175 ans d'élections présidentielles

Pas facile d'élire un monarque républicain !

C’est l’événement majeur de la vie politique française. Personnalisant à outrance le pouvoir, l’élection du président de la République au suffrage universel traduit à la fois une forme de démocratie directe et de monarchie républicaine. Cette institution qui remonte à plus d'un siècle et demi reflète toute l’ambiguïté qui anime les Français à l’égard du pouvoir et de son exercice...

Les présidents de la République française avec Herodote.net
 

Le suffrage universel contesté

Le 9 octobre 1848, la Seconde République instaure l’élection du chef de l’État au suffrage universel, pour quatre ans et non rééligible. Le premier titulaire est Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier. Il est élu à la surprise générale le 10 décembre 1848. Mais la Constitution lui interdisant de se représenter, il se résout au coup d’État du 2 décembre 1851. Un an plus tard, il se mue en empereur !

Après l'effondrement du Second Empire, la présidence de la République ressuscite avec l’avènement de la Troisième République. À l’exception d'Adolphe Thiers, qui a été désigné le 31 août 1871 par l’Assemblée constituante, tous les présidents sont élus par la Chambre des députés et le Sénat réunis en « assemblée nationale » (note) au palais de Versailles.

Exit l'élection au suffrage universel, qui a laissé un mauvais souvenir avec Louis-Napoléon Bonaparte !

De Gaulle monarque républicain

C’est avec la Ve République, que la fonction de président de la République acquiert tout son prestige. La nouvelle Constitution, fortement inspirée par le général de Gaulle, donne des pouvoirs étendus au président. En sus de cela, l’élection au suffrage universel direct est adoptée par référendum le 28 octobre 1962.

L?une des affiches de campagne du général de Gaulle face à François Mitterrand en 1965.En 1965, pour la première élection présidentielle de ce type, cinq candidats affrontent le président sortant Charles de Gaulle, dont François Mitterrand (gauches démocratiques) et Jean Lecanuet (centre). 

Sûr de lui, de Gaulle néglige de faire campagne. Il est mis en ballotage par Mitterrand et finalement élu au terme d'une campagne qui a passionné les Français. 

Désavoué le 27 avril 1969, lors d'un référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, de Gaulle démissionne dès le lendemain. Aux élections suivantes, l'ancien Premier ministre Georges Pompidou l’emporte haut la main face à Alain Poher.

1974 : l’impact de la télévision

Une fois de plus, le mandat présidentiel est écourté, cette fois-ci par la mort de Georges Pompidou, le 2 avril 1974. C’est le début de l’impact de la télévision dans une campagne présidentielle (plus de 80% des Français sont équipés d’un téléviseur).

Les sondages deviennent aussi plus envahissants (vingt-quatre en quatre semaines), les affiches se multiplient. Contrairement à 1969, la gauche s’unit derrière François Mitterrand qui a pris le contrôle du parti socialiste en 1971.

Le sommet de la campagne est atteint le 10 mai 1974 lors du face-à-face télévisé Giscard-Mitterrand : 25 millions de téléspectateurs ! Giscard décoche une formule qui fait mouche : « Monsieur Mitterrand vous n’avez pas le monopole du cœur », et l’emporte de justesse.

La présidentielle de 1981 s’engage dans une France qui a subi les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Chômage, inflation, endettement plongent le pays dans « la crise ». Lors du débat d’entre-deux tours, c’est Mitterrand qui a la formule assassine. « Vous êtes l’homme du passif », lance-t-il à Giscard. Mitterrand est élu, mettant fin à vingt-trois ans de règne de la droite au pouvoir.

En 1988, après avoir ménagé un faux suspense et malgré sa maladie - un cancer - Mitterrand est réélu avec facilité face à Jacques Chirac, laminé par deux ans de cohabitation au gouvernement. Celui-ci est élu à l'arraché en 1995 mais, deux ans après sa victoire, il « se tire une balle dans le pied » lorsqu'il dissout l'Assemblée nationale. Au soir du premier tour de 2002, son adversaire socialiste Lionel Jospin est éliminé au profit du chef du Front National Jean-Marie Le Pen. C'est le « séisme du 21 avril ».

