Née en 1122 ou 1124, la reine Aliénor accueille la mort à quatre-vingts ans environ dans sa chère abbaye de Fontevraud, près de Saumur, le 1er avril 1204.
Duchesse d'Aquitaine, reine de France puis reine d'Angleterre et mère de deux rois, Aliénor d'Aquitaine a participé activement à la plupart des grands événements qui ont marqué son siècle, le XIIe. Elle témoigne du statut élevé auquel pouvaient accéder les femmes dans la chrétienté médiévale, à l'aube de la civilisation européenne. Qu'on en juge !...
Une femme d'exception dans une chrétienté en ébullition
Peu de vies furent aussi remplies que celle d'Aliénor : par ses mariages avec Louis VII puis Henri II Plantagenêt, elle fut successivement reine de France et reine d'Angleterre ; deux de ses fils, Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre, devinrent eux-mêmes rois d'Angleterre. Elle eut deux filles du roi de France et huit enfants de celui d'Angleterre, le dernier de ses enfants, le futur Jean sans Terre, étant né dans l'année de ses 45 ans.
Proche des troubadours, dont son propre grand-père, le duc Guillaume IX d'Aquitaine, la future reine goûte la poésie épique avec les Chevaliers de la Table ronde et le roi Arthur (1135). Peut-être a-t-elle aussi disserté sur la philosophie dont les premiers jalons modernes ont été posés par des clercs tels Bernard de Chartres et Pierre Abélard. Deux ans après la mort de ce dernier, elle assistait avec son mari Louis VII et l'abbé Suger à la consécration de l'abbatiale de Saint-Denis, qui a marqué la naissance de l'art gothique en 1144.
Passent encore deux années et la voilà qui prend la route de Jérusalem pour une deuxième croisade, à l'instigation de Bernard de Clairvaux, fondateur de l'ordre des cisterciens (et par ailleurs adversaire d'Abélard et Suger). De retour de croisade, la reine, déjà trentenaire, se brouille avec son mari le roi de France Louis VII et se prend de passion pour le comte d'Anjou Henri Plantagenêt, de dix ans plus jeune qu'elle. Peu après leur mariage, ce dernier hérite du trône d'Angleterre !
Aliénor, qui n'avait eu que deux filles avec son premier mari, va donner le jour à trois filles et six garçons dont trois monteront successivement sur le trône. L'une de ses filles épousera le comte Raymond VI de Toulouse. Une autre le roi Alphonse VIII de Castille... Peu avant sa mort, Aliénor se rend à la cour de Castille pour arranger le mariage de sa petite-fille Blanche de Castille avec l'héritier du trône de France, Louis VIII. Ce sera son ultime succès...
Notons aussi que par son divorce d'avec le roi de France et son remariage avec le futur roi d'Angleterre, elle inaugura sept siècles de guerres et de rivalités quasi-ininterrompues entre les deux nations !
Un grand-père troubadour
Héritère du duché d'Aquitaine, la jeune Aliénor a reçu à la cour de Poitiers une éducation soignée. Passionnée par la poésie et les lettres, elle suit la tradition familiale et, sa vie durant, entretiendra autour d'elle une cour de poètes comme son grand-père.
Celui-ci, Guillaume IX d'Aquitaine, troubadour (dico) autant que chevalier, célébrait l'amour courtois et accueillait les poètes à la cour de Poitiers. Il avait encouru les foudres de l'Église pour avoir enlevé à son époux Maubergeonne, vicomtesse de Châtellerault. Il mourut en 1126 et fut enterré au Moutier-Neuf (le « nouveau monastère », près de sa bonne ville de Poitiers).
Son fils et successeur hérita de ses titres sous le nom de Guillaume X. Il devint comte de Poitiers et duc d'Aquitaine (le titre de duc d'Aquitaine a longtemps été disputé entre les comtes de Toulouse et ceux de Poitiers). En 1136, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, il tomba malade.
Scènes de ménage
Sentant sa mort proche et n'ayant que deux filles, le duc décide de marier l'aînée au fils du roi de France, Louis VI le Gros.
