Le baccalauréat

Brocardé, mais toujours là !

On l'adore, on le déteste ! On aime à rappeler comme Charles Aznavour ces « jours du bac » qui ont marqué notre jeunesse. Bien plus qu'un certificat d'aptitudes, le baccalauréat a longtemps été un rite de passage à l'âge adulte... et une charge budgétaire imposante. En 2017, on a compté 2 900 sujets traités par 718 000 élèves de Terminale sur quatre millions de copies ! Et si l'on ajoute la participation des 170 000 examinateurs, on obtient sur la calculette une épreuve qui coûte 1,5 milliard d'euros à l'État (source : Le Monde).

Le jeu en vaut-il encore la chandelle ? D'aucuns en doutent. Notes surévaluées, lauréats aux aptitudes incertaines, absence de toute forme de sélection... Doublé depuis 2018 par l'outil internet Parcoursup, le baccalauréat n'apparaît même plus utile à l'entrée dans l'enseignement supérieur. Dans le principe, pourtant, il reste plus que jamais nécessaire comme nous le verrons... 

Isabelle Grégor et André Larané
Bravo, vous avez gagné... des baies !

Baccalauréat... Voici un mot mystérieux qui donne beaucoup de peine à ceux qui sont fâchés avec l'orthographe ! On comprend bien qu'il est question d'un lauréat (personne qui a réussi un examen), mais d'où sort ce préfixe « bacca » ? Pour le comprendre, il faut justement s'intéresser à ce lauréat, ce « bachelier » (devenu nom propre sous la forme de Bachelet) qui apparaît dans notre littérature dès le XIe siècle puisqu'on le croise au détour des pages de la Chanson de Roland. Venu du bas latin sous la forme bacchalariatus, il désigne alors un débutant en chevalerie, sens qui va s'élargir jusqu'à s'appliquer à tout jeune noble. On le retrouve en anglais (bachelor) pour désigner un jeune célibataire, à la veille d'entrer dans la vie adulte.
Le mot a fini par évoquer tous ceux qui possèdent un savoir-faire reconnu. Qu'importe s'ils n'ont pas de diplôme ! Ce bacchalariatus serait devenu subrepticement baccalaureus sous l'influence, nous disent les étymologistes, de laureare (« couronner de lauriers ») à moins que des baies de laurier (bacca laurea en latin) se soient invitées dans le processus pour rappeler la couronne offerte au vainqueur.
Quoi qu'il en soit, ce « singulier barbarisme » comme le désigne Littré, apparaît sous cette forme au XIVe siècle pour définir la capacité à soutenir une dispute en rhétorique, avant de subir l'outrage de l'apocope (suppression des dernières syllabes) et de se retrouver en compagnie de deux homophones désignant l'un, un récipient, et l'autre, une embarcation : bac. Le hasard est habile et la métaphore facile : le bac n'est-il pas devenu un rite de passage permettant d’aller de la rive du lycée à celle de l'université, et de celle de l'enfance à celle de l'âge adulte ? Quant au bachot, bachoter et autre bachotage venus de la langue populaire, notons qu'aujourd'hui ils ont pris un petit coup de vieux !

Un cours à l'université donné par Henricus de Alemannia, Laurentius de Voltolina, XIVe siècle, musée des estampes et des dessins, Berlin, Allemagne.

Un diplôme plié en deux

Pour comprendre l'histoire du baccalauréat, il faut s'intéresser non pas au lycée qu'il hante de sa présence aujourd'hui, mais à l'université. C'est en effet à partir du haut que le système éducatif français s'est mis en place, au Moyen Âge.

Leçon de théologie à la Sorbonne, Nicolas de Lyre, XVe siècle, Troyes, Bibliothèque municipale.L'enseignement public se constitue à la fin du XIe siècle, alors que le pays a un grand besoin de personnes sachant lire et compter pour accompagner son développement. Il est d’abord confié aux évêques qui ouvrent une école diocésaine près de leur cathédrale et subventionnent un professeur, l’écolâtre.

