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Le mandat de trop

Pas de cinquième mandat pour le président algérien Abdelaziz Bouteflika ! Ce n’est pas tant en raison de son âge (82 ans) mais de son état de santé que la jeunesse algérienne s’est soulevée en mars 2019 contre sa candidature aux présidentielles. « Nous avons besoin au moins d’un président qui marche et qui parle ! » pouvait-on entendre dans les rues d’Alger.

Il est vrai que la maladie et le handicap peuvent être une contre-indication pour gouverner. Mais nombre de dirigeants plus jeunes, au cours de l’Histoire, ont pu en pâtir sans pour autant démérité. Dans tous les cas, toutefois, leur souffrance devait être dissimulée pour ne pas nuire à leur autorité.

Charlotte Chaulin
Dans la tourmente, la France fait appel à des « vieillards »

Et la vieillesse alors ? Peut-elle faire bon ménage avec la politique ? Les Français semblent en être convaincus car les dirigeants à qui la République a fait appel dans toutes les pires crises de son Histoire n’étaient pas des jeunots, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mr Thiers sauvant la société, lithographie, Charles Vernier, 1850, BnF, Gallica.Le premier fut Adolphe Thiers (1797-1877), porté au pouvoir dans « l’année terrible » (1870-1871) qui a vu la France défaite et occupée par l’Allemagne. Après avoir servi la monarchie de Juillet et la Seconde République, il  devint le premier président de la Troisième République à 74 ans (et le deuxième président de la République française après Louis-Napoléon Bonaparte).

Ce petit homme d’1m55 mena, du haut de son grand âge, une politique conservatrice qui tendit à se colorer de républicanisme. Il négocia surtout le traité de paix avec Bismarck.

Malgré ses désaccords avec l’Assemblée, qui vota pour que le chef de l’exécutif n’ait plus le droit d’assister aux travaux de l’assemblée législative (disposition encore en vigueur aujourd’hui), il s’en sortit avec les honneurs.

 

Publié ou mis à jour le : 2019-05-02 18:49:09
Philippe (25-03-2019 10:58:43)

PS : Par souci d'hygiène intellectuelle et au risque de ternir un peu la statue, et de contrarier les gens de bien, je suggère aux thuriféraires de Thiers l'écoute des conférences d'Henri Guillemin sur la semaine sanglante.

Philippe (25-03-2019 10:34:45)

Je suis toujours perplexe quand j'entends ou lis un éloge sans nuance de Thiers ou de Clémenceau, deux républicains qui ont fait tirer sur le peuple ! Comme si depuis Siéyès on ne pouvait être républicain en France qu'en nourrissant une aversion secrète ou avouée pour le peuple et la démocratie et une passion de la revanche.
Quant à Bouteflika, après le renoncement au 5e mandat (assorti d'un report de l'élection ), un commentateur algérien me semble avoir trouvé la formule juste et qui dit l'essentiel : "Bouteflika ne fera pas un 5e mandat : il fera un 4e mandat de 10 ans."

Liger (15-03-2019 21:10:43)

Il ne faut surtout pas oublier 2 grands hommes d'État du Sénégal, pays-frère de la France avec laquelle ses régions côtières ont partagé 4 siècles de vie commune.
- Lèopold Sédar SENGHOR qui, après avoir été élu et réélu président du Sénégal à 5 reprises a volontairement démissionné en 1980, jugeant qu'il n'était plus en mesure d'exercer au mieux son mandat face à la contestation de certains pans de la population, notamment les étudiants ;
- son successeur, Abdou DIOUF après avoir été élu et réélu 3 fois, perdit l'élection suivante en 2000 à 65 ans et quitta la vie politique ; il devint un remarquable promoteur de la francophonie.
Il est à noter que, depuis son indépendance, le Sénégal connut quelques périodes autoritaires mais resta fondamentalement démocratique, cas unique en Afrique, sauf erreur de ma part.
NB : le successeur d'Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, tenta en 2012 de se faire élire pour un 3ème mandat alors que la constitution du Sénégal ne le permettait plus, ce qui provoqua des troubles assez sérieux qui m'inquiétèrent à l'époque ; finalement, il fut battu dans les urnes, la sagesse du peuple sénégalais ayant pallié la défaillance du conseil constitutionnel et il reconnut sans hésiter sa défaite.

Trop souvent, l'Afrique est négligée ou alors on met presque exclusivement en valeur des anglophones ou des dirigeants francophobes. Je me souviens de l'époque où les intellectuels de gauche vilipendaient Senghor et Houphouët-Boigny et couvraient d'éloges le " progressiste " Sékou Touré qui fut en réalité le bourreau de l'infortunée Guinée Konakry et l'assassin d'une partie de ses élites : il est grand temps de rendre au Sénégal et à ses grands hommes d'État la place qu'ils méritent.

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