Tour de France

La fine fleur du cyclisme français

Le Tour de France réunit chaque année depuis plus d'un siècle la fine fleur du cyclisme mondial. Aucun champion ne peut se dispenser d'en être. La France elle-même ne manque pas de champions et de candidats à la victoire mais par un singulier coup du sort, la nation qui a promu la bicyclette et le Tour de France semble avoir perdu la main depuis 1985, dernière victoire française. L'espoir est revenu en 2019 avec l'émergence d'une nouvelle génération décomplexée, Julian Alaphilippe, Thibaut Pinot, Romain Bardet, Warren Barguil. Retour sur leurs illustres prédécesseurs...

Vanessa Moley
- Maurice Garin, le vainqueur du premier Tour de France

Né en Italie, Maurice Garin devient, à l'âge de 14 ans, ramoneur en Savoie. Ce métier et sa petite taille (1,61 m pour 60 kg) lui vaudront plus tard le surnom de « Petit ramoneur ».

En 1892, il vit à Maubeuge. À sa majorité, il se fait naturaliser français. Il participe alors à ses premières courses cyclistes. En 1896, il finit troisième de la première édition du Paris-Roubaix. Les deux années suivantes, il occupe la première place du podium.

En 1903, Maurice Garin qui réside désormais à Lens, fait partie des 60 cyclistes qui prennent le départ du premier Tour de France. Il  porte le brassard n° 1 et court pour la marque de cycles La Française-Diamant. Après avoir parcouru 2 428 km, il va remporter une victoire éclatante à la vitesse moyenne de 26 km/h. Ses gains s’élèvent à 6 075 francs.  À la fin de ce premier Tour de France, son avance est de 2 heures 49 sur le deuxième, Lucien Pothier, ce qui reste à ce jour le record du Tour.

En 1904, il est à nouveau au départ de la grande boucle et remporte l’épreuve, mais il est disqualifié par l'Union vélocipédique de France avec onze autres coureurs. La suspension de deux ans qui lui est infligée alors qu’il a déjà 34 ans, l’oblige à mettre un terme à sa carrière.

Une du journal sportif La Vie au grand air montrant le premier vainqueur du Tour de France Maurice Garin (au centre), son préparateur physique et son jeune fils, 24 juillet 1903, Paris, Gallica, BnF.

- Henri Cornet, le plus jeune vainqueur du Tour de France

Henri Cornet et son directeur sportif au Parc des princes en 1904Originaire du Pas-de-Calais,  c’est une aventure singulière que va vivre Henri Cornet lors du Tour de France 1904. Tout au long de cette édition se produisent de nombreux incidents et la dernière étape est  homérique : victime d’une crevaison, Henri Cornet parcourt 35 km à plat !

Néanmoins, voici le classement à l’arrivée : Maurice Garin est premier et remporte donc son second Tour de France ; Lucien Pothier second ; César Garin troisième et Hippolyte Aucouturier quatrième.  Mais un événement va bouleverser cet ordre : l'Union vélocipédique de France a mené son enquête et rend son verdict le 30 novembre: les quatre premiers sont disqualifiés pour « violations du règlement ».

À vingt ans à peine, Henri Cornet, cinquième sur la route, est ainsi déclaré vainqueur du Tour de France. Deux ans plus tard, en 1906, il remporte Paris-Roubaix.  Il met fin à sa carrière en 1912 et prend sa retraite à Prunay-le-Gillon (Eure-et-Loire).

- Louis Trousselier, un redoutable coureur de fond

Fils d’un directeur de manège parisien, il roule dans les traces de son frère aîné André Trousselier, lui-même cycliste professionnel.  

Louis devient  très populaire après ses victoires en 1905 aux courses Paris-Roubaix et Paris-Valenciennes. La même année,  il connaît la consécration en remportant le Tour de France. Lors de cette édition au cours de laquelle le classement s'effectue aux points, il remporte cinq étapes en contenant les assauts d'Hippolyte Aucouturier et Émile Georget.