Pour les élèves, pas de cursus, pas d’examen et des cours qui varient suivant les villes… mais une obligation pour tous : apprendre le latin, langue de tous les clercs dans laquelle se donne l’enseignement de la rhétorique (pour bien s’exprimer) et de la dialectique (pour bien raisonner).

Il faut mettre un peu d’ordre : ce sera le rôle de Philippe Auguste qui accorde en 1200 une charte aux maîtres et élèves, désormais reconnus comme appartenant à une communauté à part (universitas). C’est alors que s'organisent des établissements pour enseigner la théologie, puis les arts, le droit et la médecine. 

Réunion de docteurs à l'université de Paris durant le Moyen Âge, Étienne Colaud, 1537, BnF, Paris.Ouverte donc en 1200, l'université de Paris peut revendiquer chez nous la primauté, avant Montpellier, fondée en 1283 qui allait se faire une belle réputation en médecine. On vient de toute l'Europe partager la vie de ces « escoliers » qui, faute de papier, se contentent d'écouter leur « maître » avant de les payer.

Pour loger tout ce petit monde, souvent fort turbulent, on commence à construire des hôtels ou collèges, à la manière de celui qu'a établi à Paris un certain Robert, fils de paysan originaire du village ardennais de Sorbon.

Organisés à la façon des corporations, les étudiants se devaient d'accumuler connaissances et cadeaux à destination de leurs professeurs pour obtenir les diplômes (du grec : « pliés en deux ») définis au XIIIe siècle. Parmi ceux-ci, la déterminance ou baccalauréat n’est qu’une étape intermédiaire vers la licence qui donne le droit d'enseigner.

Ce système continua tant bien que mal pendant tout l'Ancien Régime, jusqu'à ce que la Révolution décide d'y mettre bon ordre. C'est ainsi qu'en 1793 les universités furent supprimées, remplacées par neuf lycées censés « enseigner toutes les sciences dans toute leur étendue ». Il faudra attendre l'Empire pour ressusciter notre baccalauréat.

Bacheliers et gladiateurs, même combat ?

Edme-François Mallet, qui a participé à l'aventure de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, a cherché lui aussi à percer le secret de l'origine du mot « baccalauréat » :
« Il n’y a guère de mot dont l’origine soit plus disputée parmi les critiques que celui de bachelier, baccalarius ou baccalaureus : Martinius prétend qu’on a dit en latin baccalaureus, pour dire bacca laurea donatus, et cela par allusion à l’ancienne coutume de couronner de laurier les poètes, baccis lauri, comme le fut Pétrarque à Rome en 1341. Alciat et Vivès sont encore de ce sentiment, Rhenanus aime mieux le tirer de baculus ou baccilus, un bâton, parce qu’à leur promotion, dit-il, on leur mettait en main un bâton, pour marquer l’autorité qu’ils recevaient, qu’ils avaient achevé leurs études, et qu’ils étaient remis en liberté ; à peu près comme les anciens gladiateurs, à qui l’on mettait à la main un bâton pour marque de leur congé ; c’est ce qu’Horace appelle rude donatus. Mais Spelman rejette cette opinion, d’autant qu’il n’y a point de preuve qu’on ait jamais pratiqué cette cérémonie de mettre un bâton à la main de ceux que l’on créait bacheliers ; et d’ailleurs cette étymologie conviendrait plutôt aux licenciés qu’aux bacheliers, qui sont moins censés avoir combattu qu’avoir fait un premier essai de leurs forces, comme l’insinue le nom de « tentative » que porte leur thèse.  » (article « Bachelier », Encyclopédie, 1751).

Diplôme de bachelier, 1810, musée national de l'Éducation.

À l'origine, un jeu de boules

Et ce fut un travail de longue haleine : il aura fallu plus de deux ans et près d'une vingtaine de versions différentes pour que le chimiste Antoine-François Fourcroy parvienne à mettre un point final au décret organique du 17 mars 1808 qui refait vivre les universités, et surtout qui remet au goût du jour « la maîtrise ès arts », rebaptisé « baccalauréat ».

