Palmerston (1784 - 1865)

L'arrogance comme méthode de gouvernement

Lord Palmerston est l'un des grands promoteurs de la puissance anglaise sous le règne de Victoria. Premier ministre pendant près de dix ans, jusqu'à sa mort en 1865, il a aussi dirigé et inspiré la diplomatie britannique et la géopolitique mondiale pendant au total près de trois décennies. Pour le meilleur et le pire.

André Larané

« Je suis un citoyen britannique »

John Henri Temple, Lord Palmerston (20 octobre 1784, Westminster, Londres ; 18 octobre 1865, Brocket Hall, Hatfield), portrait par Francis Cruikshank. vers 1855Élu en 1807 dans le parti tory (conservateurs), Henri John Temple, vicomte de Palmerston, allair rester au Parlement jusqu'à sa mort, 58 ans plus tard ! Secrétaire d'État à la Guerre, il quitte en 1828 le gouvernement Wellington et rejoint les whigs (libéraux). 

Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement libéral de Lord Grey de 1830 à 1841, il se montre avant tout soucieux de préserver l'équilibre des puissances sur le Continent. Il fait échouer les ambitions françaises sur la Belgique en 1831 et défend l'intégrité de l'empire ottoman contre les ambitions de l'Égyptien Méhémet Ali et du tsar. Il impose à celui-ci la convention des Détroits en 1841.

Plus gravement, à l'automne 1839, alors que lord Melbourne a succédé à lord Grey à la tête du gouvernement, il fait voter une guerre contre la Chine au prétexte que son gouvernement entrave l'importation de l'opium par les négociants britanniques. Cette « guerre de l'opium » se conclura par le traité de Nankin, trois ans plus tard.

De retour aux Affaires étrangères de 1846 à 1851, malgré l'hostilité que lui voue la jeune reine Victoria et ses anciens collègues comme lord Grey, Palmerston défend non sans arrogance les intérêts britanniques, en particulier dans l'« affaire Pacifico » : ce marchand d'Athènes, juif portugais né dans la colonie britannique de Gibraltar, a vu sa maison pillée par la foule et, faute de voir son préjudice reconnu par l'État grec, s'est tourné vers le gouvernement de Londres en faisant valoir sa nationalité britannique.

Palmerston prend fait et cause pour ce digne compatriote en ordonnant en 1850 le blocus naval du Pirée ! Il se justifie devant les Communes en ces termes : « As the Roman, in days of old, held himself free from indignity, when he could say, Civis Romanus sum, so also a British subject, in whatever land he may be, shall feel confident that the watchful eye and the strong arm of England will protect him from injustice and wrong. » (en français : « Le Romain, dans l'Antiquité, était assuré d'échapper à toute atteinte, parce qu'il pouvait dire : Civis romanus sum [Je suis un citoyen romain]. Comme lui, le sujet britannique, dans quelque pays qu'il se trouve, doit pouvoir savoir que l'œil vigilant et le bras armé de l'Angleterre le protégeront de toute injustice et de tout tort. »).

Mais le bouillant ministre a la faiblesse d'approuver le coup d'État du président Louis-Napoléon Bonaparte qui va mener celui-ci à l'Empire. Il doit quitter le gouvernement. Mais c'est pour y retourner l'année suivante comme ministre de l'Intérieur, Aberdeen étant Premier ministre.

Lord Palmerston âgéLui-même devient à son tour Premier ministre en 1855, appelé par l'opinion populaire. Les Anglais voient en lui un homme à poigne à même de conduire la guerre de Crimée, mal engagée l'année précédente.

De fait, il obtient d'honorables résultats au congrès de Paris qui conclut la guerre. Il s'engage ensuite dans une « seconde guerre de l'opium » dont le fait d'armes le plus marquant sera la mise à sac du Palais d'Été.

Il est ensuite moins inspiré. Il se brouille avec Napoléon III et manque d'entrer en guerre avec les États-Unis pour avoir clandestinement aidé les Sudistes dans la guerre de Sécession, par exemple en leur livrant un croiseur, l'Alabama, qui allait infliger beaucoup de pertes aux navires de l'Union... Gladstone, successeur de Palmerston à la tête du gouvernement, allait reconnaître  la responsabilité de Londres dans ces dommages et verser des indemnités à l'Union.

Palmerston meurt à la tâche, le 18 octobre 1865, l'avant-veille de ses 81 ans ! Après Newton, Nelson et Wellington, il est le quatrième Anglais, souverains exceptés, auquel sont accordées des funérailles nationales et une inhumation à Westminster. Il laisse le Royaume-Uni au faîte de sa puissance. Gladstone et Disraeli vont achever son oeuvre.

Publié ou mis à jour le : 2019-09-23 18:36:51

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net