En 1906, Louis Trousselier se classe troisième du Tour de France (4 victoires d'étape), gagne deux étapes sur le Tour en 1907, avant de remporter le Bordeaux-Paris et le Liège-Bastogne-Liège en 1908. Il décroche encore une étape sur le Tour en 1909 et en 1910. Il  signe son dernier résultat significatif en 1914 avec une 4e place à l’issue de la course Bordeaux-Paris.

Louis trousselier, vainqueur du Tour de france 1905

- René Pottier, du sommet à la tragédie

Originaire de Moret-sur-Loing en Seine-et-Marne, René Pottier se passionne très tôt pour le cyclisme. Il fait ses débuts en 1903 et remporte Bordeaux-Paris la même année.

En 1905, le Tour de France aborde la montagne pour la première fois : en l'occurrence, les coureurs doivent franchir le ballon d'Alsace. C'est là que René Pottier va faire la démonstration de ses qualités de « grimpeur ».

En 1906, il se lance de nouveau dans un grand numéro dans le ballon d'Alsace qu'il franchit seul en tête, ralliant Dijon avec 50 minutes d’avance sur Georges Passérieu. Il gagne haut la main cette quatrième édition du Tour de France au cours de laquelle il remporte cinq étapes. Toujours en 1906, le coureur s'affirme comme le maître du cyclisme puisque, dans un exercice totalement différent, il remporte le Bol d'or, épreuve sur piste de vingt-quatre heures.

Le 25 janvier 1907, René Pottier se suicide dans le garage où il entrepose ses vélos. Il est toujours  considéré comme le premier grand « grimpeur » de l’histoire du cyclisme.

Tour de France 1906. Tour d'honneur des vainqueurs René Pottier et Georges Passerieu, Agence Rol, Paris, BnF

- Lucien Petit-Breton, l’Argentin

Né en France à Plessé (Loire inférieure), mais ayant grandi en Argentine, Lucien Mazan débute sa carrière de coureur cycliste en Amérique latine. Afin de se soustraire à la réprobation de son père, il se fait connaître sous le nom de Petit-Breton. De retour en France, il devient professionnel et se distingue en 1902 avec une deuxième place au Bol d’or puis une victoire en 1904.

Déjà cinquième du Tour de France en 1905, il bat le 24 août le record de l'heure en couvrant 41,1 km au vélodrome Buffalo à Neuilly-sur-Seine, faisant tomber le record établi en 1898 par l'Américain Willie Hamilton avec 40,781 km. Quatrième du Tour de France et vainqueur de Paris-Tours en 1906, Petit-Breton remporte la course Milan-San Remo en 1907.

La même année, le Français Émile Georget domine le Tour. Mais comme il a enfreint le règlement en changeant de bicyclette, il se voit disqualifié. Petit-Breton gagne donc le Tour de France et remporte l’année suivante le Tour de Belgique et Paris-Bruxelles. Vainqueur de cinq étapes, il devient, la même année, le premier coureur à inscrire deux fois son nom au palmarès de la Grande Boucle.

Il se trouvera encore au départ du Tour en 1913 mais une chute l’empêchera de terminer l'épreuve. Le 20 décembre 1917, le nom de Lucien Mazan s'ajoute à ceux des soldats morts pour la France.

Lucien Petit-Breton sur les routes du Tour de France en 1913. Carte postale. Collection particulière

- Octave Lapize à l’assaut des Pyrénées

Le coureur cycliste fait ses débuts en 1907, comme amateur, et se classe troisième de l’épreuve des 100 kilomètres sur piste aux jeux Olympiques de Londres en 1908. Il passe professionnel en 1909.

En 1910, il remporte une édition du Tour de France particulièrement difficile. C’est en effet la première fois que les coureurs doivent traverser les Pyrénées, de surcroît entre Luchon et Bayonne. Le Tourmalet et l'Aubisque seront même franchis sous la neige !

Octave Lapize sera également été le premier coureur à remporter à trois reprises d’affilée le Paris-Roubaix (1909, 1910 et 1911) et à décrocher trois titres de champion de France sur route (1911, 1912 et 1913).

Engagé dans l'aviation durant la Première Guerre mondiale, Octave Lapize est abattu au-dessus de Pont-à-Mousson le 14 juillet 1917.