L'idée lui aurait été suggérée par l'abbé Suger, conseiller de la monarchie capétienne. Le roi de France, également à l'agonie, reçoit avec chaleur la proposition. Son fils Louis le Jeune (17 ans) prend sans attendre la route de Bordeaux avec une escorte de chevaliers. Le mariage est célébré en l'église Saint-André.
C'est ainsi qu'Aliénor, âgée d'environ 15 ans, hérite le 9 avril 1137 des immenses possessions de son père, et sitôt après, le 25 juillet 1137, épouse l'héritier de la couronne de France. Quelques jours après le mariage, le 1er août 1137, son beau-père décède. La voilà duchesse et reine ! Et pour la première fois de l'Histoire, le royaume capétien atteint les Pyrénées.
Le couple royal est aussi mal assorti que possible. La petite duchesse, née pour la poésie et la gaudriole, supporte mal son époux, dont la prédisposition à la bile a été aggravée par l'éducation à l'abbaye de Saint-Denis. « J'ai cru épouser un homme, non un moine », aurait-elle confié.
Aliénor a le privilège d'assister aux côtés de son mari à la consécration de l'abbatiale de Saint-Denis, première révélation de l'art gothique. Dans le même temps, son royal mari prépare une deuxième croisade en Terre sainte, en guise de pénitence après l'horrible massacre de Vitry-sur-Marne.
Aliénor à la croisade
La croisade s'ébranle à la Pentecôte 1147. Elle traverse l'Europe centrale et atteint Constantinople, traverse le Bosphore puis gagne en bateau la citadelle d'Antioche, capitale de la Syrie franque. Ils y sont accueillis par Raymond de Poitiers, brillant chevalier et bel homme, au charme duquel la reine Aliénor est immédiatement sensible. Le philosophe et évêque Jean de Salisbury, témoin de l'affaire, écrira en 1161 : « Les conversations assidues et ininterrompues du prince Raimond et de la reine excitèrent la suspicion du roi. » De fait, ces conversations entre Aliénor et son oncle se prolongèrent tant et si bien qu'une méchante rumeur prêtera à la reine de France une liaison coupable avec son séduisant parent. Cela ne va pas contribuer à restaurer la paix de son ménage.
Plus gravement, d'aucuns vont reprocher à Aliénor une part de responsabilité dans l'échec de la croisade. Voici ce qu'écrit le chanoine Guillaume de Newburgh (mort en 1198) : « Le roi Louis VII, pris par une passion véhémente pour sa toute jeune femme, considéra qu'elle devait l'accompagner au combat. Son exemple fut suivi par beaucoup d'autres nobles qui emmenèrent leurs épouses. Comme celles-ci ne pouvaient se passer de chambrières, une quantité de femmes vécut dans ce camp chrétien qui aurait dû être chaste ; de là le scandale qu'offrit cette armée » (Martin Aurell, « Les sept vies d'Aliénor », L'Histoire, juillet-août 2024).
La croisade ayant donc échoué, Aliénor et Louis VII s'en retournent rapidement à Paris. Les sages conseillers Suger et Raoul de Vermandois meurent dans les mois suivants, privant Aliénor de leur amical soutien à un moment crucial de son union.
Malgré la naissance d'une deuxième fille, Alix, le couple royal se déchire de plus belle. Irréfléchi comme à son habitude, le roi convoque un concile à Beaugency-sur-Loire. Le 21 mars 1152, il annule son mariage sous le prétexte habituel de consanguinité (cousinage au 4e degré) : l'Église, en ce domaine, sait se montrer accommodante avec les puissants ! Le roi retire ses troupes et ses agents de l'Aquitaine et du Poitou.
Un bonheur de courte duréee
Aliénor ne perd pas de temps. Elle sait qu'elle est convoitée par tous les coureurs de dot et ce n'est pas une expression en l'air. Revenant dans sa bonne ville de Poitiers, elle manque ainsi de se faire enlever par le comte de Blois Thibaud V puis par Geoffroi, fils cadet du comte d'Anjou Geoffroy V le Bel Plantagenêt.
