Second Empire

La « fête impériale »

Napoléon III, (Franz-Xavier Winterhalter, 1857)Dès l'élection qui fait de lui en 1848 le premier président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte témoigne d'un art remarquable des relations publiques qui va faire oublier son passé d'aventurier et d'agitateur révolutionnaire.

1852 : s'étant proclamé Empereur des Français à l'issue d'un coup d'État, il accompagne la France dans une transformation comme elle n'en a jamais connue dans son Histoire. En deux décennies, sous le Second Empire, le pays saute à pieds joints dans la révolution industrielle et toutes les classes de la société voient leur bien-être s'accroître.

Ces transformations se déroulent dans une atmosphère festive destinée à éblouir l'Europe, légitimer son régime et rallier tant les élites traditionnelles que la bourgeoisie et la classe intellectuelle, royalistes et républicains inclus.

Une splendide exposition, au Musée d'Orsay (Paris), jusqu'au 16 janvier 2017, nous replonge dans ce spectaculaire Second Empire (Photos : Sophie Boegly, Musée d'Orsay):

Un expert en relations publiques

Avant quiconque, Louis-Napoléon Bonaparte a compris l'enjeu de la communication. Il se sert des relations publiques comme d'un instrument politique.

Timbre-poste à l'effigie du Prince-Président Louis-Napoléon BonaparteInstruit par ses tribulations antérieures, il est aussi sans préjugés à l'égard des innovations de son temps.

Il a découvert en Angleterre l'intérêt du timbre-poste pour sa propagande et, comme la jeune reine Victoria, fait imprimer son portrait de président puis d'empereur sur les petites vignettes.

Il utilise aussi, plus classiquement, la peinture pour faire passer ses messages. L'une des premières toiles de son règne montre une réception de l'ambassade du Siam au palais de Fontainebleau. C'est un clin d'œil à l'ancienne monarchie, la dernière toile officielle représentant Louis XIV se rapporte également, en effet, à une réception du Siam.

Timbre-poste à l'effigie de l'empereur Napoléon IIILes peintres mettent en avant aussi le souverain thaumaturge, qui guérit et console à l'image de ses illustres prédécesseurs. On le voit ainsi porter secours à des victimes d'inondations à Lyon. L'impératrice Eugénie se met aussi en scène en dame de charité.

Jean-Baptiste Carpeaux est le grand sculpteur du Second Empire. On se dispute les copies en réduction de sa statue du Prince impérial avec son chien Néro. Avec ses culottes bouffantes et sa houppette, on croirait une représentation de « Tintin » en plus jeune !

Le Second Empire est marqué aussi par la révélation de la photo. Nadar s'illustre dans le portrait artistique. Son contemporain André Disdéri (1819-1889) préfère quant à lui le public bourgeois et populaire. Il invente et brevète la photo-carte de visite en 1854. Grand succès pendant quinze ans. En 1852, Napoléon III fait réaliser la première photo officielle ; ce n'est pas un franc succès vu les contraintes de pose qui ne flattent pas le sujet.

Fête de nuit aux Tuileries le 10 juin 1867, à l?occasion de la visite des souverains étrangers à l?exposition universelle (Pierre Tetar van Elven, vers 1867, musée Carnavalet, Paris)

Paris en chantier, Tuileries en fête

Tous les événements du règne et de la famille impériale donnent lieu à des fêtes populaires et bourgeoises. Courus du tout-Paris, les bals du palais des Tuileries réunissent trois mille à quatre mille invités en hiver. Ils font aussi les délices de l'aristocratie européenne. De Londres comme de Berlin, on se précipite à Paris pour en savourer les plaisirs, au milieu des chantiers du baron Haussmann.

Napoléon III visitant le Louvre (Nicolas Gosse, 1854, musée du Louvre)Napoléon III veut inscrire son règne dans la pierre. Il poursuit au Louvre le « grand dessein » de la monarchie, inauguré par Henri IV... et conclu par François Mitterrand.

L'aspect actuel du palais lui doit beaucoup, avec ses deux ailes sur la Seine et la rue de Rivoli, si ce n'est la disparition du palais des Tuileries, brûlé pendant la Semaine Sanglante et rasé ensuite.

En 1855 s'ouvre entre les Champs-Élysées et la Seine la première Exposition universelle, inspirée de l'exemple anglais. 

En 1867, une deuxième Exposition universelle, de bien plus grande ampleur, entre les Champs-Élysées et le Champ de Mars, permet à l'empereur d'accueillir fastueusement toutes les têtes couronnées (...).

Publié ou mis à jour le : 2019-08-01 11:31:25
Magrou (13-12-2016 17:25:00)

Il n'y a que les résultats qui comptent et historiquement Napoléon lll a été un homme extraordinaire La transformation de Paris dans l'état magnifique qu'on lui connaît, Nice et la Savoie: deu... Lire la suite

Sand (13-12-2016 16:24:41)

J'aimerai avoir une précision. Dans une des revues de l'exposition au musée Orsay, il est indiqué que la réception de l'ambassade du Siam avait eu lieu à Fontainebleau. Dans votre article vous é... Lire la suite

Magrou (09-12-2016 19:51:25)

Il n'y a que les résultats qui comptent et historiquement Napoléon lll a été un homme extraordinaire
La transformation de Paris dans l'état magnifique qu'on lui connaît, Nice et la Savoie: deux perles dont la France peut se magnifier grâce a lui. Incroyable époque. Il fut dénature par Victor Hugo vexé de ne pas être devenu ministre. Minable!
Quelle chance pour la France d'avoir été gouvernée par cet homme et quelle ingratitude de sa part de ne pas l'avoir reconnu.
Mais de tout temps la France a eu ce grave défaut d'être une affreuse ingrate!
Le fait d'homme politiques indignes, surtout a gauche par pure idéologie. Des gens stupides et vindicatifs.
GM

Percy (13-11-2016 12:12:51)

"Esprit chagrin /.../ aux raisonnements convenus" selon Jack, je me sens plus proche de Proudhon et d'Hugo que des gaietés parisiennes. Je m'étonne que l'on puisse encore justifier l'expédition du ... Lire la suite

Jack (10-11-2016 12:34:09)

A lire certains commentaires on peut constater que l'esprit de Victor Hugo, formidable poète et piètre politique,et celui de Proudhon l'anarchiste, imprègnent toujours quelques mentalités aux rais... Lire la suite

Percy (09-11-2016 11:41:57)

Triste second Empire... Un empereur bâtard (ou tout au moins de légitimité douteuse), conspirateur et usurpateur. Une politique étrangère désastreuse : la ridicule expédition du Mexique, les ... Lire la suite

Michel Dupré (08-11-2016 16:46:35)

Juste un petit anachronisme dans votre article : "les comptes fantastiques d'Haussmann" écrits en 1868 ne peuvent faire référence à l’œuvre d'Offenbach écrite dans les années 1880 (en partie ... Lire la suite

Linaura Catalina (07-11-2016 13:30:42)

Monsieur Robbe Saul Bernard, vous avez raison; mais cette manière existentielle est visible au cours de l Histoire depuis des milliers et milliers d années... PENSEZ VOUS QUE CELA CHANGERA ??? et... Lire la suite

Robbe Saul Bernard (07-11-2016 08:14:52)

"Ces transformations se déroulent dans une atmosphère festive"mais pas pour tous dans cette France qui s'industrialise.Ne pas oublier le déracinement,les conditions de travail,de logement et de sal... Lire la suite

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