- Gustave Garrigou, le métronome

Tour de France, 30 juillet 1911, Garrigou 1er du classement, Agence Rol, Paris, BnFEn 1907, cet Aveyronnais fut le premier champion de France sur route et deviendra l'un des adversaires les plus acharnés de ses concurrents Petit-Breton, Faber et Lapize sur le Tour de France.

Coureur éminemment régulier et « rouleur » dans l’âme, il sera sur la ligne de départ de huit éditions du Tour de France. Celle de 1911 lui apportera la victoire.

Sa carrière cycliste achevée, il ouvre à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) une quincaillerie, « Le Grand Bazar » .

- Henri Pélissier, le « cador » de la première moitié du XXe siècle

Avec ses frères Francis et Charles, Henri Pélissier forme un remarquable trio de cyclistes professionnels. Coureur obstiné, il se classe deuxième du Tour de France en 1914 pour le remporter neuf ans plus tard, en 1923, et ainsi  ramener le maillot jaune à Paris. Il est alors âgé de 34 ans.

Ses frères réalisent également des succès notables. Francis Pélissier est trois fois champion de France,  en 1921, 1923 et 1924, alors que Charles remporte 8 étapes lors du Tour de France 1930 qui voit la victoire d'André Leducq.

En 1924, Henri Pélissier, réputé pour son arrogance et son franc-parler, entre en conflit avec Henri Desgrange, créateur et patron du Tour de France, lui reprochant un autoritarisme et la pratique du dopage. Cet incident fera les choux gras de la presse et contribuera à accroître la popularité de son auteur.  Il sera relaté par Albert Londres dans un fameux article intitulé « Les forçats de la route ».

Henri Pélissier meurt en 1935, assassiné par sa compagne.

- André Leducq, le flamboyant sprinter de l’entre-deux-guerre

Un palmarès édifiant : 8 participations au Tour de France, double vainqueur (1930 et 1932), 25 victoires d’étapes, et 35 fois maillot jaune.

Initié au cyclisme par son père, lui-même coureur, André Leducq montre rapidement son talent. Champion de France sur route à 18 ans dans la catégorie junior, il devient champion du monde sur route amateur au circuit de Montlhéry deux ans plus tard puis champion de France sur route amateurs et militaires en 1925.

Devenu professionnel en 1926, il participe à son premier Tour de France l’année suivante sous les couleurs de la puissante équipe Alcyon-Dunlop. Il a 23 ans et se classe quatrième.

Pour l’édition de 1930, Henri Desgrange, le directeur du Tour, modifie  le règlement : le Tour de France n’est plus une affaire individuelle mais un collectif constitué des équipes nationales. André Leducq se retrouve sélectionné en équipe de France avec  Marcel Bidot, Victor Fontan, Antonin Magne, Pierre Magne, Joseph Mauclair, Jules Merviel et Charles Pélissier.

Il revêt le maillot jaune dans les Pyrénées, mais fait une mauvaise chute lors de la seizième étape dans la descente du Galibier compromettant ainsi sa victoire.  C’est alors que ses coéquipiers entrent en action. Ils se regroupent et entament une folle remontée de 75 km pour rattraper la tête de la course. Ils réussissent leur exploit et permettent ainsi à André Leducq de gagner le Tour de France.

Cette victoire collective provoque une ferveur nationale et l’engouement du public pour le Tour.

André Leducq connaîtra une nouvelle victoire en 1932.

Sa carrière s’achève en 1938 après avoir franchi la ligne d’arrivée d’une étape de la 32e édition du Tour de France, main dans la main avec son coéquipier et ami Antonin Magne. André Leducq  est le troisième coureur au classement des victoires derrière Eddy Merckx et Bernard Hinault. Il a porté 35 fois le maillot jaune.

- Antonin Magne, dit « Tonin la méthode »

Natif de Ytrac (Cantal), Antonin Magne débute sa carrière en 1926, à l’âge de 22 ans, dans la formation Alléluia-Wolber. L’année suivante, il intègre le peloton du Tour de France, remporte une étape et finit sixième au classement général. C’est en 1931, qu’arrive son heure. Il attend la neuvième étape, à Luchon, pour s’emparer du maillot jaune et ne le lâchera plus. En arrivant à Paris, il comptera jusqu’à 12 mn 56 s d’avance sur le Belge Joseph Demuysère.