Puissante et dans toute la beauté de ses 30 ans, elle jette son dévolu sur le bel Henri (20 ans), fils aîné du même Geoffroy V, et lui offre le mariage. Henri est l'héritier de l'Anjou, du Maine et de la Touraine par son père. Il est aussi, par sa mère Mathilde l'Emperesse, le petit-fils du roi d'Angleterre Henri Ier Beauclerc. Comme Louis VII, il est cousin d'Aliénor au 4e degré mais qu'à cela ne tienne ! L'amour a ses raisons que la raison ignore.
L'union est célébrée précipitamment dans la chapelle ducale de Poitiers, le 18 mai 1152, deux mois après le fatal divorce. Ce jour-là, sans doute Louis VII le Jeune a-t-il regretté l'absence du sage Suger...
Pour ajouter à son désarroi, voilà que son ex-épouse donne le jour à un premier garçon le 17 août 1153, elle qui, jusque-là, n'avait eu que des filles ! Le lendemain, Étienne de Blois, qui dispute à Mathilde le trône d'Angleterre, perd son fils unique. Il se résout à adopter Henri Plantagenêt, faisant de lui l'héritier du trône de Guillaume le Conquérant.
Tandis qu'Aliénor met en ordre ses domaines aquitain et poitevin, Henri se rend en Angleterre pour préparer sa prochaine promotion...
Un nuage vient alors obscurcir le bonheur des deux époux : le fringant comte Henri tombe au cours de son séjour outre-Manche sous le charme d'une jeune et blonde anglaise, Rosamonde Clifford, fille d'un baron local. Leur romance durera vingt ans et ne va pas peu contribuer à altérer le bonheur d'Aliénor. Le destin légendaire de la favorite, que l'on croira à tort morte empoisonnée sur ordre de la reine, inspirera de grands poètes comme Chaucer.
Aliénor et Henri, couple à succès
Cela mis à part, tout sourit aux jeunes mariés... Étienne de Blois et Mathilde étant morts, Aliénor et Henri ceignent la couronne royale dans l'abbaye de Westminster, au cœur de Londres. On est le 19 décembre 1154. Le comte d'Anjou devient le roi Henri II. Avec Aliénor, il possède l'Angleterre et tout l'Ouest de la France, de Calais à Bordeaux. Un véritable « Empire angevin » !
Pendant les dix premières années de leur mariage, Henri et Aliénor participent de concert au gouvernement du royaume. La reine exerce la régence quand son époux se rend sur le Continent. Elle dispose de sa propre chancellerie et il lui arrive de dicter des chartes royales sans que le roi se soucie de les valider.
Ternie par la guerre civile qui avait suivi la mort d'Henri Ier Beauclerc, la vie de cour s'épanouit à nouveau dans les fêtes, réceptions et banquets...
Le 25 février 1155, Aliénor donne le jour à un deuxième fils, Henri, héritier du trône du fait de la mort en bas âge de son aîné. Une fille naît peu après puis encore un fils, Richard, le futur Cœur de Lion, le 8 septembre 1157.
Henri II et Louis VII concluent une trêve et l'accompagnent d'une promesse de mariage entre Marguerite, fille du roi capétien et de sa nouvelle épouse Constance de Castille, et l'aîné d'Aliénor.
La reine met au monde un nouveau fils, Geoffroy, en 1158, sans que cela ravive l'amour dans son ménage sur lequel plane l'ombre de la blonde Rosamonde (« fair Rosamund »).
Ménage à la dérive
Aliénor prolonge ses séjours en Poitou et Aquitaine et, à partir de 1163, y demeure en quasi-permanence, cependant que son époux se consacre aux affaires anglaises... et à sa dulcinée.
En 1166, Henri II défait les Bretons et obtient pour son fils Geoffroy la main de Constance, héritière du duché. Sa puissance paraît alors immense et l'avenir des plus prometteurs.