Portrait d'Antoine-François de Fourcroy, Anicet Charles Gabriel Lemonnier, début XIXe siècle, musée d'Histoire de la Médecine.C'est Napoléon qui, comprenant que l'urgence est de former des élites pour prendre en charge le pays, a demandé à ce chimiste de formation de s'atteler au chantier de la modernisation de l'instruction. Cela passe donc par la création de trois diplômes universitaires : le baccalauréat, la licence et le doctorat.

Le premier, que l'on ne peut obtenir avant l'âge de 16 ans, sanctionne la fin des études secondaires et permet l'entrée à l'université. Il est donc logique que ce soit des professeurs de cette noble institution qui composent les jurys. Ils se partagent en cinq spécialités : lettres, sciences, médecine, droit et théologie.

Lycéen, vers 1810, musée national de l'Éducation.Ils ont pour rôle d'évaluer huit candidats en même temps, à l'oral, pendant 45 minutes. Et gare à celui qui n'est pas capable de « répondre sur tout ce qu'on enseigne dans les hautes classes des lycées », c'est-à-dire qui ne sait pas sur le bout des doigts ses classiques grecs et latins ! La maîtrise des humanités reste indispensable, même en sciences, pour éviter l'appréciation « Mal » et décrocher le « Très bien » tant espéré.

Du côté des examinateurs, on s'amuse ! Du moins la délibération ressemble-t-elle à un jeu : il leur suffit de déposer des boules blanches dans une urne pour un avis favorable, des noires en cas contraire. Avec huit boules blanches, la mention « Très bien » tombe !

On ne sait si les 31 premiers candidats furent ravis de leur prestation mais il semble qu'ils ne firent pas une mauvaise réputation à l'épreuve puisque 666 jeunes s'inscrivirent l'année suivante, et qu'on atteignit le nombre de 3 000 en 1830, 20 ans plus tard. Le « bac » venait d'entrer dans les mœurs.

À l’Auberge des retoqués

Dans L’Enfant (1879), Jules Vallès s’inspire de son propre baccalauréat pour nous raconter les malheurs de son personnage, Jacques Vingtras, aspirant bachelier.
« Cette après-midi l’examen.
Je repasse, je repasse, comme si je pouvais avaler le Manuel en trois bouchées.
« Monsieur Vingtras ! »
C’est mon tour. […]
M. Gendrel est le professeur de philosophie. Il est licencié de province, docteur ès lettres de province ; il n’a pas bu aux fortes sources comme eux, comme moi, et, comme c’est un cafard, à ce qu’on dit, le doyen le pique chaque fois qu’il le peut. Il m’a pris pour prétexte à l’instant.
M. Gendrel est jaune, jaune comme un coing, avec des lunettes comme celles de Bergougnard. […]
C’est à lui que j’ai affaire maintenant.
Il me fixe : ses lunettes flamboient comme des pièces de cent sous toutes neuves. […] « Monsieur, vous avez à nous parler des facultés de l’âme. »
(D’une voix ferme) : « Combien y en a-t-il ? »
Il a l’air d’un juge d’instruction qui veut faire avouer à un assassin, ou d’un cavalier qui enfonce un carré avec le poitrail de son cheval.
« Je vous ai demandé, monsieur, combien il y a de facultés de l’âme ? »
Moi, abasourdi : « Il y en a HUIT. »
Stupeur dans l’auditoire, agitation au banc des examinateurs !
Il y a un revirement général, comme il s’en produit quelquefois dans les foules, et l’on entend : Huit, huit, huit.
Pi — wit !…
J’attends l’opinion de Gendrel. Il me regarde bien en face.
« Vous dites qu’il y a huit facultés de l’âme ? Vous ne faites pas honneur à la source des hautes études à laquelle monsieur le doyen vous félicitait si généreusement de vous être abreuvé, tout à l’heure. Dans le collège de Paris où vous étiez, il y en avait peut-être huit, monsieur. Nous n’en avons que sept en province. »
Les examinateurs, qui lui en veulent, ne peuvent cependant accepter ma théorie des huit publiquement, et je vais porter la peine d’avoir lancé à un examen une franchise qui avait besoin de volumes et d’hommes célèbres pour la faire accepter.
Le doyen rentre et dit sèchement : « Monsieur Vingtras est appelé à se présenter à une autre session. » […]
Le soir du même jour où l’on apprit que j’étais refusé, on lisait sur notre porte :
À LA BOULE NOIRE
AUBERGE DES RETOQUÉS »

« Le Baccalauréat » dans Petit Jounal pour Rire,  Émile Marcelin, vers 1850, musée national de l'Éducation.

