Qui connaît le Venezuela ? Enfoncé comme un coin entre l’Amérique lusophone et l’Amérique des Andes et des plateaux indiens, le pays est toujours demeuré à l’écart des grands courants d’échanges commerciaux et culturels. Ce n’est pourtant pas faute d’atouts...
Le Venezuela est grand comme l’Allemagne et la France réunies (912 000 km2) mais sa population ne dépasse pas la trentaine de millions d’habitants, soit à peu près autant que… l’Arabie séoudite. Comme ce pays, le Venezuela possède d’immenses réserves de pétrole, les seules d’Amérique latine, à peu de chose près.
Le pétrole est exploité à grande échelle depuis 1922 autour de Maracaibo. Si paradoxal que cela paraisse, il a enfoncé le pays dans son malheur et l'on peut évoquer à son propos la malédiction de l’or noir : l'argent gratuit et surabondant a entravé en effet la mise en valeur des prodigieuses ressources naturelles du Venezuela (agriculture, élevage, pêche, mines… et tourisme), découragé le développement d'une industrie locale et incité les gouvernements successifs à multiplier les dépenses indues.
Îles paradisiaques, vallées de haute montagne, savanes et forêt tropicale
Idéalement situé entre l’Équateur et le tropique du Cancer, dans une zone tropicale chaude et humide, le Venezuela est orienté au nord vers la mer des Caraïbes. Sur les deux mille kilomètres du littoral (10e parallèle Nord), entre le golfe de Venezuela et le delta de l’Orénoque, se rassemble la plus grande partie de la population.
Le long de la côte s’égrènent quelques îles paradisiaques devenues des villégiatures recherchées. La principale est Margarita, qui doit son nom à la présence de perles dans ses eaux (margarita signifie « perle » en espagnol).
Les Vénézuéliens ont aussi longtemps eu à souffrir des commerçants néerlandais et des flibustiers anglais installés sur d’autres îles. Celles-ci, aujourd’hui, sont des havres de prospérité et de paix. La première, à l’ouest, près du golfe de Maracaibo, est Curaçao, un État autonome au sein du royaume des Pays-Bas. Les secondes sont Trinité et Tobago, une république anglophone en bordure du delta de l’Orénoque.
Caracas, la capitale du Venezuela (cinq millions d’habitants), se niche dans une vallée à dix kilomètres de la côte. Elle est séparée de celle-ci par une cordillère qui culmine à 2700 mètres. Ces montagnes ont pu la protéger des attaques des pirates, ce qui n’a pas été le cas de Maracaibo (quatre millions d’habitants), au fond du golfe de Venezuela et à l’entrée d’une grande lagune faussement baptisée lac de Maracaibo.
La lagune et le golfe sont séparés du reste du pays par la cordillère de Merida. Elle culmine à 5000 mètres, une broutille à l’échelle des Andes, lesquelles débutent pour de bon à l’ouest, en Colombie. Dans ces montagnes aux vallées fertiles survivent des tribus amérindiennes.
L’arrière-pays de Caracas est occupé par d’immenses plaines herbeuses, les llanos (« plaines » en espagnol). En partie mise en culture, cette savane est parcourue par de grands troupeaux de zébus que gardent de farouches llaneros. Ces vachers à cheval, métis de blancs et d’Amérindiens, sont les lointains cousins des cow-boys étasuniens et des gauchos argentins.
Au-delà, vers le sud, on atteint l’Orénoque (Orinoco en espagnol), qui coule d’ouest en est sur deux mille kilomètres et coupe le pays en deux. Deux ponts seulement le traversent. Son bassin offre l’une des biodiversités les plus remarquables de la planète. Son débit (autour de 30000 m3/s) est un peu supérieur à celui du Mississippi, un peu inférieur à celui du Congo... et près de dix fois inférieur à celui de l’Amazone voisin.
Sur la rive droite de l’Orénoque s’étend le plateau guyanais, vaste et très peu peuplé. Sa curiosité la plus notable est le saut d’Angel (Salto de Angel), qui doit son nom à son découvreur, un pilote américain qui a survolé cette chute d’eau de 980 mètres en 1935. Le plateau de Guyane atteint vers l’est le Guyana, ancienne colonie britannique. Au sud, il se prolonge par la forêt amazonienne, en bordure du Brésil.
En dépit de cette variété de paysages et de terres potentiellement fertiles, le Venezuela « utile » se cantonne à la zone littorale d’un millier de kilomètres entre Maracaibo et Caracas. C’est la conséquence, comme dans plusieurs autres États latino-américains dont le Brésil, d’une colonisation à l’arraché.
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