Né à Saunton, en Virginie, au foyer d'un pasteur presbytérien, Thomas Woodrow Wilson devient avocat puis professeur d'économie politique à l'université de Princeton. Idéaliste, il est aussi imprégné des préjugés raciaux du Sud profond.
Sollicité par le parti démocrate, il se présente aux élections et devient gouverneur du New Jersey en 1911. Ses réformes le rendent rapidement populaire et le conduisent à la présidence des États-Unis en novembre 1912. Grâce à la scission du parti républicain entre Théodore Roosevelt et le président sortant William Taft, il l'emporte avec deux millions de voix d'avance sur le premier.
Naissance d'une (grande) Nation
Sa politique placée sous le slogan de la « Nouvelle Liberté » (New Liberty) sera marquée par un renforcement du gouvernement fédéral.
Un 16e amendement à la Constitution autorise le Congrès à lever un impôt sur le revenu. Un 17e amendement institue l'élection des sénateurs au suffrage universel.
Dès 1913, le Federal Reserve Act réorganise le système bancaire et institue une organisation fédérale du crédit. Le Clayton Act renforce la législation antitrust. Enfin, un 19e amendement étend le droit de vote aux femmes en 1920.
Wilson n'entend pas pour autant soutenir les revendications des descendants d'esclaves. Il manifeste sa sympathie pour le Ku Klux Klan (dico) et, en février 1915, projette à la Maison-Blanche le film Naissance d'une Nation qui va remettre en selle ce mouvement suprémaciste blanc.
Wilson congédie également les personnes noires de son administration. Dans une revue militante, la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), il déclare : « Segregation is not a humiliation but a benefit, and ought to be so regarded by you gentlemen » (« La ségrégation n'est pas une humiliation mais un bénéfice et doit être regardée comme telle par vos sympathisants »).
Le monde selon Woodrow
Mais c'est la politique étrangère et l'engagement des États-Unis dans la guerre européenne qui marquent à jamais la présidence Wilson.
Bien que pacifiste et neutraliste, soucieux de ne pas attiser les tensions entre les citoyens, le président proclame dans un premier temps la neutralité de son pays. Il est réélu en novembre 1916 comme le président qui a préservé les États-Unis de la guerre : « He kept us out of war ! ».
Mais la reprise de la guerre sous-marine à outrance par les Allemands et le télégramme Zimmermann ne lui laissent pas d'autre choix que de déclarer la guerre aux Puissances centrales. C'est chose faite le 6 avril 1917.
Idéaliste, le président tente néanmoins d'orienter les belligérants vers une paix de compromis, respectueuse du droit des peuples à l'autodétermination. Ses Quatorze Points du 8 janvier 1918 inspirent sa conduite lors des négociations du traité de paix, à Paris, en 1919.
Premier président américain à voyager hors de ses frontières, Wilson va négocier âprement pendant plusieurs mois avec Clemenceau et Lloyd George. Il obtient la création d'une Société des Nations mais a le désagrément, à son retour à Washington, de voir le traité rejeté par le Sénat.
Épuisé, il est victime d'une attaque de paralysie le 2 octobre 1919. Il a encore l'amertume de voir un républicain, Warren Gamaliel Harding, le remplacer à la Maison Blanche et se console avec le Prix Nobel de la Paix en décembre 1920.
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Jacques Groleau (14-04-2024 15:29:47)
Imbibé d'idéologie "laïcarde" et Franc-Maçonne, M Wilson a créé les prémices du Nazisme, en détruisant le "pilier" de paix (certes relative) d'Europe Centrale et des Balkans : destruction de l'Empire d'Autriche-Hongrie, création absurde de la Tchécoslovaquie (y incorporant les "Sudètes", et éclatée depuis), création de la "poudrière des Balkans" mais aussi du Proche-Orient, prémices de la création d'Israël en territoire Palestinien sous "vague" contrôle Ottoman. Voila un prix Noble bien injustifié ; il est vrai que depuis 1920, ce prix prestigieux a été passablement galvaudé !
Feisstritz (04-02-2024 14:12:44)
C'est le président WILSON qui est venu défendre à la fin de la Première guerre mondiale le principe "un peuple, une nation" ce faisant, il à largement contribué à détruire ce bel exemple de cohabitation des peuples qu'était la Double monarchie austro-hongroise des Habsbourg-Lorraine, en passe d'ailleurs de devenir une Triple monarchie austro-hongroise-slave. Son maintien aurait changé l'Histoire de l"après-guerre, évité la montée du nazisme et les velléités expansionnistes de l'ex-URSS, voire la seconde guerre mondiale.
Il aurai mieux fait de rester chez lui et balayer non seulement devant sa porte mais dans sa propre maison, en déconfinant les Indiens d'Amérique et en supprimant la ségrégation raciale dans son pays.