Il va rééditer son exploit trois ans plus tard, en 1934, au terme d’une édition fertile en péripéties et rebondissements. Revêtu du maillot jaune à l’issue de la deuxième étape, il compte déjà 8 minutes d’avance sur le second, l’Italien Giuseppe Martano. Tout va basculer dans les Alpes avec le récital de son coéquipier René Vietto, qui s’impose successivement à Grenoble, Digne et Cannes. Dans les étapes des Pyrénées, entre Ax-les-Thermes et Luchon, Antonin Magne est à la peine et le Tour de France semble devoir lui échapper. Un rebondissement inattendu va tout changer.

Dans la descente du col du Portet-d’Aspet, Magne brise une roue. René Vietto est alors devant tandis que les autres Français se trouvent loin derrière. Averti par un motocycliste, Vietto fait littéralement demi-tour pour offrir son vélo à Magne. Il attendra longtemps avant d’être dépanné à son tour et ses sanglots vont émouvoir la France amoureuse de la « petite reine ».

Le sort en est jeté et Antonin Magne sera même vainqueur du premier « contre-la-montre » individuel, organisé dans cette édition du Tour de France.

Ce coureur cycliste marque aussi le Tour de France par l’attention qu’il porte à sa préparation physique et la diététique, ce qui lui vaudra le surnom de « Tonin la méthode ». De 1945 à 1970, il sera directeur sportif de l’équipe Mercier et dirigera notamment Raymond Poulidor et Louison Bobet.

- Georges Speicher ou l’audace récompensée

Une fois n’est pas coutume, le vainqueur du Tour de France de 1933 est un… Parisien.

C’est en 1930, à l’âge de 26 ans, que Georges Speicher fait ses premières armes chez les professionnels, dans l’équipe Thommann-Alcyon.  Deux ans plus tard, il finit dixième du Tour.

En 1933, c’est Maurice Archambaud qui s’impose dès le début de la course. Entre Gap et Digne, lors de la neuvième étape, il subit une baisse de forme et laisse échapper le maillot jaune. Blessé dans son orgueil, il récupère sa place de leader deux jours plus tard.

Jusqu’alors discret, Georges Speicher passe à l’attaque lors de la douzième étape, entre Cannes et Marseille. Flanqué d’Antonin Magne et Roger Lapébie, il va ravir le maillot jaune à Maurice Archambaud.  Dans les Pyrénées, il subit les assauts de l’Espagnol Vicente Trueba mais ses talents de descendeur vont lui permettre de garder la première place du classement jusqu’à l’arrivée à Paris.

Georges Speicher va encore s’illustrer dans l’édition de 1934. Il remporte cinq étapes sur le Tour de France et finit douzième au classement général.

- Roger Lapébie dit « le Pétardier »

Originaire de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) où il a vu le jour, Roger Lapébie va gagner ses galons lors du Tour de France de 1933, remporté par Antonin Magne, en s’adjugeant cinq étapes.

Lors de l’édition de 1937, la première disputée avec un dérailleur, il va effectuer une spectaculaire remontée que rien ne présageait. Dans les Alpes, c’est l’Italien Gino Bartali qui s’affirme et s’empare du maillot jaune à Bourg-d’Oisan. Un succès de courte durée puisqu’il sera victime d’une chute dans l’étape menant à Briançon et contraint à l’abandon à Marseille.

Roger Lapébie va en profiter. À l’issue de la cinquième étape, il n’est que dixième, à 17 minutes du leader. Il va profiter de la chute de Gino Bartali lors de la neuvième étape et, après une échappée de 30 km, se retrouve à la troisième place… Il reste cependant un obstacle majeur à cette progression.

Les Belges, fort de leur supériorité dans les étapes contre la montre par équipes, ont le vent en poupe et la victoire semble promise à leur leader, Sylvère Maes. L’organisateur du Tour, Henri Desgrange, va changer le cours des événements. Pour préserver l’intérêt de la course, il décide de supprimer les étapes contre la montre.