Un peu d'organisation !

Né avec l'Empire, le baccalauréat ne disparaît pas avec lui mais se voit au contraire consolidé par la Restauration monarchique. N'est-il pas en premier lieu destiné aux enfants de la bourgeoisie ?

Entrée du collège royal, rue de l'Université, Jacques-Joseph Maquart, Éssais historiques sur ses rues et ses monuments, Reims, 1844.Certes, on cherche en 1826 par décret à écarter ceux qui n'auraient pas suivi des cours de rhétorique dans des institutions reconnues. Au revoir, les jeunes instruits par des précepteurs !

Mais devant le tollé général, on met en place un système de certification des connaissances minimales. Personne ne peut encore échapper à la version latine présentée à l'oral mais, après 1830, une épreuve écrite permet aux meilleurs de montrer leur habilité d'expression.

Pour les élèves en difficulté, deux solutions : les révisions à plein régime grâce aux premières « boîtes à bac » et « fours à bachot », où la tricherie prend une telle ampleur qu'une loi doit être votée en 1901.

Pour les plus consciencieux, le marathon se déroule à partir de 1874 sur deux années avec une épreuve scindée en deux parties, lettres-histoire puis philosophie-sciences. Mais il faut toujours choisir « son » bac : sciences d'un côté, humanités de l'autre avec la possibilité, dès 1880, d'opter pour une formule sans latin.

Chen, caricature des années 1930.Tous ceux qui sont fâchés avec Cicéron peuvent dire merci à Jules Ferry ! Il supprime la composition latine écrite, lui préférant une « composition française sur un sujet de littérature ou d'histoire », ce qui va ouvrir la voie à l'étude de notre littérature.

Face à la multiplication des candidats qui sont désormais près de sept mille par an, l’organisation de l’examen devient si difficile qu'une grande enquête est lancée en 1885 par le ministre Clément Fallières.

Il en résulte un « baccalauréat de l'enseignement secondaire » unique, les élèves n'ayant qu'en 2e année des épreuves différentes selon leur spécialité : lettres-philosophie, lettres-mathématiques ou lettres-sciences.

Désormais notés sur une échelle de 0 à 20, les potentiels collés peuvent être sauvés par leur livret scolaire s'ils sont « victime[s] d'un accident, d'un trouble passager, d'une défaillance de mémoire ». Dans le même temps, le nombre des épreuves se multiplie : en 1902, il faut en organiser 17 pour l'écrit et 44 pour l'oral.

Débordés, les professeurs d'université appellent à la rescousse leurs collègues des lycées. En 1928, on se décide même à préciser que le personnel féminin est accepté... Face aux montagnes de copies qui s'accumulent, il faut bien laisser de côté ses préjugés !

Hors-la-loi

En 1890, le rapporteur du décret qui a institué le baccalauréat unique défend cet examen dans un discours qui paraît bien moderne :
« Aucune question peut-être, dans toute l'organisation de notre enseignement, n'a suscité plus de controverses que le baccalauréat. Souvent modifié, il n'a jamais cessé d'être suspect à ceux qui s'occupent des problèmes d'éducation, ni de provoquer les plaintes des maîtres et des parents. On l'a accusé, non sans raison, d'altérer le caractère des études dans les classes supérieures de nos lycées et de nos collèges, d'asservir les professeurs à la préparation d'un examen mal conçu, qui se passe dans des conditions fausses, et où l'élève, inconnu de ceux qui l'interrogent, est exposé à subir un échec immérité. Tels ont paru les défauts du baccalauréat qu'on a plus d'une fois proposé de le mettre hors-la-loi et de prononcer contre lui la mort sans phrases. Ceux qui sont partisans de cette mesure en ont-ils bien calculé les conséquences ? Le baccalauréat supprimé, on ne manquerait point de placer à l'entrée des carrières pour lesquelles il est exigé des examens d'un caractère bien plus technique et plus professionnel : ce serait donc la ruine définitive de cette culture générale qu'on reproche au baccalauréat de compromettre et le triomphe de l'instruction utilitaire » (Revue internationale de l'enseignement, 1890).