À Poitiers, pendant ce temps, aux dires du chroniqueur André le Chapelain, auteur du Traité de l'amour (1181-1186), la reine anime des cours d'amour où gentes dames et troubadours chantent et dissertent à loisir, rivalisant d'esprit et de charme. Ainsi débat-on par exemple du point de savoir si l'amour est encore possible dans le mariage, quand la relation charnelle devient une contrainte et n'est plus le fruit d'un libre choix !
On croit savoir qu'au cours de ces soirées, Aliénor se serait éprise de l'un des plus célèbres troubadours de son temps, Bernard de Ventadour, et que son amour aurait été payé de retour... Ces cours d'amour vont déboucher plus tard sur l'académie des Jeux Floraux, à Toulouse.
Problèmes successoraux
La reine, à 45 ans, met au monde son dernier enfant, encore un fils, Jean. Henri II ne prévoit pas de le doter, aussi restera-t-il dans l'Histoire sous le nom de Jean sans Terre. Par contre, selon la tradition familiale, le roi envisage de léguer à son fils aîné Henri le trône d'Angleterre et le duché de Normandie, à Richard, le préféré d'Aliénor, l'Aquitaine et l'Anjou, et à Geoffroy, la Bretagne.
Un peu plus tard, Henri II confirme le partage de ses domaines entre ses trois premiers fils. Il fait sacrer son fils Henri pour asseoir la dynastie. Mais Henri le Jeune, surnommé Court-Mantel en raison de ses habitudes vestimentaires, arrogant et vindicatif, ne se satisfait pas de cet honneur. Il réclame de jouir sans délai de la Normandie ! Son père refuse.
Aliénor contre Henri
Henri Court-Mantel complote avec quelques grands vassaux du Limousin et quand son père vient le chercher, il s'enfuit en catamini puis fait mander à sa mère d'engager ses frères Richard et Geoffroy en sa faveur. Aliénor hésite. La raison politique voudrait qu'elle ramène l'harmonie dans sa famille. Mais son amertume d'amoureuse trompée et d'épouse humiliée l'emporte au final : elle entraîne ses fils dans la révolte et envisage même de rejoindre son ancien mari Louis VII à Paris pour gagner son soutien.
Henri II réagit avec détermination. En novembre 1173, il arrive promptement à Chinon, fait arrêter Aliénor par ses hommes d'armes et l'incarcère d'abord à Chinon puis dans la tour de Salisbury, près de Londres, et dans divers châteaux anglais ! La reine s'y morfondra presque sans interruption pendant quinze ans, jusqu'à la mort de son époux.
La guerre parricide se poursuit entre temps. À la Noël 1184, Henri II réunit sa famille à Cantorbéry pour un plaid solennel. Il libère momentanément Aliénor et rend à Richard l'Aquitaine et l'Anjou. Nouveau drame : le 19 août 1186, Geoffroy meurt, piétiné par des chevaux, lors d'un tournoi à la cour du roi de France Philippe Auguste. Il laisse un héritier, Arthur (ou Artus) de Bretagne.
Le roi capétien, fils tardif de Louis VII le Jeune, veut profiter de la situation pour abattre les Plantagenêt. Une guerre se prépare quand soudain, coup de tonnerre, survient la nouvelle terrible : Jérusalem vient de tomber aux mains des Sarrasins ! Une nouvelle croisade s'impose, quarante ans après la précédente. Richard se croise sans attendre. Philippe II Auguste et Henri II conviennent de se croiser également mais ne se hâtent pas...
Richard, Henri II et Philippe Auguste se préparent (avec lenteur) à partir pour la Terre sainte. Cela laisse le loisir à Richard de se révolter une nouvelle fois contre son père et Jean se joint à lui ! Henri II meurt le 6 juillet 1189 à Chinon, abattu par la nouvelle de la trahison de son fils préféré et tourmenté par le remords d'avoir commandité l'assassinat de son fidèle ami, le pieux archevêque Thomas Becket.
Sérénité du grand âge
Richard monte sur le trône sous le nom de Richard Ier et fait aussitôt libérer sa mère. Brutal, colérique, cupide, le nouveau roi s'assagit quelque peu sous l'influence d'Aliénor et s'embarque enfin pour la Terre Sainte.
