (spécialistes des textes sacrés) s'interrogent depuis le XIXe siècle et l'émergence d'une pensée laïque. L'un d'eux, Ernst Käsemann, a formulé en 1954 une hypothèse séduisante (Le problème de Jésus dans l'Histoire) : un passage des Évangiles peut être reconnu comme plausible et de valeur historique dès lors qu'il enfreint la bienséance de l'époque et les croyances des disciples...

Par exemple, quand Jésus dit à un jeune homme riche : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon que Dieu seul ! » (Marc, X, 18), il tend à contredire la croyance des communautés chrétiennes en la divinité de Jésus. Si l'évangéliste a néanmoins pris le parti de rapporter cette parole susceptible de lui valoir des remontrances, c'est par honnêteté intellectuelle, afin de bien retranscrire un fait réel. 

Il en va de même chaque fois que Jésus se met en porte-à-faux par rapport aux écrits de l'Ancien Testament et de la Thora juive. Les évangélistes qui rapportent ses propos courent le risque de heurter leurs lecteurs israélites ou de provoquer des haussements d'épaule chez leurs lecteurs de culture grecque ou autre. On peut donc convenir qu'ils ne les rapportent que par respect des faits, ainsi que le rapporte Jean-Claude Barreau (Les vérités chrétiennes, Fayard, 2004).

Les représentations picturales du Christ

Chrisme, XIIe siècle, abbatiale de Moissac (Tarn-et-Garonne). « Tu ne feras aucune image sculptée, ni de représentation quelconque de ce qui est dans les cieux, là-haut, ni sur terre, ici-bas » (Exodus 20,4). Fidèles à ce commandement donné sur le mont Sinaï à Moïse par YHWH (Dieu), les premiers chrétiens ne représentent le Christ que sous la forme de symboles.

En premier lieu le poisson parce que ses lettres, en grec, forment l'acronyme du Christ : ICHTUS (Iesous CHristos Theou Uios Soter, Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur). En second lieu le chrisme, avec les lettres alpha, oméga et tau.

On représente aussi Jésus sous la forme du bon pasteur (le berger qui guide son troupeau) ou, plus rarement, comme un jeune homme. Ci-dessous, on le voit à douze ans, dialoguant à Nazareth avec les docteurs de la Loi.

Jésus et les docteurs de la Loi, bas-relief du IVe siècle. Agrandissement : Jésus parmi les docteurs, Autel secondaire de saint Joseph, 1880, Église du Couvent des Augustins, Alsace.

La croix, qui évoque la Passion et le Salut, est représentée nue, sans le Christ, jusqu'au Ve siècle. À cette époque, après qu'ait été oubliée la prescription biblique ci-dessus, on voit apparaître le crucifié sur la croix.

Plus tard viendront les innombrables représentations de l'enfant Jésus, de Jésus prédicateur et du Christ en majesté (après la résurrection). Les portraits du Christ adulte s'inspirent d'une icône appelée le mandylion (linge en grec), aujourd'hui conservée à l'église San Barolomeo de Gênes. Elle aurait été réalisée à Édesse (aujourd'hui Urfa, en Turquie orientale), au IVe siècle.

Publié ou mis à jour le : 2024-04-02 10:13:16
Miseb29 (31-03-2024 19:24:58)

Jean-Claude Barreau (Les vérités chrétiennes, Fayard, 2004) n'est pas une autorité "de première main" ni en Histoire du Christianisme, ni en Études Bibliques. Ernst Käsemann est une autorité ... Lire la suite

Marie-Suzy Vascotto (14-12-2017 12:43:49)

Merci pour cet article, même si sa conclusion est assez vague pour ne laisser place qu'à la foi, ou pas! La question suivante me trotte dans la tête depuis des années, et votre allusion à Jean l... Lire la suite

lili Papé (25-04-2015 16:57:12)

L'Hymne I sur la nativité de Romanos le Mélode (vers 560)nous éclaire avec ce résumé :
Le Père de la Mère est, de son propre gré, devenu son Fils ; le Sauveur des nouveaux-nés est un nouveau-né Lui-même, couché dans une crèche.
Sa Mère le contemple et lui dit : Dis-moi, mon enfant, comment as-tu été semé, as-tu été formé en moi ?
Je te vois, ô ma chair, avec stupeur, car mon sein est plein de lait et je n'ai pas eu d'époux ; je te vois dans les langes, et voici que le sceau de ma virginité est toujours intact : car c'est toi qui l'as gardé quand tu as daigné venir au monde, mon petit enfant, DIEU D'AVANT LES SIECLES.

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