Cameroun

Une « Afrique en miniature »

Le Cameroun est un vaste pays au centre de l'Afrique, avec deux langues officielles héritées des colonisateurs, le français et l'anglais, mais aussi plus de 200 langues vernaculaires, un nombre sans guère d'équivalent sur le continent. Par sa situation géographique, sa diversité géographique et humaine, la réputation de ses artistes anciens et présents, il est une Afrique en réduction et un État-clé de la stabilité du continent.

Depuis son indépendance en 1960, le pays a la particularité de n’avoir été dirigé que par deux présidents, Ahmadou Ahidjo et Paul Biya. Ce dernier, au pouvoir depuis 1982, s'est fait élire une nouvelle fois le 7 octobre 2018 en dépit de son âge et de son état de santé. Ce mandat de trop risque de réveiller les nombreuses fractures sociales, ethniques, religieuses et linguistiques du pays.

Un État fragile

Le drapeau du CamerounD'une superficie de 475 650 km2, légèrement inférieure à celle de la France, le Cameroun donne à voir au sud la forêt tropicale, avec ses plantations industrielles (caféiers, cacaoyers, hévéas...), au nord la savane. Des pâturages occupent les régions montagneuses et volcaniques.

Le pays n'est encore peuplé que de 25 millions d'habitants (2017) mais sa population devrait plus que doubler d'ici 2050. 80% des habitants ont le français pour langue officielle et les autres, sur la frontière avec le Nigeria, l'anglais.

Les catholiques représentent 39% de la population, les protestants 26%, les musulmans 21%, les animistes 6% et les chrétiens évangélistes 4%. Pays pauvre, le Cameroun a des indicateurs démographiques, économiques et sociaux dans l'exacte moyenne de l'Afrique subsaharienne (monnaie : franc CFA).

L'estuaire du Wouri en 1903 (archives allemandes), avant que l'urbanisation et la pollution ne le saccagent

Velléités allemandes

En 1472, le navigateur portugais Fernando Póo découvre l'estuaire du Wouri. Comme le fleuve abonde en crevettes, les marins le baptisent Rio dos Camarões (« Rivière des crevettes »). Ce nom sera ensuite anglicisé par les marins britanniques en Cameroon.

Le roi du Bell (région des Doualas, Cameroun) en 1874La région est alors peuplée par les Douala. Spécialisés dans la capture et la vente d’esclaves, ils interdisent aux Européens de s’aventurer à l’intérieur du pays afin de conserver leur fructueux monopole.

En 1845, des missionnaires baptistes britanniques s'établissent sur la côte et entament l'évangélisation de la population.

Mais la couronne britannique ne s'intéresse guère alors à l'Afrique. Elle laisse le champ libre aux Allemands, en quête de terres libres où ils pourraient exercer leurs talents.

En juillet 1884, l'explorateur Gustav Nachtigal, missionné par le chancelier Bismarck, atteint l'estuaire du Wouri à bord de la canonnière Möwe. Il signe un traité avec le roi de Bell et prend officiellement possession de la région de Douala, noyau constitutif du futur Cameroun.

Gustav Nachtigal (23 février 1834, Eichstedt, Allemagne ;20 avril 1885, Cap des Palmes, Liberia)Les Allemands ambitionnent de faire de leur colonie la plaque tournante de tout le commerce d’Afrique centrale. Non sans difficultés, ils atteignent le lac Tchad en 1902 et entament la construction d’un réseau de voies ferrées.

Par la convention du 4 novembre 1911 qui suit le « coup d'Agadir », ils agrandissent aussi leur colonie aux dépens de l'Afrique équatoriale française ; en échange, ils laissent à la France les mains libres au Maroc.

Mais la Grande Guerre ruine leurs espoirs, là comme ailleurs. En 1916, la colonie est conquise par les forces franco-britanniques. En 1922, sa partie orientale est placée par la Société des Nations sous mandat français et sa partie occidentale, une étroite bande le long du Nigéria, sous mandat anglais.

D'une rébellion à l'autre

Le Cameroun ne va guère se développer jusqu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. En 1946, la partie française devient un « territoire associé » de l'Union française, à l'égal des autres colonies. 

Le 5 septembre 1957, des troubles éclatent dans la région forestière d’Éséka, au sud-ouest du pays, à l'appel de l’Union des populations du Cameroun (UPC), un mouvement qui réclame l’indépendance et la réunification des deux parties du Cameroun. Le cœur de la rébellion est peu à peu isolé et les maquisards pourchassés. On estime à 300 ou 400 le nombre total de victimes chez les rebelles.

La décolonisation du Cameroun peut en définitive se dérouler dans le calme. La nouvelle république va avoir soin, dès lors, de renouer avec son passé précolonial, toujours vivant comme l'atteste le musée des rois Bamoun, à Foumban, au sud-ouest du pays. 

Le nouveau musée du palais des rois Bamoun, à Foumban

Une indépendance compliquée

Le Cameroun français obtient son indépendance le 1er janvier 1960. L’année suivante, à la suite d’un référendum, le Cameroun britannique se scinde en deux : la partie nord, majoritairement musulmane, est rattachée au Nigeria, tandis que la partie sud, chrétienne, est incorporée au Cameroun français, donnant naissance à la République fédérale du Cameroun. Le premier président du pays est Ahmadou Ahidjo.

Durant les premières années d’indépendance, dans le sud-ouest du pays, l’UPC relance le combat contre le gouvernement. La répression est brutale et la plupart des dirigeants de l'UPC sont éliminés. La structure fédérale du Cameroun est enfin abolie, au grand dam de la minorité anglophone.

En 1982, le président Ahidjo (58 ans) démissionne pour raisons de santé et transmet le pouvoir au Premier ministre Paul Biya. À partir de 1990 et de l’instauration de multipartisme, les anglophones, regroupés au sein du Social Democratic Front, exigent le retour au fédéralisme.

Depuis le début du XXIe siècle, le Cameroun doit également faire face aux actions des jihadistes de Boko Haram qui opèrent dans l’extrême nord du pays où le wahhabisme importé par les Séoudiens est désormais très bien implanté. Entre 2014 et 2016, la région est devenue une véritable zone de guerre. Des postes frontières ont été attaqués et des ressortissants occidentaux enlevés.

Paul Biya, président de la République du Cameroun, dans les années 2010 (DR)Parallèlement, la chute en 2013 du président centrafricain François Bozizé a déstabilisé l’Est du Cameroun où se sont réfugiés près de 200 000 personnes, dont de nombreux protagonistes de la guerre civile de Centrafrique.

Le maintien au pouvoir de Paul Biya a longtemps été un atout pour la stabilité du Camerou. Il se révèle désormais comme un handicap en raison de son âge (85 ans) et de son état de santé, le président passant le plus clair de son temps dans les cliniques de Genève.

Malgré cela, le président, réélu en 1984, 1988, 1992, 1997, 2004 et 2011, a entamé en octobre 2018 un nouveau septennat...

Publié ou mis à jour le : 2019-06-27 12:13:41

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