Sa mère, anxieuse de lui trouver une femme en remplacement de la malheureuse Alix, déshonorée par son beau-père potentiel, va quérir Bérengère de Navarre et rejoint à la hâte son fils à Messine pour lui confier sa nouvelle fiancée.
Puis, comme son cher fils Richard est fait prisonnier par le duc d'Autriche près de Vienne, à son retour de croisade, Aliénor se démène une nouvelle fois pour lui sauver la mise et obtenir le versement de sa rançon, cependant que son frère Jean s'associe à Philippe Auguste pour le dépouiller de son pouvoir !
Jean sans Terre, héritier de l'ensemble des titres des Plantagenêt, monte à son tour sur le trône après la mort de Richard Coeur de Lion, le 6 avril 1199. Les querelles ne sont pas finies, loin de là : il voit se lever contre lui Constance de Bretagne, sa belle-sœur, veuve de son frère Geoffroy, et son jeune neveu Arthur Ier de Bretagne, auquel le roi de France Philippe Auguste apporte désormais son soutien.
Aliénor prend quant à elle le parti de son fils. À la mi-juillet 1202, elle se voit assiégée par l’armée du roi de France et Arthur Ier de Bretagne à Mirebeau-en-Poitou, près de Loudun. Les assaillants prennent la ville mais Aliénor, réfugiée au château, organise la résistance avant d'être sauvée par l'arrivée de son fils le 1er août 1202. Jean sans Terre capture son rival Arthur, lequel mourra en prison en avril 1203, peut-être tué par son oncle.
Infatigable à plus de 75 ans, la reine se rend à Tours auprès de Philippe Auguste, pour lui faire hommage pour « sa duché et sa comté ». Ainsi entend-elle préserver ses domaines. Mieux encore, elle accepte d'aller en Castille chercher l'une de ses petites-filles pour la donner en mariage à l'héritier du trône capétien ; spectaculaire réconciliation entre les deux lignées issues de Louis VII le Jeune.
En Castille, à la cour d'Alphonse VIII, Aliénor est reçue avec égard. Les plénipotentiaires français se voient présenter l'infante promise au futur roi de France. Elle a toutes les qualités requises sauf... son prénom, Urraca. Ils se demandent si les Français pourront jamais aimer une reine doter d'un si méchant prénom.
Qu'à cela ne tienne, le roi de Castille leur rappelle qu'il a une fille de rechange. La cadette a quinze ans, elle ne manque pas non plus de qualités et porte le doux prénom de Blanca. Plus tard connue sous le nom de Blanche de Castille, elle donnera le jour au futur Saint Louis, qu'elle éduquera d'une excellente façon et auprès duquel elle gouvernera le royaume avec sagesse.
Après ces épreuves, Aliénor peut finir sa vie dans la plénitude de ses fonctions de reine mère. Tout en étant exceptionnelle, sa vie témoigne du comportement très libre des femmes au Moyen-Âge, du moins dans les classes supérieures. Elles suivent leur mari à la croisade, étudient, animent des cours, etc. Elles sont néanmoins handicapées dans la conduite de la guerre. Comme Aliénor, elles doivent dans ces occasions se faire épauler par un mari, un fils ou un fidèle vassal.
Les femmes perdront leur autonomie à la Renaissance, quand les juristes ressusciteront le droit romain et le statut d'infériorité féminine qui s'y attache. Le Code civil de Napoléon, plus romain que nature, aggravera encore cette situation...
Bibliographie
L'historienne Régine Pernoud a beaucoup écrit sur le Moyen Âge (et les femmes de cette époque). Elle est l'auteur d'une biographie agréable à lire : Aliénor d'Aquitaine, tout simplement (Livre de poche). Notons aussi plus près de nous les travaux de Martin Aurell, professeur à l'Université de Poitiers : L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224 (Perrin, 2004) et Aliénor d'Aquitaine (PUF, 2020).
Vos réactions à cet article
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Aspasie (11-08-2024 19:24:36)
A ce sujet, je conseille de lire les romans écrits par Elizabeth Chadwick.
