Cette chronique est le fruit de mes recherches généalogiques. À partir de destins particuliers, elle offre une plongée dans l’histoire de nos ancêtres et de nos cousins partis en terre lointaine dont la plupart ont laissé une nombreuse descendance.
Grâce aux archives, nous pouvons comprendre les motivations de ces émigrants, les circonstances de leur voyage et de leur installation au-delà des mers.
Petite histoire de la généalogie
La généalogie, ou « étude des filiations », est aussi ancienne que l‘Histoire comme l'attestent les chroniques royales et religieuses (comme l'arbre de Jessé ci-contre qui figure la généalogie de Jésus-Christ) mais sa nécessité sociale apparaît en Occident à la fin du Moyen Âge seulement.
Dans une société alors peu alphabétisée et en croissance démographique, l'apparition de patronymes héréditaires souvent fondés sur des sobriquets permet certes à chacun d’y voir plus clair dans son ascendance.
Mais cela ne suffit pas. Dans un système exogame qui prohibe la consanguinité, il devient rapidement nécessaire de disposer d’un outil susceptible de repérer ascendants et collatéraux. C'est ainsi qu'en France, la tenue de registres de baptêmes est rendue obligatoire par l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539.
Au siècle suivant, sous le règne de Louis XIV, la paupérisation d’une partie de la noblesse pousse ses membres à mendier auprès du roi toujours plus de pensions et d’offices. La banalisation de l’anoblissement par la vénalité des charges affaiblit par ailleurs la légitimité d’un ordre qui reposait sur certaines valeurs morales héritées de la chevalerie.
Le roi confie alors à la famille d’Hozier le soin de démêler le vrai du faux et de distinguer noblesse d’épée et noblesse de robe, par une vérification méthodique des preuves de noblesse. Ainsi la profession de généalogiste acquiert-elle droit de cité.
Après la Révolution, dans un pays qui affirme l’égalité du partage du patrimoine, sa principale activité consistera à retrouver les héritiers légitimes dans les successions problématiques.
Plus près de nous, dans les années 1970, la généalogie prend son essor en tant que loisir populaire organisé en un vaste réseau associatif, avec l’appui de Jacques Dupâquier, spécialiste en démographie historique.
Cet engouement est lié au succès de la « micro histoire » et à la parution de l’ouvrage d’Emmanuel Leroy-Ladurie, Montaillou, village occitan en 1975, ainsi qu’à l'attention nouvelle portée à l'histoire sociale, dans le droit fil du marxisme et de l’École des Annales issue de Marc Bloch et Lucien Febvre.
Les enquêteurs peuvent s’appuyer sur les sources considérables produites par l'État au cours des siècles : actes notariés, registres de taille, état-civil, dénombrements de la population, registres de matricules militaires...
Malgré les destructions d'archives par accident ou lors des troubles civils, ils peuvent remonter jusqu'au milieu du XVIIe siècle, voire la fin du XVIe siècle.
Last but not least, la généalogie bénéficie aujourd'hui de l'apport capital d'internet et de la numérisation d'une bonne partie des archives.
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Jacques Groleau (13-05-2024 21:30:56)
Les diverses lois, édits etc. sous le règne de Louis XIV ont incité beaucoup à créer (souvent de toute pièce) un "bel arbre généalogique". En effet, "3 quartiers de noblesse" pouvaient valoir quelques exonérations de certains impôts. "faut pas rigoler avec ces choses-là" !
Puis, la Révolution a fait abandonner ces "beaux noms à tiroir" à nombre de gens qui voulaient éviter la guillotine ou les noyades de Carrier.
Sic transit gloria mundi...
Jeanne (19-02-2021 10:45:00)
oui, "vraie histoire" et partage du fil de l'histoire de chacun...
Je vous "offre" un tour du monde en 80 grands parents..
textes sans prétentions littéraires, juste le plaisir du partage
https://www.salondulivrealencon.fr/le-salon-cest-aussi/un-tour-du-monde-80-grands-parents
Ginchereau, Normande (17-02-2021 13:59:03)
La généalogie est de la « vraie histoire » captivante ». Ici, de la Nouvelle-France à aujourd'hui, j'ai fait des découvertes surprenantes sur les premiers Français venus en cette terre lointaine dont Louis Hébert et sa famille, Les Filles du Roy, Les Soldats de Carignan et combien d'autres. Je suis toujours contente de consulter mes milliers de fiches. GN