De 1305 à 1378, pas moins de sept Français ont été élus papes ! Délaissant la Ville éternelle, ils s'établirent à Avignon, au bord du Rhône provençal.
Sur la colline du rocher des Doms, planté de moulins à vents et d’une cathédrale, ces papes bâtisseurs font construire une magnifique résidence pontificale (note). C'est encore aujourd’hui la plus grande des constructions palatiales du Moyen Âge gothique, symbole du rayonnement de l’Église dans un XIVe siècle bien troublé (guerre de Cent Ans, Peste noire, Jacqueries...).
Avignon, la nouvelle Rome ?
En 1303, à la mort de Boniface VIII, Rome est la proie des factions opposées de la noblesse. La situation est tout aussi troublée en France, en Angleterre ou en Allemagne. Deux ans plus tard, un pape français est élu, puis un autre, et encore un autre...
C’est Jean XXII, élu pape en 1316, qui va choisir d’installer le Palais épiscopal sur le flanc sud du Rocher des Doms, à proximité de la cathédrale. Dès 1318, pour sortir du statut d’hôte, il achète des terres dans le Comtat Venaissin pour y construire de nombreuses résidences et, par une bulle, se réserve le diocèse d’Avignon, légitimant ainsi l’occupation du Palais épiscopal. Alors qu’elle ne compte que 5 000 à 6 000 habitants au début du XIVe siècle, la ville va voir sa population tripler.
Ses successeurs vont donner un lustre et une grandeur inédits aux lieux. Benoît XII, devenu pape en 1334, lance ainsi d’immenses travaux dont l’élévation d’une tour de 46,5 m, appelée plus tard Tour du Pape puis Tour des Anges. Près de 800 ouvriers seront mobilisés.
Clément VI, élu pape en 1342, va acquérir la ville d’Avignon et son territoire en 1348 en versant 80 000 florins d’or à la comtesse de Provence. Il engage deux personnalités célèbres (le maître d’œuvre Jean de Louvres et le peintre Matteo Giovannetti) qui vont transformer le Palais. Seront ainsi créées notamment la tour de la Garde-Robe, qui abrite le bureau du pape, et la porte de Champeaux.
Peintures et œuvres envahissent par ailleurs les lieux. Lorsqu’il s’éteint, en 1352, Clément VI laisse un Palais largement embelli mais à quel prix. Les dépenses se sont élevées jusqu’à 200 000 florins, soit 15 % des recettes de l’Église… C’est l’apogée du règne des papes. En 1378, Grégoire XI, va reprendre le chemin de Rome et le Palais d’Avignon devient une résidence d’attente, un lieu de refuge.
La Révolution française n’épargnera pas les lieux et Viollet-le-Duc découvrira en 1860 l’édifice dans un triste état. Les restaurations ne commencent cependant qu’en 1906 et il faudra encore attendre 1995 pour que le Palais soit classé au « Patrimoine mondial de l’Humanité » de l’Unesco.
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