Fondateur de la Savoie moderne, Emmanuel-Philibert a été justement surnommé « Tête de fer » en raison d'un caractère peu commun. Fils du duc de Savoie Charles II le Bon et d'une belle-soeur de l'empereur Charles Quint, il naît à Chambéry le 8 juillet 1528 quand la ville est encore capitale du duché et des États de Savoie.
D'abord la guerre
La Savoie n'est encore qu'une entité secondaire sur laquelle lorgnent les puissants de l'époque, le roi de France François Ier et l'empereur Charles Quint.
Emmanuel-Philibert n'a que seize ans quand, justement, François Ier dépouille son père Charles le Bon de ses États.
D'un caractère peu commun qui lui vaudra le surnom de « Tête de Fer », le jeune homme ne va avoir de cesse de recouvrer son héritage avec une devise qui est tout un programme : Spoliatis arma supersunt (« À ceux qui sont dépouillés, il reste les armes »).
Il s'engage aux côtés de son oncle Charles-Quint et es qualités guerrières lui valent de devenir à 25 ans inspecteur-général de son armée et gouverneur des Pays-Bas autrichiens. Le 10 août 1557, à la tête de l'armée espagnole de Philippe II, successeur de Charles-Quint, il bat les Français à Saint-Quentin, en Picardie, et capture même le vieux connétable Anne de Montmorency.Cet exploit lui permet de négocier en position de force le traité du Cateau-Cambrésis avec le roi de France Henri II.
Pour les Français, cette « paix malheureuse » met un terme aux guerres d'Italie. Emmanuel-Philibert en profite pour récupérer le Piémont et les autres territoires enlevés à son père. Sans rancune, il obtient du roi Henri II, fils et successeur de François Ier, la main de sa sœur Marguerite de Valois, laquelle ne demande pas mieux que d'épouser le fringant guerrier.
Enfin la paix
Le duc s'attelle dès lors à la restauration de ses États, très affectés par un quart de siècle d'occupation française et de guerres religieuses entre catholiques et protestants.
Il lève un nouvel impôt en 1561, le Dénombrement et rôle pour la gabelle du sel, et fort de ces nouvelles ressources, renforce la défense du littoral niçois avec la construction du fort du Mont Alban et de la citadelle de Villefranche. Il modernise aussi sa flotte avec le concours de l'amiral André Provana de Leyni qui s'illustre à la bataille de Lépante, face aux Turcs.
En un siècle où s'épanouissent les langues nationales, il remplace l’usage du latin dans les documents officiels par l’italien, pour le comté de Nice et le Piémont, et par le français pour la Savoie et le Val d’Aoste. Par ces décisions capitales, la Savoie historique sera fidèle à un tropisme français. Le Val d'Aoste, également francophone mais situé de l'autre côté des Alpes, demeurera italien avec un très généreux statut d'autonomie.
Enfin, pour échapper à la tutelle « envahissante »de sa belle-famille, déplace sa capitale de Chambéry à Turin, de l'autre côté des Alpes.
Ainsi jette-t-il les bases d'un futur royaume appelé à un grand destin, puisque c'est la Maison de Savoie qui sera à l'origine de l'unité italienne.
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