Depuis le milieu du IIIe siècle, Rome est passée du statut de puissance dominante à celui de puissance menacée. L’échiquier des équilibres régionaux s’avère redoutable. Le monde romain compte plusieurs fronts extérieurs, en raison de l’étendue de l’Empire, et parfois intérieurs, à cause d’une instabilité politique chronique qui nourrit les ambitions des usurpateurs.
Les dirigeants romains peuvent utiliser un groupe barbare contre une faction adverse en cas de guerre civile, ou contre un autre groupe barbare aux intentions belliqueuses, dans une succession d’alliances et de conflits. Ils parviennent tant bien que mal à sauvegarder la cohérence de l’Empire.
En 375, l’irruption d’un nouvel acteur vient bouleverser ce jeu subtil. Probablement issus d’Asie centrale, les Huns remontent le long du Danube, délogeant des populations affolées qui se dirigent vers le grand voisin romain, avec leurs guerriers. En 376, l’empereur Valens accorde aux Goths de s’installer au sud du fleuve contre la mise à disposition de troupes. C’est le premier foedus, un traité conclu avec un peuple entier, d’où le nom de « barbares fédérés ».
Cette politique permet d’acheter la paix à moindre coût. Les Huns attaquent aussi les provinces orientales (actuelle Turquie), puis la région des Balkans, conduisant à la partition définitive de l’Empire entre Orient et Occident en 395. Les destins de Rome et de Constantinople se séparent.
Les Huns remettent la pression à l’ouest. En 407, ils lancent des raids dévastateurs en direction du Rhin. Par effet domino, les Alains, les Vandales et les Suèves sont repoussés vers la Gaule. Cette fois, l’Empire n’a plus les moyens de faire face. Il cède du terrain dans un climat d’anarchie. Des groupes importants commencent à s’installer dans les régions abandonnées ou accordées par foedus.
En 418, les Wisigoths obtiennent de s’établir en Aquitaine. En 419, les Vandales passent en Espagne puis conquièrent l’Afrique (429-439). Cet événement marque un tournant. L’Empire d’Occident perd ses provinces les plus riches. Les recettes fiscales diminuent drastiquement, rendant difficile toute contre-offensive.
Malgré des périodes de répit, Rome ne réussit pas à reprendre l’initiative. L’empereur n’a plus de pouvoir direct, sauf en Italie et en Provence. Il est déposé en 476, au terme d’un processus au long cours.
Cet article est tiré du dossier « les Barbares - Des grandes invasions au baptême de Clovis », Codex #13, octobre 2019, 15 euros.
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