Gueorgui Joukov (1896 - 1974)

Le chef de guerre qui a vaincu Hitler

Gueorgui Joukov est l'officier général le plus décoré de l'histoire de l'Union soviétique. Considéré comme « l'ombre de Staline » il est pour l'historien Jean Lopez, qui lui a consacré une biographie en 2013, « l'homme qui a vaincu Hitler ».

Brutal et autoritaire, il a redoré l'image de l'Armée rouge dont les élites ont été décapitées par les purges staliniennes de 1937. Lorsque la Wehrmacht est arrivée aux portes de Moscou, il a été le seul capable de faire face aux armées du Führer.

Gueorgui Joukov en 1945 à Berlin, à l'occasion d'une cérémonie de remise de médailles (DR)

Le seul à tenir la barre dans les moments difficiles

Né le 1er décembre 1896 dans une famille de paysans russes, c'est seulement huit jours plus tard que le nourrisson est baptisé Georgui en référence à saint Georges le Victorieux. Ce prénom lui sied fort bien car, tel le patron des guerriers et protecteur de Moscou (selon le calendrier orthodoxe), Gueorgui Joukov parviendra à sauver des situations desespérées !

En attendant, il travaille dans une usine avant de s'engager en 1914 dans la cavalerie. Il devient rapidement sous-officier de l'armée impériale russe et sa bravoure dans la Première Guerre mondiale lui vaut... la croix de Saint-Georges. Lieutenant en 1917, il se rallie à l'Armée rouge et participe lors de la guerre civile aux opérations contre Denikine et Wrangel, chefs de la contre-révolution.

Gueorgui Joukov à la bataille de Khalkin Gol (à droite), DRAvec le retour de la paix, il suit une carrière d'officier qui l'amène à commander un corps de cavalerie et le rapproche du général Semion Timochenko, autre grande figure militaire soviétique, qu'il suit en Extrême-Orient. Il participe en 1938-1939 aux combats contre les Japonais en Mandchourie, en prélude à la guerre européenne. C'est ainsi qu'il se fait remarquer en infligeant aux Japonais un sévère revers dans la bataille de la rivière Gol, du 11 mai au 16 septembre 1939.

Ce succès va sans doute jouer un rôle déterminant dans la suite des événements en dissuadant les Japonais de venir au secours des Allemands lors de leur attaque de l'Union soviétique en 1941. Ainsi les Soviétiques, dégagés de toute inquiétude sur le Pacifique, pourront-ils concentrer leur forces contre la Wehrmacht...

En attendant, ses premiers faits d'armes valent à Joukov de devenir le chef d'état-major de l'Armée rouge.

Lorsque les Allemands ne sont qu'à 25 kilomètres de la capitale soviétique en novembre 1941, il ne cède pas à la panique à la différence de bien d'autres. Staline lui-même se remet d'une longue dépression et il est au bout du rouleau. Joukov est alors bien le seul à tenir la barre du navire soviétique en eaux troubles.

Staline, le 19 octobre, l'appelle au téléphone d'une voix d'outre-tombe : « Vous êtes sûr de pouvoir garder Moscou ? Je vous le demande la mort dans l'âme. Dites-moi la vérité, en vrai communiste » Réponse de Joukov : « Bien entendu nous allons garder Moscou, mais il me faut encore au moins deux armées et 200 chars. » Quelques jours plus tard, Moscou est sauvée et, pour la première fois, les Allemands comprennent que le « Russe » n'est pas seulement capable de mourir, il est aussi dirigé par des chefs déterminés...

Le 6 décembre 1941, Joukov livre une puissante contre-offensive qui va dégager Moscou de l'étau allemand. L'année suivante, il reçoit de Staline l'ordre de coordonner la contre-offensive de Stalingrad. C'est la première grande victoire soviétique. Et quelle victoire !

Promu maréchal, il dirige en 1944 le premier front d'Ukraine et encercle avec Koniev la VIIIe armée allemande dans la grande boucle du Dniepr. C'est le début d'une marche triomphale jusqu'à Berlin. Il atteint les Carpates en mars 1944 (trois mois avant que les Anglo-Saxons ne débarquent en Normandie), pénètre en Pologne et s'arrête enfin, en août 1944, sur les bords de la Vistule.

Devant lui, Varsovie insurgée ! Les résistants polonais de l'intérieur se sont soulevés mais, contre toute attente, Joukov et ses troupes restent l'arme au pied cependant que les Allemands mènent la répression... Joukov n'entrera à Varsovie que le 17 janvier 1945, une fois les démocrates polonais liquidés.

Étape suivante, Berlin, qu'il conquerra quartier par quartier en avril-mai 1945. Chef des troupes d'occupation soviétiques en Allemagne, il sera à partir de 1946 relégué dans des fonctions de second rang jusqu'à une retraite prématurée en 1957, à soixante ans.

Publié ou mis à jour le : 2024-06-14 12:47:06

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