 À l’orée des Pyrénées, Roger Lapédie est troisième au classement. Il va cependant écoper d’une pénalité de 1mn 30 s pour avoir été poussé dans le Tourmalet. Ce soutien illicite lui permet de rejoindre les Belges qui étaient partis à l’attaque et de réduire son retard. À Bordeaux, il n’est plus  qu’à 25 secondes de Sylvère Maes…

Et soudain, coup de théâtre. Les Belges, mécontents du déroulement de l’épreuve et des décisions de Desgrange, décident de partir en bloc du Tour de France ! Propulsé en tête du peloton, Roger Lapébie va garder sa place de leader jusqu’à l’arrivée et sera le premier végétarien à remporter un Tour de France.

Après la Seconde Guerre mondiale, ses tentatives de renouer avec la compétition se solderont par un échec et il mettra un terme définitif à sa carrière en 1946.

- Jean Robic, dit « Trompe la mort »

Jean Robic, vainqueur du Tour de France 1947Né à Condé-les-Vouziers (Ardennes), Jean Robic va grandir à Radenac (Morbihan) et marquer le Tour de France 1947, le premier organisé après la Seconde Guerre mondiale. Doté d’un tempérament sourcilleux, il va devenir l’une des grandes figures populaires du sport français d’après-guerre et se verra affubler de nombreux sobriquets : « Trompe la mort » en référence à ses nombreuses chutes ou « Tête de cuir » car il portait un casque de protection.

Dès le début de cette nouvelle Grande Boucle de 1947, c’est René Vietto qui s’impose, même si Jean Robic gagne quelques étapes comme à Strasbourg, Grenoble ou Pau. Il ne reste plus que deux jours de course lorsque René Vietto flanche lors de l’étape contre la montre qui se déroule entre Vannes et Saint-Brieuc. Le maillot jaune change alors de titulaire et c’est Pierre Brambilla qui l’endosse. Il compte alors 2 mn 28 s d’avance sur… Jean Robic.

Tout va se jouer lors de la dernière étape, entre Caen et Paris. Jean Robic déclenche son attaque dans la côte de Bonsecours. Si Édouard Fachleitner réussit à s'accrocher, Pierre Brambilla est distancé et ne reviendra pas. Les échappés ne seront plus rejoints. L’étape reviendra à Brick Schotte et le Tour de France à Jean Robic, qui n’a donc à aucun moment porter le maillot jaune… Il finira avec une avance de 3 min 58 s sur Fachleitner, et de 10 min 17 s sur Brambilla.

Deux ans plus tard, en 1949, Jean Robic tente la passe de deux mais finit quatrième, avec une victoire d’étape tout de même. Une performance plus qu’honorable par rapport à celle de l’année suivante : il sera classé douzième en 1950. Il remportera encore une étape lors des éditions de 1953 et 1953 puis mettra un terme à sa carrière en 1961.

Il tiendra par la suite un café dans le quartier breton de Montparnasse, à Paris, où son art de raconter les anecdotes fera la joie de ses clients. Il perd la vie le 6 octobre 1980 dans un accident de la route près de Claye-Souilly (Seine-et-Marne).

- Louison Bobet, le « héros prométhéen »

Premier à remporter trois Tours de France consécutifs, en 1953, 1954 et 1955, Louison Bobet accède aussitôt au statut de légende vivante du cyclisme français.

 Né en 1925 à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine), il cherche très tôt à se distinguer. Son premier coup d’éclat date de 1946 où, à la surprise générale, il remporte le Championnat de France sur route des amateurs. L’année suivante, au Circuit des boucles de la Seine, il frappe encore les esprits en semant tous ses homologues. En arrivant au vélodrome Buffalo, à Montrouge, il compte 6 minutes d’avance sur son plus proche poursuivant, Lucien Teisseire.

