Nuremberg

Un condensé de l'histoire allemande

Au coeur de l'Allemagne, Nuremberg (Nürnberg en allemand) est aujourd'hui une ville attrayante d'un demi-million d'habitants. Ses quartiers médiévaux et de la Renaissance, magnifiquement restaurés, ne gardent plus trace des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

Si le nom de la cité est aujourd'hui associé au procès du nazisme, on ne saurait oublier que Nuremberg fut aussi au Moyen Âge l'une des capitales du Saint Empire et le cœur vivant de l'Allemagne des marchands et des artistes. D'ailleurs, on peut encore se recueillir sur la tombe - toujours très fleurie - du plus célèbre de ses enfants, le peintre Albrecht Dürer.

Nuremberg en 1493, illustration de la Chronique de Nuremberg d'Hartmann Schedel.

Une cité impériale

Nuremberg est aujourd'hui la capitale de la Franconie, l'une des sept circonscriptions du Land de Bavière.

Le château de Nuremberg aujourd'hui (DR)La ville s'est développée autour d'une forteresse royale mentionnée pour la première fois en 1050.

Par sa situation privilégiée au cœur de l'Allemagne et des grandes routes européennes, la ville connaît dès le XIIIe siècle un essor rapide. Elle devient une place financière et un centre métallurgique important qui attire les armuriers et les orfèvres de toute l'Allemagne.

La bourgeoisie de la ville obtient en 1212 de l'empereur Frédéric II une charte municipale qui fait de Nuremberg une ville impériale, quasiment indépendante.

La ville se trouve un puissant bienfaiteur en la personne de l'empereur Charles IV de Luxembourg, un seigneur de culture française par ailleurs roi de Bohème. Le 10 janvier 1356, il promulgue devant les représentants de l'Empire réunis en Diète à Nuremberg la « Bulle d'or ». C'est le premier texte constitutionnel du Saint Empire.

Désormais, sur une décision de Charles, tout nouvel empereur sera invité à réunir sa première Diète à Nuremberg. La ville va devenir l'une des trois « capitales » du Saint Empire avec Francfort, où sont élus les nouveaux empereurs, et Aix-la-Chapelle, où ils sont couronnés.

L'empereur Charles Quint va toutefois se détourner de la ville au début du XVIe siècle, d'autant que celle-ci aura le mauvais goût de se rallier à la Réforme luthérienne en 1524.

Une bourgeoisie inspirée

Les marchands de Nuremberg, riches de leurs contacts avec l'ensemble de l'Europe, se passionnent pour les arts et font venir de partout artisans et artistes, parmi lesquels le père d'Albrecht Dürer.

Les rejetons des familles aisées de la ville vont étudier par-delà les frontières et en rapportent les idées nouvelles de la Renaissance.

La tombe d'Albrecht Dürer, Nuremberg Dans leurs rangs émerge la corporation des Meistersinger (« maîtres-chanteurs »), poètes et musiciens à l'origine de la poésie allemande. Leur plus célèbre représentant est le fils d'un cordonnier, Hans Sachs (1494-1576). Le géographe et navigateur Martin Behaïm, lui aussi né à Nuremberg, crée le premier globe terrestre en 1492 !

L'imprimerie est accueillie avec passion à Nuremberg et c'est chez un imprimeur luthérien de la ville que le chanoine polonais Nicolas Copernic fera imprimer, à la veille de sa mort, son sulfureux traité d'astronomie.

Automne, hiver et printemps

Pénalisée par la découverte du Nouveau Monde et meurtrie par la guerre de Trente Ans, Nuremberg entre au milieu du XVIe siècle dans un demi-sommeil.

Elle perd son indépendance en 1806, avec la création par Napoléon de la Confédération du Rhin, et se voit attribuée au royaume de Bavière. Sa bourgeoisie conserve néanmoins l'esprit d'entreprise et elle ouvre entre Nuremberg et Fürth la première ligne ferroviaire allemande en 1835.

Pour des raisons moins sentimentales que pratiques, parce que située au centre de l'Allemagne moderne et bien reliée par le train et la route à toutes les régions du pays, Nuremberg est choisie par Hitler pour accueillir les réunions annuelles du parti nazi à partir de 1926.

Le « rassemblement de la Liberté », du 10 au 16 septembre 1935, évoque la reconquête par l’Allemagne du droit de s’armer. Il reste surtout tristement célèbre par l’annonce des premières grandes lois antisémites du régime.

À la fin de la guerre, après leur entrée dans la ville, les troupes américaines organisent le 22 avril 1945 à cet endroit un défilé de la victoire et le concluent en faisant exploser l’énorme croix gammée qui surplombait la tribune du Führer.

En 1946, les Alliés décident de juger les criminels nazis dans cette ville hautement symbolique. Ils débloquent à la hâte dix millions de deutschemarks pour restaurer tant bien que mal l'ancien palais de justice afin que s'y tiennent les procès.

Détruit à 99% par les bombardements aériens de la guerre, le centre historique de la cité impériale a été reconstruit à l'identique une fois la paix revenue. Il fait aujourd'hui le bonheur des habitants et des touristes, qui peuvent parcourir toute l'Histoire allemande à travers ses ruelles et ses places, ainsi que dans son très beau musée historique.

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
kourdane (26-02-2018 19:55:06)

la Franconie est une région à visiter,Nurnberg est une ville fort agréable

HANUS (24-01-2018 11:09:24)

Article qui remet bien l'histoire de Nuremberg dans sa véritable histoire méconnue des français en général. Merci

Gugu (21-01-2018 20:51:08)

Merci pour ce rapide historique qui donne bien envie d'aller visiter cette métropole régionale.

Jacques VILLAIN (21-01-2018 19:25:06)

Nuremberg a-t-elle vraiment été bien reconstruite? Nos amis allemands ont sans doute fait de leur mieux, mais je n'ai pas à Nuremberg la même impression d'authenticité qu'à Venise, à Florence, à Loches... et même dans des villes très restaurées comme Cologne ou Carcassonne.

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