Chirac est réélu mais termine son mandat (désormais de cinq ans et nons plus de sept) très affaibli. Son rival de droite Nicolas Sarkozy se fait élire en 2007 mais il est le deuxième après Giscard à échouer à se faire réélire. Son successeur, le socialiste François Hollande, fera pire en renonçant à se représenter du fait de son impopularité...

Publié ou mis à jour le : 2021-12-03 16:39:45
Christian (17-12-2021 07:41:04)

Je crois que la meilleure preuve de la qualité des institutions mises en place en 1958 est que la France a pu vivre trois cohabitations sans drame majeur (1986/1988, 1993/1995, 1997/2002).

Malheureusement, l'instauration du quinquennat et l'inversion du calendrier électoral (les législatives suivant immédiatement la présidentielle) n'ont fait qu’exacerber depuis 2002 la présidentialisation du régime au détriment de son caractère semi-présidentiel initial (c'est à dire mi-présidentiel, mi-parlementaire)...

Bernard (06-12-2021 17:56:41)

Au terme d'un demi-siècle de Vème République, une loi d'airain se dégage : chaque président a été pire que le précédent. A chaque fois, on croit avoir atteint le fond, et à chaque fois on creuse encore davantage le trou dans lequel est plongé le pays. Mais, cette fois, on sent qu’il n’est vraiment guère possible de s’enfoncer davantage : 2022 sera décisif. Ou la France se redressera ou elle va mourir.

jacmé (06-12-2021 15:13:24)

Désolé pour le camarade Duclos mais ce n'est certainement pas lui qui a inventé le "bonnet blanc et blanc bonnet" . Je me souviens fort bien d'avoir fréquemment entendu prononcer cette expression durant ma petite enfance, dans les années 1940. Elle était couramment utilisée dans tous les milieux peut-être par ce que son sens évident la rendait immédiatement compréhensible par tout le monde. En ce qui me concerne, la référence au bonnet me ferait pencher pour une origine beaucoup plus ancienne, à la limite médiévale, quand le bonnet a commencé a devenir une coiffure populaire.

chantecler (25-04-2017 19:01:51)

Bonjour,
dépoussiérez votre site, c'est trop compliqué. Faites plus simple et plus agréable à lire.
merci

Munier Pierre (11-02-2017 02:06:30)

De Gaule a bel et bien menti sur l'Algerie. Sorti de 32 mois de guerre d' Algerie, j'ai pris à bras le corps, les 21hectares de vignes de mes parents. A 22ans j'ai voulu changer les méthodes anciennes de mon Père. De Gaule et ces " accords d' Evian nous assuraient la continuité de vie et travail dans notre Pays. Achats immédiat d'un tracteur , charrue, remorque et tous les outils aratoires. Nous étions début 1960 et 25 octobre 1963 tous nous est enlevé ( matériels et vignoble.

jean-pierre (09-02-2017 08:50:28)

Je me souviens bien du référendum du 28 octobre qui m'a obligé de faire 15 jours de service militaire supplémentaire. J'étais en garnison à Alger dans les fusiliers marins. Ayant suivi et participé aux péripéties avant et après le 13 mai 1958 et, persuadé que nous avions mis fin à la guerre par une victoire nous suivions avec attention les informations venant de Paris.
Je ne penses pas que le Général De Gaulle soit un "menteur". Je penses plutôt qu'il n'a pas tout dit aux Français et aux partisans de l'Algérie Française, à savoir qu'il était pour "autre chose" et ce, bien avant d'être appelé . Tous ça pour dire que le score des opposants aurait été supérieur à 37,8%.

Nounours26 (08-02-2017 16:14:18)

--Pour ma part , la notion de "Monarque Républicain", est celle qui me convient le mieux. J'ai vécu cela de prés pendant 5 ans au Palais de l'Elysée dans les années 60. Le faste et le protocole n'ayant rien à envier à celui des monarchies constitutionnelles . Et , si j'en juge par divers reportages télévisuels, rien n'a changé en ce domaine .Et ce , malgré les professions de foi de nombre de candidats, lors des campagnes électorales. Mais , une fois élus , ils endossent avec jubilation le costume présidentiel , avec tout le décorum laissé par le prédécesseur . Sans en modifier un iota .