Dans la foulée, il est enrôlé dans l’équipe de France participant à la Grande Boucle et côtoie ainsi le déjà célèbre René Vietto. Sa soif de gloire va devoir attendre jusqu’en 1953, date de sa première victoire au Tour de France. Puis il enchaîne avec deux nouvelles victoires en 1954 et 1955, réalisant ainsi le premier triplé consécutif de l’Histoire.

Son palmarès très fourni finit par en faire une figure très populaire. L’essayiste Roland Barthes repère ce personnage très singulier et le qualifie de « héros prométhéen » dans son ouvrage Mythologies. Louison Bobet va aussi s’illustrer par le soin qu’il porte à la diététique et son souci permanent de perfectionner les entraînements. Il sera l’un des premiers coureurs à se doter d’un masseur qui l’accompagne partout.

Victime d’un grave accident de la route, il se retire des circuits en 1961 et se reconvertit dans la thalassothérapie à Quiberon.

- Roger Walkowiak, le vainqueur inattendu

Après ses trois victoires consécutives, Louison Bobet ne figure pas sur la ligne de départ du Tour de France 1956 et les autres grands favoris comme Fausto Coppi ou Jacques Anquetil sont aussi absents. Les pronostics se multiplient pour dénicher les futurs prétendants au titre mais aucun nom n’émerge. Encore moins celui de Roger Walkowiak.

Né à Montluçon (Allier), ce pensionnaire de la formation Centre-Nord-Est n’attire guère l’attention. C’est entre Lorient et Angers qu’il sort du bois. Profitant d’une échappée, il se retrouve dans un petit groupe qui relègue le peloton à plus de 18 minutes… Cette parenthèse se referme cependant rapidement et l’écart se réduit au point que tout semble être revenu à la normale lors des étapes de montagne dans les Pyrénées.

Deux coureurs ont alors surgi : le Belge Jan Adriaenssens et Gilbert Bauvin, le nouveau leader de l’équipe de France. Tout laisse à penser que la victoire reviendra à l’un de ces deux coureurs. Roger Walkowiak vient troubler ce scénario cousu de fil blanc.

Dans les Alpes, il sera le seul à suivre Charly Gaul, qui tente une échappée. Bien lui en a pris car cela lui donnera une avance conséquente. Il va la défendre avec acharnement jusqu’à Paris et finira avec une maigre minute d’avance sur Gilbert Bauvin.

Cette édition particulière de la Grande Boucle va donner naissance à l’expression « un Tour à la Walkowiak », autrement dit, une course où, faute de leader bien identifié, la victoire reviendra au plus audacieux ou au plus chanceux…

Roger Walkowiak (2 mars 1927, Montluçon ; 6 février 2017, Vichy)

- Jacques Anquetil, le premier quintuple vainqueur de la Grande Boucle

Il est le premier à remporter cinq fois le Tour de France sur une période s’étalant de 1957 à 1964, soit presque une décennie. Il faudra attendre vingt ans pour voir à nouveau un tel prodige avec Bernard Hinault. Jacques Anquetil est aussi le premier coureur à remporter le Tour d'Italie (le « Giro ») et le Tour d'Espagne (la « Vuelta »).

Né à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime, Normandie), il fait très tôt la démonstration de ses capacités. En 1953, âgé de 19 ans à peine, il bat le record du contre la montre du Grand Prix des nations, dérobant ainsi sa couronne au Suisse Hugo Koblet. Il va vite se faire surnommer « Monsieur chrono » et cet insatiable appétit va lui permettre de remporter son premier Tour de France trois ans plus tard, en 1957. Il n’a alors que 23 ans lorsqu’il détrône le grand Louison Bobet.

Tout en se constituant un palmarès étoffé, il va remporter quatre nouvelles éditions d’affilée de la Grande Boucle (1961, 1962, 1963 et 1964). Cette longue carrière l’opposa si fréquemment à Raymond Poulidor, fils d’un humble métayer de la Creuse, que cette rivalité finit par diviser la France en deux clans irréductibles : les « anquetiliens » et les « poulidoristes ».

Bien que très célèbre, Anquetil pâtit de son caractère très réservé qui l’empêche de répondre aux élans du public. Il ne devient vraiment populaire qu’après avoir remporté le Bordeaux-Paris de 1965 où il doit venir à bout d’un parcours très montagneux tout en endurant des intempéries quotidiennes.

