Paul Barras (1755 - 1829)

L'« Alcibiade de la République »

Paul Barras a été de façon abusive surnommé l'« Alcibiade de la République » par ses contemporains.

Comme le général grec, cousin de Périclès, il se signale par ses frasques, son dilettantisme et son goût pour l'argent. Il combat aussi le régime auquel il doit son ascension, en organisant la chute de Robespierre et plus tard en mettant le pied à l'étrier de Bonaparte.

Fabienne Manière

Aimable et cruel

Paul François Barras ( 30 juin 1755, Fox-Amphoux, Var ; 29 janvier 1829, Paris), portrait par Avy, 1804, musée Calvet, AvignonD'une famille de petite noblesse provençale, le vicomte Barras sert comme sous-lieutenant au régiment de Pondichéry, aux Indes, et fait deux campagnes dans l'océan Indien. 

Las de l'armée, il rentre à Paris où il mène une vie de débauche quand survient la Révolution. Il participe par hasard à la prise de la Bastille, s'affilie au club des Jacobins et, en 1792, se fait élire député du Var à la Convention. 

Joueur, escroc, médiocre orateur, il a toutefois une bonne mine et une taille élancée qui lui valent un bon entregent.

Prenant le sens du vent, il rallie la Montagne et Robespierre, vote la mort de Louis XVI, participe à la chute des Girondins, enfin devient commissaire de la Convention dans le Midi.

Il commande le siège de Toulon, alors aux mains des royalistes et des Anglais, et note à cette occasion le talent du jeune capitaine Napoléon Bonaparte.

Au nom de la vertu révolutionnaire, le « Vicomte rouge » réprime avec une rare férocité les mouvements royalistes, fédéralistes et girondins tout en s'enrichissant au passage.

De retour à la Convention, sentant le vent tourner, il participe à la conspiration du 9 thermidor An II qui va abattre l'« Incorruptible », faisant porter à ce dernier, aux yeux de l'opinion et de l'Histoire, le poids des crimes commis par ses tombeurs.

Membre du Comité de sûreté générale puis président de la « Convention thermidorienne », Barras s'emploie à limiter les excès de la réaction thermidorienne. Il voit revenir avec inquiétude les royalistes.

Paul Barras (pamphlet royaliste à l'époque de l'insurrection de Vendémiaire, 1795)Ces derniers, qui ont la majorité de l'opinion avec eux, s'insurgent quand la Convention se dispose à instaurer un nouveau régime, le Directoire, pour préserver les acquis de la Révolution... y compris les fortunes d'origine douteuse.

Deux sections parisiennes de sans-culottes et une partie de la garde nationale prennent les armes contre l'assemblée.

En qualité de commandant en chef de l'armée de l'intérieur, Barras organise la riposte.

Le 13 Vendémiaire An IV (5 octobre 1795), à 5 heures du matin, il convoque le jeune Bonaparte, auquel il a fait attribuer le grade de général après le siège de Toulon. Il est alors sans activité à Paris du fait de ses sympathises robespierristes. Qu'à cela ne tienne, Barras le nomme commandant en second de l'armée de l'intérieur et lui demande d'agir, ce qu'il fait sans état d'âme, récoltant au passage le surnom méprisant de « général Vendémiaire ».

Le « roi Barras », qui tient une véritable cour dans sa luxueuse résidence de Suresnes, avec les plus belles femmes de Paris, va lui offrir en récompense le commandement de l'armée d'Italie... et sa propre maîtresse Joséphine de Beauharnais.

Lui-même gagne au passage le surnom très exagéré de « sauveur de la République ».

Quand le régime du Directoire succède à la Convention, le 26 octobre 1795, Barras en devient l'homme fort. Des cinq Directeurs qui assument le pouvoir exécutif, il est le seul qui restera en place pendant toute la durée du régime. 

Deux ans plus tard, comme les élections générales annoncent une majorité royaliste aux assemblées, trois des cinq Directeurs, le « roi triumvirat » Barras, Reubell et La Revellière, décident de recourir à la force.

Pierre Tardieu, Paul Barras en costume de directeur, d'après une gravure de 1798

Barras sollicite une nouvelle fois Bonaparte. Celui-ci, qui combat en Italie, délègue à Paris l'un de ses fidèles généraux, Pierre Augereau.

Les 17 et 18 fructidor An V (3 et 4 septembre 1797), avec l'appui d'Augereau et de ses troupes, les trois Directeurs renvoient leurs collègues Carnot et Barthélémy, jugés trop accommodants avec la nouvelle majorité royaliste. Puis ils annulent les élections et déportent une cinquantaine de députés. 

Barras, dès lors, règne sans partage sur le Directoire. Lui-même se soucie peu de participer aux nombreuses réformes et innovations généralement bénéfiques qui vont en sortir. Il s'applique seulement à maintenir la paix entre les factions.

Mais le régime n'a plus de légitimité démocratique. De plus en plus impopulaire, il est mûr pour tomber entre les mains d'un général. Et c'est une nouvelle fois vers Bonaparte que se tournera Barras. Après le coup d'État du 18 Brumaire An VII (9 novembre 1799), qui met en place le Consulat, il se retirera dans sa belle propriété de Grosbois puis à Bruxelles, avant de s'installer dans le Midi et de jouir encore près de trente ans de son immense fortune.

Publié ou mis à jour le : 2023-06-23 12:34:14

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