Jean Profizi (11-08-2024 13:41:06)
Le titre laisse croire qu'Aliénor a été le personnage le plus important du XII° siècle alors qu'il ressort de l'article qu'elle na eu aucun véritable pouvoir, l'essentiel de ses actes relevant de ses rapports avec maris, fils et cousins.
Herodote.net répond :
Nous disons bien qu'Aliénor est un *témoin* privilégié de son siècle. Raconter la vie d'Aliénor, c'est quasiment raconter tout le XIIe siècle occidental;-) Nous ne mettons pas pour autant en avant son action politique, même si elle fut une personnalité d'un tempérament à toute épreuve...
Anonyme (09-09-2009 10:49:37)
Encore aujourd'hui, elle ne laisse pas indifférente : signe d'une personnalité hors du commun et intemporelle ; les associations "chiennes de garde" et autre "ni putes, ni soumises" pourraient consacrer quelques temps à l'étude de sa vie et de son caractère...
CANNIZZARO (31-03-2009 00:14:20)
Si Philippe, le fils aîné de Louis VI le Gros, n'était mort d'une chute de cheval, Aliénor n'aurait pas eu à épouser Louis VII. Or, Louis VII était pressenti pour devenir ecclésiastique à la Basilique Saint-Denis. Il n'avait pas la prestance, la carrure guerrière de Philippe, et donc ne correspondait pas aux canons de beauté de l'époque. Aliénor était entouré de guerriers et de poètes à la cour du Duché d'Aquitaine. Elle s'ennuyait à côté d'un moine qui ne savait ni la charmer, ni la faire rire et qui manquait de raffinement. Peut-être que si elle avait épousé Philippe : elle n'aurait pas divorcé et la face de l'Europe aurait été toute autre ! D'ailleurs elle a divorcé de Louis VII pour se remarier avec un très redoutable guerrier, Henri II Plantagenêt qui allait de conquêtes en conquêtes. Bravo au résumé de la vie d'Aliénor ci-dessus et merci à Georges pour sa belle explication de la fleur de Lys. Effectivement, cela explique le ridicule de certaines reconstitutions historiques avec la fleur de lys figurant sur les costumes des acteurs pendant des époques antérieures à Louis VII.
Alain Martial (01-04-2008 21:24:02)
Le moins qu´on puisse en dire, c´est qu´elle n´avait aucun sens politique. Déchainer huit siècles de guerres contre la perfide Albion pour des questions de rancunes montre que le sens des responsabilités politiques n´était pas très développé chez les nobles et noblesses de l´époque.
Marc Ardouin (30-09-2006 18:39:48)
Résumé bien mené sur cette femme extraordinaire qui a marqué le XII ème siécle d'une façon magistrale. J'ose me permettre de conseiller l'ouvrage incontournable de Jean FLORI "Aliénor d'Aquitaine" chez PAYOT, que j'ai savouré et consulte très souvent. Aliénor, "reine insoumise", mais très grande reine dont le souvenir reste très présent dans notre ville de Bordeaux.
Anaïs Leneutre (13-06-2006 18:27:37)
Bravo pour cette page superbe sur la femme la plus géniale de l'histoire que j'admire tant. Passionnée du moyen-âge, je tient aussi à vous remercier pour avoir si bien précisé que la condition féminine à cette époque est bien moins déplorable que ce que tout le monde pense!
Françoise HOUVENAGHEL (10-06-2006 18:52:34)
Membre fondateur de la Gilde Plantagenêt à Chinon, j'ai été intéressée par votre site. De nouvelles interprétations de la peinture murale de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon remettent en cause l'identité des personnages. Il s'agit de cinq hommes : Henri II et ses fils... Aliénor n'est pas reléguée dans un couvent à Winchester, elle est prisonnière dans la tour d'Old Sarum, et selon les besoins politiques d'Henri II "invitées" à changer de résidence de temps à autre. Les conditions de détention en 1174/75 sont très dures. Aliénor meurt à Poitiers et est inhumée à Fontevrault. Lire l'excellent ouvrage du médiéviste Jean Flori : Aliénor d'Aquitaine paru fin 2004. Cordialement .