Edgard Thouy (05-02-2017 17:19:24)

Cette idée de "monarque républicain" me semble une bien hasardeuse idée de journaliste. Elle caricature en produisant un télescopage et donc la confusion. La constitution de 1958 visait à donner au pouvoir exécutif une assise. C'est le premier ministre qui s'y engage.
Quant au rôle du Président, il n'avait pas vocation d'être un superchef de l'exécutif. A preuve qu'il n'a pas à se présenter à l'Assemblée Nationale.
La dérive des pouvoirs, qui se poursuit avec l'alignement des durées de mandat, et donc l'alignement de l'exécutif et du législatif, n'a rien à voir avec un choix d'électeurs, mais tout à voir avec l'évolution des élus.
Doit-on pour autant présumer une complaisance des électeurs alors qu'il ne s'agit que de complaisance électorale ?

Pascal93 (05-02-2017 10:58:05)

J'aime les détails inutiles... L'émission "Cartes sur table" est venue plus tard (d'après Wikipédia, 1977) : elle était animée par Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel)... Je pense que l'auteur fait allusion à l'émission "A armes égales",(animée,déjà, par le même Duhamel) et restée dans la mémoire audiovisuelle à cause d'un "Monsieur les censeurs, bonsoir" dit (évidemment en direct) par Maurice Clavel lors d'un débat face à Jean Royer.
Peut-être, manque-t-il à cet article les noms de tous les candidats (et une petite fiche avec les résultats), même si c'est aisé sur internet de retrouver toutes ces informations ponctuelles)... Concernant les signatures de parrainages", il me semble qu'elles existaient dès le départ. Suite à l'élection de 1974, leur nombre a augmenté puisqu'il est passé de 100 à 500. (D'autres conditions administratives ont dû être revues et complexifiées aussi, je suppose). C'est ce nombre de signatures exigé qui a fait que Jean-Marie Le Pen n'a pas pu se présenter en 1981. Enfin, une anecdote que j'ai trouvé sur Internet, disait que Pierre Dac avait pensé être candidat à l'élection de 1965. Est-ce vrai ?

Hugo (04-02-2017 22:00:12)

Bonsoir,
Est-ce de la méchanceté gratuite ou de l'ignorance de l'époque, de vouloir faire passer Marcel Barbu pour un "farfelu" au même titre que Louis Ducatel (qui ne s"est jamais caché d'utiliser la campagne électorale pour faire la publicité de ses tuyaux coudés? C'est d'ailleurs à cause de son incongruité que l'élection présidentielle est devenue élection-à-3-tours, avec l'instauration des "Parrainages de gens sérieux")?

Pour être un peu plus gais, rappelons les commentaires de l'Humanité au lendemain du scrutin d'octobre 1962. En gros titre à la Une à la première page: "Forte opposition à la dictature, des millions de Français ont dit Non". Les chiffres sont en bas... de la page 17. Le journal avait fait campagne avec le slogan "Comment les Français seraient-ils capables de choisir le Président?". Nombre de mes amis se promenaient avec un dossard "Je suis un imbécile, je suis capable de choisir un député, mais surement pas un Président".

Concernant l'irruption du "falot" Louis-Napoléon B... dans la compétition de 1848, mon professeur d'Histoire en classe de seconde, un certain Jean Palou, spécialiste reconnu de "La Peur dans l'Histoire" et autres mouvements de foules, m'a souvent répété "Si la Télévision avait existé à cette époque, £amarine aurait écrasé tous les autres candidats de manière indiscutable". Au moins sommes bien d'accord là-dessus.

Aujourd'hui, quel candidat se soucie vraiment de déclencher la sympathie et l'enthousiasme, plutôt que les calculs byzantins? Dostoievski disait "La destinée des reptiles est de se dévorer l'un-l'autre"..........

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