Arrivée des candidats au baccalauréat, Amélie Galup, 1899, Charenton-le-Pont, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine.

Tous au bac !

« S'attendre à toutes les déceptions nous en épargne beaucoup », Augusta Coupey, dans Pensées françaises, vers 1900, musée national de l'Education.La société change et oblige le bac à se moderniser avec elle. On a de plus en plus besoin de jeunes bien formés, ayant suivi des études longues, voire spécialisées. Le nombre de bachelier atteint près de 37 000 en 1926, ce qui est encore bien peu comparé aux 618 000 lauréats de 1993 !

Il faut dire qu'entre-temps le baby-boom est passé par là, obligeant l'État à construire pratiquement un collège par jour pendant la décennie 1965-1975. Les familles poussent leurs enfants vers le supérieur et les incitent à s'inscrire, pourquoi pas, dans cette toute nouvelle série « technique et économique », ancêtre de la série B, à moins qu'ils ne préfèrent un enseignement professionnel dans un lycée technique (1959).

Mais cet afflux n'est pas sans conséquences : fini les épreuves de la première année, trop compliquées à organiser ; c'est décidé, on ne gardera que le français. Les séries se multiplient au fil de l'alphabet, de A à G, lettres auxquelles il faut même ajouter des chiffres pour préciser les spécialités : A1, A7... On s'y perd !

Maison des Examens, bac 1958 : un groupe d'étudiants dans l'attente des résultats, Jean Suquet, Musée national de l?Education, Réseau Canopé 2015.Il est une date cependant auquel tous les aspirants bacheliers rêvent : 1968, année où les lycéens eurent le droit de ne passer que les oraux, pour cause d'« événements ». Le résultat ne se fit pas attendre avec un taux de réussite de 81 % (nous sommes aujourd'hui bien au-delà !).

Quelques années plus tard, par une loi de novembre 1985, le ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement ajouta à la panoplie un baccalauréat professionnel avec l'objectif de 80% d'une classe d'âge atteignant le niveau du baccalauréat en l'an 2000 (sans nécessairement l'obtenir !). Cet objectif lui a été inspiré par l'exemple japonais.

Rien à voir avec le « modèle allemand ». Outre-Rhin en effet, c'est seulement un peu plus de la moitié des lycéens qui décrochent encore aujourd'hui l'Abitur, diplôme donnant accès à l'enseignement supérieur. Les autres s'orientent plutôt vers des filières courtes centrées sur l'apprentissage.

Les 10 commandements du parfait candidat

Dans L'Art de se former l'esprit et de réussir le baccalauréat (1938), François Charnot donne quelques conseils pour élèves stressés. Toujours d'actualité !
« Chers élèves, il faut faire votre examen de conscience, et vous corriger de vos insuffisances. [...]
Pas de crédulité (ne pas croire aux bruits qui courent dans la foule surexcitée des candidats au baccalauréat). Ayez foi dans votre travail.
Pas de finasserie (ne vous fiez pas aux recettes pour donner le change sur votre valeur réelle).
Pas de copiage, pas de flatterie.
Ne vous fiez pas à votre réputation (que la renommée vous grise ou qu'elle vous abatte, elle est mauvaise conseillère).
N'attendez pas pour travailler le dernier moment.
Ne soyez pas pessimistes : l'ignorance est une maladie de l'esprit, le pessimisme est une maladie de la volonté.
L'audace est nécessaire, elle est un des éléments du succès. S'il y avait au baccalauréat des miracles, l'optimisme serait capable de la faire.
Pas d'optimisme exagéré […].
Soyez vous-même (ne forçons pas notre talent, nous ne ferions rien avec grâce).
Ayez du cran jusqu'au bout. Vous avez au moins 8 chances sur 10 d'être secoué, bouleversé par un examinateur dont vos prédécesseurs ont irrité légèrement le caractère. Mais faites confiance aux gens sévères, ils ont souvent une bonté cachée »
.