S’il n’accorde guère d’intérêt aux principes diététiques alors en vogue dans le peloton, il avouera par la suite avoir eu recours à des produits dopants. Une pratique qui a sans doute joué un rôle dans l’apparition du cancer de l’estomac qui l’a emporté à l’âge de 53 ans en 1987.

Jacques Anquetil et Raymond Poulidor épaule contre épaule dans la montée du Puy de Dôme, le 12 juillet 1964 (DR)
- Lucien Aimar, vainqueur de Poulidor et Anquetil

Devenu professionnel à 24 ans en 1965 au sein de la formation Ford-France dirigée par Raphaël Geminiani, Lucien Aimar est né à Hyères (Var) en 1941.

En 1966, il va bâtir sa victoire au Tour de France sur l’antagonisme entre Raymond Poulidor et Jacques Anquetil, qui est le « leader » de son équipe. Dans les Pyrénées, les deux frères ennemis ne veulent pas se lâcher d’une roue et laissent partir un groupe d’une vingtaine de coureurs lors de l’étape reliant Bayonne à Pau.

Ils perdent ainsi 7 minutes sur les échappés. Raphaël Geminiani comprend aussitôt que cette édition du Tour de France ne peut plus revenir à Jacques Anquetil. Fin stratège, il reporte tous ses espoirs sur Lucien Aimar, qu’il incite à saisir sa chance. Lors de la dix-septième étape, entre Briançon et Turin, alors que Raymond Poulidor passe à l’offensive, Jacques Anquetil se transforme en équipier et permet à Lucien Aimar de revenir.

Il va alors prendre 2 minutes à ses adversaires les plus dangereux et endosser par la même occasion le maillot jaune. Il va le conserver jusqu’à Paris et remporter l’édition 1966 de la Grande Boucle devant le Néerlandais Jan Janssen. Raymond Poulidor se classe troisième et Jacques Anquetil ne figure par au classement. Il a en effet quitté le Tour de France et n’y reviendra plus.

Deux ans plus tard, en 1968, Lucien Aimar devient champion de France sur route puis met un terme à sa carrière en 1973.

- Bernard Hinault et Laurent Fignon

Dès sa première participation au Tour de France en 1978, Bernard Hinault remporte l'épreuve haut la main. Il récidive l'année suivante. En 1980, il gagne le Giro mais renonce au Tour. En 1981, celui que l'on surnomme « le Blaireau », sans doute en raison de son fort caractère, remporte l'épreuve du Paris-Roubaix, redoutée en raison des pavés du parcours, et également le Tour de France. En 1982, il réalise le doublé Giro-Tour de France. En 1983, blessé, il permet à son jeune équipier Laurent Fignon de remporter le Tour. L'année suivante, Laurent Fignon, que l'on surnomme « l'intello » parce qu'il a le bac et porte des lunettes (!), gagne une nouvelle fois le Tour devant Bernard Hinault, lequel s'est fâché avec son directeur sportif Cyrille Guimard et a fondé sa propre équipe, La Vie claire, avec l'appui de l'homme d'affaires Bernard Tapie. Celui-ci permet à Bernard Hinault de remporter le Tour de France de 1985 avec son coéquipier l'Américain Greg LeMond et « Le Blaireau » réalise une nouvelle fois le doublé Giro-Tour de France.

Mais l'année suivante, Bernard Tapie décide que le Tour doit revenir à l'Américain. Hinault n'a pas le choix et doit assister LeMond comme ce dernier l'a assisté l'année précédente. Il n'en garde pas moins l'un des meilleurs palmarès du cyclisme français. Quant à Laurent Fignon, il n'aura pas de troisième victoire, battu de huit secondes par Greg LeMond en 1989, dans la dernière étape, un course-contre-la-montre de Versailles à Paris !

Publié ou mis à jour le : 2021-07-03 17:25:47
Domino (30-07-2019 11:36:36)

N'avez-vous pas oublié Bernard THEVENET ? Il fut quand même deux fois vainqueur du tour de France (1975 et 1977)

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