Sortie du lycée Condorcet, Jean Béraud, 1903, Paris, musée Carnavalet, Paris.

Le « mammouth » à la peine

« Faut-il supprimer le bac ? », Fabrice Erré, juin 2015.En France, en ce début du XXIe siècle, l'objectif du ministre Chevènement a été atteint avec 80% de chaque classe d'âge au niveau bas, mais à quel prix !

On peut d'abord se féliciter que les filles représentent de nos jours la majorité des diplômés, dépassant leurs homologues masculins de près de 5% (ce ne fut pas toujours le cas, loin de là).

Plus de 700 000 diplômes sont désormais délivrés chaque année à près de 90% de chaque classe d'âge. Le taux de réussite à l'examen est supérieur à 80% (91,5% en 2020 !). La moitié des bacheliers obtiennent une mention, quel que soit le type de bac (général, technologique ou professionnel) et l'on compte même 7,3 % de mentions « Très Bien », avec pour certains lauréats une note globale supérieure à 20/20 grâce à des épreuves optionnelles dont les points au-dessus de la moyenne s'ajoutent à la note globale !

« Les Résultats », Fabrice Erré, juin 2017.Cela veut-il dire que nos chères petites têtes blondes (et brunes) seraient mieux remplies qu'autrefois ? Pas le moins du monde. Ces résultats pharamineux résultent avant tout de la « politique du thermomètre » : les rectorats réajustent les notes des correcteurs à la hausse pour ne déplaire à personne ! 

De fait, le niveau d'exigence a beaucoup baissé depuis la fin du XXe siècle et, faute de maîtriser la lecture, l'écriture et le calcul, une proportion notable de bacheliers d'aujourd'hui auraient sans doute échoué cinquante ans plus tôt au... certificat d'études qui clôturait le premier cycle (l'école primaire).

Nous en sommes arrivés au point où des facultés font passer un test de français aux nouveaux étudiants, dixit le sociologue Pierre Merle et Emmanuel Garot, porte-parole de la Peep, parents d'élèves de la Peep, sur France Inter, le 5 juillet 2022.

Plus grave, avec la mise en place en 2018 de l'outil internet Parcoursup, les lycéens sont sommés de se porter candidats aux établissements d'enseignement supérieur qu'ils souhaitent intégrer. Ces candidatures se font sans attendre le bac, sur la base d'une lettre de motivation (que les établissements ne lisent en général pas) et des notes de contrôle continu en classes de première et terminale.

De la sorte, les lycéens savent où ils vont poursuivre leurs études avant même d'avoir passé le baccalauréat, devenu simple formalité, sans lien avec son ancien statut de premier grade universitaire.

Mais la nouvelle procédure a aussi induit des effets pervers que soulignent les enseignants : parents et élèves font tout au long de l'année pression sur eux pour qu'ils réhaussent les notes desdits contrôles, déterminantes pour l'admission dans les bons établissements. Les classes préparatoires aux grandes écoles sont de la sorte inondées de dossiers tous excellents en apparence avec des moyennes supérieures à 16 qui ne reflètent pas toujours les aptitudes réelles des candidats.

Reste à savoir si, pour remédier à ces échecs, les autorités auront un jour la volonté et le courage d'en revenir à un baccalauréat véritablement sélectif et équitable, avec des épreuves écrites anonymes. 

Publié ou mis à jour le : 2023-12-11 17:30:29
Gildas (18-06-2019 17:49:25)

Aznavour: la variétoche en référence... Tout va bien, la culture progresse

MAURECH-SIMAN (29-01-2018 10:58:34)

Permettez-moi de vous rappeler que l'Université Catholique de Toulouse (il n'y en avait d'autres à cette époque) à été créée en 1229, donc après Paris, mais avant Montpellier, .... ce qui en fait la quatrième plus ancienne d'Europe (après Bologne, la Sorbonne et Oxford). L'Institut Catholique de Toulouse actuel en est la "descendance" ... mise à part la coupure générée par la Révolution. Hérodote est toujours aussi formidable et le sans faute n'est pas humain.

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